Paramutual Pictures
engage Morty pour enquêter sur la gestion des bénéfices de l'entreprise.
Celui-ci parvient à s'infiltrer au service du courrier, il a ainsi accès à de
nombreux documents... Seul problème Morty n'est pas très doué et crée bon
nombres dégâts à cause de sa maladresse !
Troisième réalisation de Jerry Lewis, Le Zinzin d’Hollywood nous offre une des plus savoureuses visions
de l’envers du décor hollywoodien. Le scénario (des patrons de studios engagent
un benêt afin de leur rapporter les causes du gaspillage interne) est le
prétexte à une suite de sketchs où le gaffeur Morty (Jerry Lewis) nous fait
découvrir les différents pans de l’organisation du studio aussitôt dévasté par
sa maladresse. On a ainsi une vraie photographie du système studio de l’âge d’or
(et amené à décliner durant cette décennie), de son fonctionnement et ses
postes clés (la dactylographie pour les scénarios, la postsynchronisation…) le
tout filmé au sein de la Paramount renommée Paramutual pour l’occasion.
La
dimension quasi documentaire est
cependant dynamitée par l’élément perturbateur Jerry Lewis. De sérieux
problèmes d’élocutions (cette voix de canard stridente, son incapacité à
prononcer certains nom) et de motricité (une démarche incertaine toujours prête
à se fracasser au moindre obstacle se posant sur sa route) ajouté à l’esprit
enfantin et joueur du personnage sont l’occasion de gags absolument
irrésistibles. La diversité des départements offre une toute aussi grande
inventivité dans les gags. Morty par ses airs ahuris va ainsi venir détruire la
méticuleuse scénographie d’une comédie musicale, déjeuner dans un décor
basculant dans le chaos du film de guerre ou en faire un élément incongru que
les réalisateurs découvrent lors des rushes.
Jerry Lewis est absolument génial et annonce le Hrundi V.
Bakshi de The Party (1968) tout en s’en
démarquant. Peter Sellers campait un étranger inadapté au mouvement perpétuel
du monde moderne et occidental représenté par ce Hollywood 60’s, Jerry Lewis
est lui simplement un agent du chaos porté par une bêtise tordante. Les
mimiques ahuries arborées lors de certaines situations rocambolesque (l’épisode
de l’ascenseur) ou de certains gags à retardement (la projection de la comédie
musicale) confirme cela et montre l’inventivité du réalisateur qui est loin de
se contenter d la seule approche splapstick pour nous faire rire. Cette idiotie
du héros aurait même pu nous mettre à distance en en faisant un simple motif de
moquerie mais le regard se fait subtilement plus tendre au fil du récit.
Les
deux séquences avec un interlocuteur mystérieux sous forme de marionnette offre
de merveilleux moments de rêverie et de tendresse où Morty se révèle bien plus
affecté et sensible aux catastrophes en série qu’il provoque. C’est là le beau
message final du film, les inadaptés en puissance à ce monde réel sont des doux
rêveurs dont la singularité trouve sa raison d’être par l’expression
artistique. Pour Morty, dévoiler son excentricité devant une caméra fera du mouton
noir un génie comique. Un petit bijou rondement mené (et truffé de clin d’œil comme
l’apparition du casting de la série Bonanza)
pour une des belles réussites de Jerry Lewis.
Sorti en dvd zone 2 français chez Paramount
Extrait
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