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jeudi 15 décembre 2011

Sword of The Stranger - Sutorenjia Mukō Hadan, Masahiro Ando (2009)


Durant une période de guerres intestines pendant l'ère Sengoku, deux personnes portant chacune un lourd passé vont se rencontrer et changer la face de ce monde : Nanashi est un ronin errant qui a un jour tourné le dos au combat et Kotarô, un jeune garçon qui a fermé son cœur depuis qu'il a perdu ses parents...

Après des adaptations cinéma des célèbres séries Cowboy Bebop, Full Metal Alchemist ou RahXephon, Sword of the stranger constitua la première production originale pour le grand écran du Studio Bones, un des plus innovants du paysage de l’animation japonaise de ces dernières années.

Première réalisation de Masahiro Ando, Sword of a stranger s’aventure dans un genre qui a donné nombre de réussites dans la japanimation, le chambarra, soit la déclinaison animée du film de sabre japonais. On peut citer entre autres l’épique L’Epée de Kamui du versatile Rintaro et les poignantes OAV Chapitre du Souvenir déclinées du manga Kenshin parmi les plus grandes œuvres sorties. Dans un style plus surprenant, le légendaire Ninja Scroll de Yohiaki Kawajiri mêlant chambarra et fantastique reste un monument de furie et plus récemment la série Samourai Champloo (du créateur de Cowboy Bebop, Shinichirô Watanabe) génial relecture entre tradition et anachronisme fit sensation.

Même si on retrouve certaines figures des œuvres précitées, le film semble plutôt se nourrir paradoxalement du chambarra classique, notamment dans le scénario au récit plutôt orienté réaliste et dans certaines petites références discrètes. On peut citer la scène où l’enfant fait boire son chien malade de la même manière que le jeune Daigoro faisait boire son père souffrant dans le second film de la saga Baby Cart, tandis que deux personnages de voleurs pieds nickelés font irrésistiblement penser aux deux fripons de La Forteresse Cachée de Kurosawa.

C’est d’ailleurs le petit soucis de l’ensemble, ce manque criant d’originalité. Du héros sabreur cachant un lourd passé en passant par sa nemesis constamment en quête d’un adversaire à sa mesure, ajouté au gamin faible mais fier et courageux accompagné de son chien, tous les personnages constituent des archétypes voire des clichés du genre sans réussir complètement à les dépasser. Ce n’est pas l’intrigue de complot également ressassée qui va effacer cet impression, malgré l’étonnante présence de méchants chinois au Japon de l’ère Sengoku.

Cependant, l’ensemble se laisse suivre sans ennui et bénéficie d’un atout de taille avec la réalisation exceptionnelle de Masahiro Ando qui délivre de belles promesses pour son premier film (après avoir été animateur sur des réussites comme Ghost in the Shell ou la version animée de Metropolis dont on reparlera bientôt). Une véritable furie guerrière, où Ando s’avère un virtuose du mouvement avec des débordements sanglants digne des Zatoichi et Baby Cart, membres tranchés sauvagement inclus.

La gestion de la 3D est parfaite (alors que c’est habituellement le point faible de la japanime) et le souffle qui fait cruellement défaut au film se fait enfin ressentir dans ces moments là, notamment une dernière partie palpitante regorgeant de moments forts, entre le héros qui dégaine enfin son sabre et un ultime duel de toute beauté justifiant à lui seul le visionnage. Si Sword of the Stranger ne s’avère pas complètement satisfaisant, il aura au moins permis l’émergence d’un grand talent en devenir dont on attend la prochaine œuvre de pied ferme, en espérant un scénario digne de ce nom pour accompagner les images.

Sorti en dvd zone 2 français chez Beez

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