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jeudi 19 mai 2022

L'Enterrée vive - The Screaming Woman, Jack Smight (1972)


 Une femme n'ayant plus tout son esprit entend les cris d'une femme enterrée vivante sous sa demeure. Les proches de la femme voient en ses déclarations le parfait moyen de la faire interner.

L’enterrée vive s’inscrit dans le courant des téléfilms produit par Universal durant les années 70, dont la facture ou le casting pouvaient se rapprocher des standards du cinéma. L’exemple le plus connu est bien sûr Duel de Steven Spielberg dont la grande réussite lui vaudra une exploitation salle en Europe. L’enterrée vive a pour lui un certain pédigré en étant l’adaptation d’une nouvelle de Ray Bradbury, un réalisateur solide habitué en allers-retours entre cinéma et télévision avec Jack Smight, et son casting de vieilles gloires hollywoodiennes porté par Olivia de Havilland et dans une moindre mesure Joseph Cotten.

L’histoire est très prévisible et pas dénuée de clichés, mais aurait tout à fait pu fonctionner avec une approche formelle inventive qui transcenderait les codes du genre. Malheureusement l’ensemble trahit sa facture de téléfilm à chaque instant. Le statut de paria paranoïaque et jugée sénile par son entourage de Olivia de Havilland ne se traduit jamais par une mise en scène retranscrivant son sentiment d’isolement. Jack Smight n’exprime jamais formellement le doute sur la santé mentale de l’héroïne, ou à l’inverse ne souligne jamais réellement sa détresse face à une bonne foi auquel personne autour d’elle ne souscrit. De même les séquence introduisant puis montrant la fameuse enterrée vive ne fond monter aucune réelle tension ou imagerie macabre vraiment inquiétante. Tout semble calibré pour un spectacle sans aspérité destiné à une diffusion aux heures de grandes écoutes.

Heureusement un atout vient surmonter toutes ces scories à travers la prestation d’Olivia de Havilland. Elle passe par toutes les émotions allant de la vulnérabilité, l’effroi, le dépit face au voisinage doutant d’elle avec une égale intensité, une humanité qui transparait et maintient l’attention du spectateur. Le sentiment injuste d'infantilisation des interlocuteurs passé un certain âge est très bien amené. Le suspense ne tient qu’à son charisme et la petite satisfaction finale de son expression apporte un réel sursaut final. Elle avait encore l’étoffe pour des prestations majeures à ce stade avancé de sa carrière même si les grands rôles se feront rares. 

Sorti en bluray français chez Elephant Films

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