Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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mercredi 4 mars 2015

London Belongs to Me - Sidney Gilliat (1948)

A la fin des années 30, une maison du South London accueille des pensionnaires variés. Les jours s’égrènent paisiblement jusqu’à ce que l’apparition d’un médium et l’arrestation pour meurtre du fils d’une pensionnaire ne viennent perturber la vie des habitants.

London Belongs to Me est un beau film choral offrant une sorte de photographie nostalgique de l'Angleterre d'avant-guerre et plus précisément de la classe moyenne. Adaptant le roman de Norman Collins, le scénario concentre sa description de ce microcosme dans un quartier de Londres au 10 Dulcimer Street. A travers les différents personnages et situations dépeintes, le ton oscillera ainsi entre le drame, la comédie voir le film noir avec un équilibre constant. Vont donc s'entremêler la romance de la logeuse et veuve Mrs Kitty (Joyce Carey) avec le médium un peu escroc Mr Squales (Alastair Sim), un couple de retraité Josser (Fay Compton et Wylie Watson) rêvant de se retirer à la campagne et les amours de leur fille (Susan Shaw) et surtout la dérive criminelle du jeune garagiste Percy Boon (Richard Attenborough). L'histoire se déroule entre noël 1938 et septembre 1939 soit l'engagement de l'Angleterre dans la Deuxième Guerre Mondiale. Cette situation internationale se dégradant dangereusement s'inscrit en filigrane bien éloigné des préoccupations des personnages, simple exprimé par l'excentrique alarmiste Uncle Henry (Stephen Murray).

Sidney Gilliat se rattache donc à une forme d'innocence de ses héros encore centrés sur leurs petits soucis quotidiens, tout en anticipant certains comportements futurs, positif comme négatif. L'attachement des habitants à ce Londres bientôt soumit aux rigueurs du Blitz s'expriment donc avec les charmants retraités (très touchante scène de départ d Mr Josser) ne se décidant pas à choisir ce cottage signifiant un départ, la débrouillardise et le système D nécessaire avec la truculente pique-assiette Connie Coke (Ivy St Helier)et les escrocs en tout genre et la criminalité que fera naître le marché noir se dévoile avec Percy Boon. Modeste garagiste vivant avec sa mère, Boon cède à l'argent facile en retapant des voitures volées et ce sera l'escalade tragique lorsqu'il tentera d'en voler lui-même puis sera l'auteur involontaire d'un meurtre.

Avec Richard Attenborough dans ce rôle, impossible de ne pas penser à l'infâme Pinky qu'il campa l'année précédente dans Le Gang des Tueurs. Pinky semblait être la résultante glacial d'une vie criminelle durant la guerre, Percy peut être vu comme le même personnage encore aux prémices de sa "carrière", encore maladroit et hésitant dans ses méfait. Le scénario sans négliger sa lâcheté et faiblesse de caractère en fait néanmoins un être attachant pris dans une spirale criminelle malgré de bonne intention. Richard Attenborough lui apporte toute sa présence fébrile et hallucinée avec le talent qu'on lui connaît. L'histoire du faux médium amène un comique bienvenu, Alastair Sim étant comme souvent génial entre cynisme et charme obséquieux et les scènes de romance avec la logeuse crédule sont tordantes de candeur feinte.

Visuellement Sidney Gilliat fait preuve d'une belle inventivité pour s'adapter aux ruptures de ton du film. La lente escalade criminelle de Boone se fait dans une ambiance urbaine ténébreuse et de plus en plus oppressante (saisissante scène nocturne sur la route) grâce à la photo somptueuse de Wilkie Cooper qui fait aussi des merveilles dans le gothique pour rire des scènes de spiritisme ou les scènes oniriques digne du meilleur polar psychanalytique américain. Le réalisme et une certaine urgence plus documentaire se révèle aussi dans la description des clubs clandestins vivant au rythme des descentes de police.

Au final le regard est très bienveillant (dans la lignée positive de tous les films abordant plus directement la Deuxième Guerre Mondiale du point de vue des civils du duo Launder/Gilliat comme le magnifique Millions Like Us (1943) ou Waterloo Road (1945)) avec notamment un élan de solidarité final un peu moqué dans sa symbolique collective (la marche et la pétition) mais très touchant dès qu'il se rattache à l'intime (le renoncement des Josser à leur cottage pour une bonne cause). Une belle œuvre chorale et une réussite de plus pour l'association Sidney Gilliat/Frank Lauder.

Sorti en dvd zone 2 anglais chez ITV et doté de sous-titres anglais et sinon pour les anglophones le film est entièrement sur youtube dans une belle copie (la même que celle du dvd

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