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jeudi 27 juin 2024

July Rhapsody - Nam yan sei sap, Ann Hui (2002)


 Lam Yiu-Kowk est un professeur de littérature chinoise ainsi qu'un mari et père idéal. Il tente en vain de faire partager sa passion à ses élèves comme son ancien maître, Sheng ; une passion qui lui a fait connaître celle qui deviendra sa femme, Man-Ching. Mais la vie conjugale de Lam sera bouleversée par l'amour que lui porte son affriolante élève Wu Choi-Nam.

On retient souvent July Rhapsody pour être le dernier rôle à l'écran d'Anita Mui, qui va disparaître victime d'un cancer l'année suivante. Il s'agit aussi d'une belle œuvre intimiste d'Ann Hui, qui par son écho entre la culpabilité du passé et les doutes du présent peut évoquer Song of the exile (1990), un des sommets de la réalisatrice. Le présent, c'est celui de Lam (Jacky Cheung) en apparence épanoui entre son métier de professeur de littérature chinoise, et sa vie de famille heureuse avec son épouse Ching (Anita Mui) et ses deux enfants. Une situation inattendue va faire se rejoindre les deux pôles de l'existence de Lam, lorsque Wu, (Karena Lam) une de ses élèves amoureuse de lui, tente de le séduire. 

Lam repousse les avances de l'adolescence, mais la situation semble trouver un écho plus profond en lui. La mise en scène et le montage créent ce pont entre présent et passé durant les scènes de cours, où Lam passe de prof observant Wu du fond de la classe à élève scrutant sa future épouse Ching quand elle n'était qu'une camarade assise devant lui. Ce mimétisme concerne aussi son foyer quand Ching souhaitera accompagner dans ses derniers jours son premier amour malade, qui n'est autre que leur ancien professeur et mentor de Lam.

Cela entraîne une profonde remise en question de notre héros quant à sa position en tant qu'homme, et enseignant. Son ancien mentor fut un modèle pour lui dans le passé, et demeure un rival même mourant dans le présent. Il subit même la même tentation que lui en nouant possiblement une liaison avec une de ses étudiantes. Ann Hui distingue un passé flottant, baigné d'une photo solaire et rêveuse de Kwan Pun-leung et Thomas Yeung magnifiant des espaces naturels, avec un présent aux teintes bleutées se fondant dans une urbanité hongkongaise froide et pétrie de doutes. Cette interrogation se traduit ainsi formellement, sentimentalement, mais aussi socialement quand la situation amène Lang à remettre ses choix de vie en question. En effet, les entrevues avec d'anciens camarades de classe traduisent le fossé entre l'idéalisme du métier de Lang et la course à la réussite de ses amis travaillant tous dans le monde des affaires. 

C'est une photographie intéressante de ce Hong Kong du début des années 2000 où les pôles s'inversent, voyant la Chine continentale représenter le nouvel El Dorado financier. Ann Hui déploie ainsi une belle atmosphère introspective, porté par la prestation de Jacky Cheung qui, loin des rôles de chiens fous d'antan impose ici une belle maturité sans se départir de son charisme. Ann Hui plus en retrait est néanmoins très touchante pour son chant du cygne, avec ce personnage complexe. Kerena Lam est aussi une belle révélation en adolescente espiègle et séductrice, symbolisant une jeunesse hongkongaise à la dérive. Malgré le ton feutré, le maniérisme sobre d'Ann Hui envoute de bout en bout et ne laisse pas encore deviner le virage plus austère de la fin des années 2000 avec The Way We Are (2008) et Une Vie simple (2011).

 Sorti en bluray hongkongais doté de sous-titres anglais

 

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