Total (Flavio Bucci)
est un modeste employé de banque, mais il est pris de démangeaisons au simple
contact de l'argent. Se voyant refuser, par son propre directeur, le prêt qu'il
sollicitait, il décide de démissionner et de consacrer tout son temps à tourmenter
un riche boucher (Ugo Tognazzi), client régulier de la banque à l'opulence
clinquante. Etape après étape, il va lui voler ses biens, le dépossédant de tout ce qui assoit sa position sociale.
Entre les deux hommes, le propriétaire et son voleur, va alors débuter un
impitoyable conflit...
La Propriété c’est
plus le vol vient conclure une trilogie formé de Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon (1970) et La Classe ouvrière va au paradis (1972).
Chacune de ses œuvres traitait de la déshumanisation de la société et de l’individu,
désormais un pion face à la corruption politique (Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon) ou la lobotomisation
du travail à la chaîne en usine dans La
Classe ouvrière va au paradis. Ce troisième film poursuit e cycle en s’attaquant
cette fois au pouvoir de l’argent et plus précisément la propriété, scrutant la
manière dont elle guide les agissements des nantis comme des démunis.
La satisfaction des uns et le dépit des autres s’articulera
autour du duel qui va confronter le modeste employé de banque Total (Flavio
Bucci) et un riche boucher (Ugo Tognazzi). La frustration et le mal-être du
premier semble entièrement se concentrer sur la satisfaction et le cynisme de l’étalage
de richesse du second. Dès lors il n’aura de cesse de lui nuire en dérobant les
objets les plus significatifs de sa réussite. Ce statut social opposé, Petri l’exprime
par le physique malade et chétif de Total dont le contact avec ces sommes
folles qu’il n’aura jamais rend désormais malade.
Ugo Tognazzi avec son personnage jamais nommé symbolise à lui seul le détachement de cette classe dominante ne se définissant plus que par ses possessions. Cette richesse ne se conjugue plus à un certain raffinement et culture, Tognazzi trouvant l’exaltation jusque dans ses ébats sexuels où son statut semble vulgairement asseoir sa virilité. Les peurs comme la force du boucher se conjuguent ainsi à ses richesses, provoquant le malaise lorsque Total viendra troubler son quotidien.
Ugo Tognazzi avec son personnage jamais nommé symbolise à lui seul le détachement de cette classe dominante ne se définissant plus que par ses possessions. Cette richesse ne se conjugue plus à un certain raffinement et culture, Tognazzi trouvant l’exaltation jusque dans ses ébats sexuels où son statut semble vulgairement asseoir sa virilité. Les peurs comme la force du boucher se conjuguent ainsi à ses richesses, provoquant le malaise lorsque Total viendra troubler son quotidien.
Elio Petri dépeint comme dans les précédents films un monde
abstrait et à l’absurde kafkaïen sauf que si auparavant les thèmes pouvaient
être rattachés à la réalité italienne d’alors (notamment le contexte des années
de plomb pour Enquête sur un citoyen
au-dessus de tout soupçon et la résurgence du marxisme avec La Classe ouvrière va au paradis) le
propos semble ici plus universels et métaphysique. Le titre du film s’inspire
en effet du texte Qu’est-ce que la
propriété publié en 1840 par le français Pierre-Joseph Proudhon où il
questionnait et remettait en cause la notion de propriété tel que définie dans
la Déclaration des Droits de l’homme. Chaque personnage se définit par ce
rapport à la possession et vient l’exprimer lors d’aparté face caméra où il s’affirmera
comme propriétaire (Ugo Tognazzi), objet (la maîtresse jouée par Daria
Nicolodi), observateur (le policier qu’incarne Orazio Orlando) ou envieux comme
notre héros Total.
Elio Petri rend pourtant son récit d’autant plus puissant qu’il
est dénué de toute idéologie. Dans Enquête
sur un citoyen au-dessus de tout soupçon, Gian Maria Volonté était partie
intégrante de l’environnement corrompu et ne parvenait tant le mal était
profond, voyant son meurtre ouvertement couvert par ses pairs. Le même passait
d’un extrême à l’autre, l’allégeance totale à sa tâche et à ses patrons puis l’opposition
maladive et stérile. De nouveau défini par sa fonction et son statut, il ne
pouvait malgré sa prise de conscience exister en tentant de s’en détacher.
Le final cinglant renvoie chacun dos à dos dans une issue d’une
terrible noirceur. Le film est sans doute un peu trop hermétique et ne provoque
sans doute pas tout à fait la même émotion que les volets précédents. La
démonstration n’en reste pas moins magistrale, portée une nouvelle fois par un
score mémorable d’Ennio Morricone.
Sorti en dvd zone 2 français chez Tamasa
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