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samedi 1 juillet 2023

Venez-voir - Tenéis que venir a verla, Jonas Trueba (2022)

Une nuit d’hiver à Madrid, deux couples d’amis se retrouvent après s’être perdus de vue. Susana et Dani rayonnent depuis leur installation en banlieue et annoncent l’arrivée prochaine d’un bébé. La nouvelle perturbe Elena et Guillermo qui ont fait d’autres choix de vie. Pourtant au printemps, ils se décident à venir voir.

Venez voir est une sorte de projet inversé du précédent film de Jonas Trueba, Qui à part nous ?. A l'ampleur temporelle, à la multitude de "personnages" et adolescents de ce dernier on troque des jeunes adultes et un certain minimalisme narratif et géographique. Dans Qui à part nous on suivait des adolescents en pleine évolution dont les émotions à fleur de peau se lisaient comme un livre ouvert et le film s'arrêtait à la fin de ces années lycée, symboliquement au moment du premier confinement qui les faisait entrer dans l'âge adulte. 

Là c'est un peu le film de « l'après » avec ce groupe de trentenaire qui traversent les émotions de beaucoup d'urbains après les différents confinements : repli sur soi qui nous éloignent de nos amis, volonté plus ou moins aboutie de se reconstruire loin de l'urgence de la grande ville, adoption d'un carpe diem plus ou moins valable qui changera notre vision de la vie. Aucun ressort dramatique appuyé, juste deux courts instants de vie et de retrouvailles entre les couples d'amis où la finesse des dialogues et des éléments discrets de mise en scène traduisent le fossé, la distanciation, la frustration ou la satisfaction de chacun. Le récit s'arrête juste avant de devenir trop explicatif et de surligner, avec la petite mise en abime finale qui va bien. 

Malgré la frustration de cette courte durée, c’est une nouvelle fois un dispositif passionnant et porté par la touchante dimension existentielle qui parcoure tous les précédents films film de Trueba comme Les Exilés romantiques (2015), Eva en août (2020) ou Qui à part nous ? déjà évoqué.

Sorti en dvd zone 2 français chez Arizona Films


2 commentaires:

  1. C'est marrant : je commente le cinéma français (François Ozon) et vous faites pareil sur votre blog avec Jonás Trueba. En tout cas, ce film que vous commentez aujourd'hui est très émouvant pour moi, puisque a été le premier que je suis allé voir au cinéma après la pause imposée par les restrictions de la pandémie.

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    1. Et oui on est toujours plus curieux de ce qui se fait ailleurs, beau cycle Ozon ! Effectivement film très touchant après ce que l'on a vécu ces dernières années, sous la construction modeste ça dit beaucoup de choses.

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