Seconde Guerre
mondiale, 5 septembre 1940, lors des opérations de la Bataille d'Angleterre.
L'aviateur allemand Franz von Werra, abattu au-dessus de l'Angleterre, est fait
prisonnier. Il ne fournit aucun renseignement aux officiers qui l'interrogent
et, de surcroît, parie avec l'un d'eux qu'il s'évadera bientôt et regagnera
l'Allemagne. Interné au 'camp n° 1' de Grizedale Hall (Lancashire), il s'enfuit
effectivement peu après puis, repris et transféré dans un autre camp, il
s'évade à nouveau...
Durant les années 50 et hors du contexte propagandiste qu’incluait
la Seconde Guerre Mondiale, le cinéma se plut à offrir des biopics des grandes
figures militaire allemandes du conflit. Parmi les plus fameux on pense à l’excellent Le Renard du désert (1951) d’Henry
Hathaway, captivant portrait de Rommel joué par James Mason. L’évadé du camp 1 s’attarde sur une icône
oubliée, l’aviateur Franz Von Werra resté célèbre pour avoir été le seul
prisonnier de guerre allemand qui réussit à s’évader des geôles britannique et
à rentrer au pays au terme de mémorables aventures. Avant même ces exploits,
Von Werra est un personnage romanesque en diable dont le parcours explique déjà
les hauts faits à venir.
Descendant d’une noble lignée allemande remontant au
XIIIe siècle, Von Werra ne découvrira cette parenté qu’à l’adolescence, sa
famille ruinée ayant dû le placer en adoption avec sa sœur Emma alors qu’il est
bébé. Cette découverte le bouleverse et
renforce son côté rebelle, le voyant fuir à la Nouvelle Orléans alors qu’il n’a
que 18 ans, reprendre son patronyme de Von Werra puis s’engager dans la Luftwaffe
en 1936. Là encore il se distinguera par son côté flamboyant, s’imposant comme
un pilote chevronné, prenant un lionceau comme emblème et gonflant ses
statistiques ce qui lui vaudra une certaine notoriété dans l’opinion publique
allemande. Ce sont cependant ses spectaculaires évasions qui façonneront sa
légende.
Le film de Roy Ward Baker élude en partie ce passif tout en
parvenant à exprimer cette dimension excentrique et romanesque du personnage.
Dès son crash en terre anglaise et son attitude hautaine face à ses geôliers,
on comprend que l’on a affaire à un vrai personnage. Les anglais lui renverront
d’ailleurs ce côté vantard en quête de lumière durant son interrogatoire et c’est
véritablement par l’audace de ses évasions que le personnage devient
progressivement une légende. Production anglaise, le film rivé à son héros est
totalement dépolitisé, le parcours de Von Werra ne disant pas grand-chose de l’Allemagne
d’alors (si ce n’est leur confiance et sentiment de toute puissance) et dénué
de toute allusion au nazisme (les soldats allemands semble ainsi plus des
troufions ordinaire que des fanatiques) contrairement par exemple au Caporal épinglé (1961) de Jean Renoir, saisissant portrait de la déconfiture française.
On est ainsi captivé par les aventures
de Von Werra sans pour autant ressentir de l’empathie grâce à l’interprétation
magnifiquement opaque de Hardy Krüger le rendant aussi charmeur qu’insaisissable,
ainsi obsédé par la fuite (le devoir d'un prisonnier de guerre est de s'évader tel est son leitmotiv annoncé d'entrée).. Les évasions iront en crescendo spectaculaire,
témoignant à chaque fois d’une facette de la personnalité singulière de Von
Werra. Ayant parié une caisse de champagne au chef de camp qu’il s’évaderait,
il s’exécute durant une promenade mais les rigueurs de la météo anglaise et la
traque en campagne de l’armée et de la population anglaise auront raison de lui
mais sa capture sera pleine de panache. Un panache qui se retrouve dans le
meilleur moment du film, cette seconde évasion où il dupe son monde en se
faisant passer pour un pilote hollandais et accède à l’aérodrome lui donnant
accès au avion de chasse anglais. Le charme, le bagout et l’audace de Von Werra
épate dans une longue séquence toute en duperie.
Après le sens du défi et l’audace, c’est la profonde
détermination de Von Werra qui sera à saluer avec l’ultime évasion. Déporté au
Canada, son ultime fuite, la plus improvisée, le verra traverser les paysages
enneigés pour gagner les Etats-Unis alors encore pays neutre. Aucune traque ni
ennemi duquel se cacher cette fois, l’échappée consistera à aller au bout de
lui-même dans ce territoire hostile et glacial. Le personnage gagne enfin son
statut héroïque nous faisant oublier son camp pour seulement voir un homme seul
et déterminé face à la nature tel ce moment où il traîne une barque sur une
interminable lande neigeuse. Epuisé, il trouvera tout de même la force pour un
ultime bon mot et pied de nez lancé avec le plus beau des sourire. Une œuvre surprenante
et un portrait finalement très original. Un des meilleurs rôles d’Hardy Kruger.
Sorti en dvd zone 2 français che Elephant Film
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