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vendredi 17 décembre 2010

Les Garçons - La Notte Brava, Mauro Bolognini (1959)


À Rome, Scintillone et Ruggeretto, deux garçons marginaux et désœuvrés, volent une voiture et son chargement. Ils décident de partir en grande banlieue pour écouler leur butin (notamment des armes) et, pour ne pas attirer l’attention de la police, ils prennent des femmes comme passagères, deux prostituées. En chemin, ils rencontrent Bella Bella, un autre oisif, susceptible de les aider à revendre leur marchandise…

Les Garçons est le premier film de l'association entre Bolognini et Pasolini, qui va permettre pour chacun d'eux une avancée majeure dans leur carrière. Pour Bolognini jusqu'ici réalisateur de comédies populaires sans relief, c'est l'occasion de se frotter à des sujets plus sérieux en se confrontant à l'univers de Pasolini. Pour ce dernier, c'est un apprentissage du métier en côtoyant un grand cinéaste avant de passer derrière la caméra deux ans plus tard avec Accatone. C'est d'ailleurs précisément à une version moins brute d'Accatone qu'on pense ici, à travers cette tranche de vie de petites frappes romaines.

Là où la recherche de réalisme poussera Pasolini à engager des gens du cru et à adopter une mise en scène naturaliste, Bolognini fait appel à un duo français pour camper ses mauvaises graines (Laurent Terzief et Jean-Claude Brialy post-synchronisés comme cela se faisait à l'époque dans le cinéma italien) et fait preuve du soin visuel qui lui est coutumier (voir la remarquable séquence qui introduit Mylène Demongeot). C'est donc à un équilibre entre les deux sensibilités que tient le film, Pasolini amenant sa connaissance de l'errance et de petits larcins, pratiques qui furent un temps les siennes.

Les personnages masculins sont particulièrement médiocres, attachés uniquement à l'argent et au plaisir immédiat qu'ils peuvent en tirer. Pas d'ambition notable lorsque la providence et la roublardise leur amènent quelques billets, aussitôt engloutis en filles, alcools et frimes diverses. L'amitié ne scelle même pas de lien durable puisque tous sont prêts à se voler les uns et les autres si l'occasion se présente. Pour creuser un peu ses personnages plutôt détestables finalement, Bolognini fait appel à son art de soigner ses figures féminines. Fil rouge du parcours des héros, ce sont les différentes filles rencontrées qui vont révéler le fond de leur coeur. Elsa Martinelli est bouleversante lorsqu'elle sort un court instant de son extérieur de prostituée exubérante et intéressée, avant qu'une raillerie de Brialy lui fasse comprendre qu'il lui mentait pour arriver à ses fins.

Terzief en écorché vif est bien plus intéressant et ses tendres instants avec Mylène Demongeot dans une demeure bourgeoise (une des plus belles scènes du film) ainsi que la conclusion oisive et charmante avec Rossana Schiaffino montrent un attrait pour un ailleurs que cette vie-là. C'est sans doute à lui que Pasolini, qui a progressivement réussi à s'en sortir, s'identifie le plus. Belle réussite qui connaîtra un complément avec Ça s'est passé à Rome, collaboration suivante entre Bolognini et Pasolini (plus explicite avec les deux titres originaux La Notte Brava pour Les Garçons et La Giornata balorda pour Ça s'est passé à Rome) toujours consacrée à la délinquance romaine.


Sorti en dvd zone 2 français récemment chez Carlotta avec des bonus très intéressant.

Extrait

1 commentaire:

  1. filme legal!vou assistir!gostei de conhecer o Chronique vida longa e muito sucesso pra voçês!!Marcos Punch.

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