Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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samedi 10 octobre 2015

Âmes libres - A Free Soul, Clarence Brown (1931)

La fille d'un grand avocat tombe amoureuse de Ace Wilfong, un truand que son père vient de défendre avec succès. Mais lorsqu'elle veut mettre fin à cette liaison, elle réalise que ce ne sera pas si facile...

Norma Shearer avait incarné dans La Divorcée (1930) une magnifique incarnation de la femme hésitante entre la norme et la rupture, récompensée par un Oscar de la meilleure actrice. Âmes libres exploite cette dualité de la star avec brio et plus d'ambiguïté, puisque dans La Divorcée son personnage se forçait à mener une vie dissolue par revanche alors que ce sera bien plus trouble ici. Jane Ashe (Norma Shearer) a été élevée par son père Stephen (Lionel Barrymore) selon des principes de vie libertaires que l'on ressent dès la scène d'ouverture. Jane nue à la salle de bain demande à son père de lui passer ses sous-vêtements, la trivialité et la promiscuité de la scène laissant longtemps supposer qu'ils sont amants et non pas père et filles. Cette existence sans contrainte morale les oppose à leur famille, incarnation des valeurs bourgeoise américaine qui voit d'un mauvais œil cette frange rebelle aux normes.

Cette liberté va pourtant être questionnée chez chacun des protagonistes et remettre en cause leur valeur. Jane va ainsi tomber sous le charme vénéneux et dominateur d’Ace Wilfong (Clark Gable), et Stephen sombrer définitivement à son addiction à l'alcool. Le lien père et fille se désagrège ainsi progressivement, "l'ouverture" ayant ses limites avec la violente désapprobation de Stephen à l'union de sa fille à ce gangster. Clarence Brown après le badinage initial amène ces moments de ruptures avec une puissance dramatique rare, notamment la séquence muette et bouleversante où Stephen découvre sa fille alanguie dans la garçonnière de Wilfong.

Toutes les œillères et les peurs ordinaires ressurgissent, remettant en cause les élans libertaires initiaux. Le scénario n'oppose cependant pas morale et norme (symbolisé par l'affrontement entre les bas-fonds et cette aristocratie américaine), le malaise naissant plus de la relation père-fille déséquilibrée. Stephen perdu dans les vapeurs alcoolisées ne peut prévenir suffisamment sa fille du danger qu'elle coure tandis que cette dernière endosse sans y parvenir le rôle de parent envers lui pour le guérir de son addiction.

L'échec sera ainsi inévitable en liant ces deux penchants néfastes des protagonistes. Face aux menaces qui les entourent, la fillette réfugiera dans les bras d'un père enfin protecteur au terme d'une séquence intense où Lionel Barrymore se lance dans un monologue final intense. Une scène magnifique (une des plus longues prises -14 minutes- jamais filmée à l'époque) qui contribuera à l'Oscar du meilleur acteur remporté par Lionel Barrymore. La prestation de gangster suave contribuera par ailleurs à la notoriété de Clark Gable, déjà rival amoureux de Leslie Howard ici huit ans avant Autant en emporte le vent.

Sorti en dvd zone 2 chez Warner 

Extrait

1 commentaire:

  1. ça, c'est le prochain film que j'achèterai en DVD. J'adore Norma Shearer depuis que je l'ai vue dans la Divorcée; et Clarki… c'est le Roi!

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