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jeudi 8 décembre 2011

Sept hommes à abattre - Seven Men from now, Budd Boetticher (1956)


Le sheriff Ben Stride (Randolph Scott) a récemment perdu son épouse, tuée lors d’un hold-up. Il cherche les sept hommes responsables pour les tuer. Durant son parcours, il aide des pionniers, John et Annie Greer (Gail Russell), à désembourber leur chariot puis accepte, après qu’ils ont longtemps insisté, de les accompagner afin de les protéger d’Indiens Chiricahuas. Dans un relais de diligence abandonné, ils croisent Bill Masters (Lee Marvin), qui se joint à eux, dans le but affiché d’aider Ben Stride mais surtout de récupérer le butin du hold-up.

Seven Men from now est le film qui lance une des associations les plus fructueuses du western américain des années 50 entre le réalisateur Budd Boetticher, le scénariste Burt Kennedy et l’acteur Randolph Scott. Le succès du film lancera la carrière du débutant Kennedy tandis que Boetticher verra dans l’épure et la limpidité de son script l’illustration parfaite de figure récurrente de son cinéma avec le héros taciturne en quête de vengeance. Randolph Scott s’avérera l’interprète idéal de leur vision et lui si souvent cantonné dans l’ombre d’autres acteurs de western comme John Wayne, Gary Cooper ou James Stewart se créera à son tour un type de personnage dont l’influence s’étendra notamment à Clint Eastwood dans Josey Wales. C’est d’ailleurs à John Wayne que Boetticher doit la rencontre avec ces deux partenaires, le Duke réparant ainsi l’outrage commis quelques années plus tôt lorsqu’il charcuta au montage (sur les conseils de John Ford) La Dame et le Toréador, un des projets les plus personnels de Boetticher (sur sa grande passion de la corrida) qu’il produisait.

Sept hommes à abattre porte au summum les préceptes du western de série B, qualificatif qu’on doit plus associer aux moyens qu’à l’ambition. Le script de Kennedy tisse ainsi une ligne claire narrative où chaque élément s’agence dans une construction limpide dans un film dense d'à peine 1h15. Une leçon de narration classique en somme où le récit va constamment de l’avant, sans fioritures et nourrissant les personnages au gré de leur actions, discrète ou plus spectaculaire. La détermination et la soif de vengeance de Randolph Scott est captée dès l'ouverture saisissante, la faiblesse de caractère du brave type John Greer également de manière symbolique lorsqu'il se montre incapable d'extirper son charriot embourbé et les sentiments naissant entre Scott et Gail Russel se devinent en un regard (l’expression des sentiments se faisant avec une sobriété bouleversante lorsqu’il se retient de l’embrasser avant de la quitter).

Randolph Scott est comme toujours parfait : monolithique, taiseux, mais dissimulant toujours une humanité et fragilité poignante qui révèlera ici une terrible culpabilité le rongeant pour la mort de sa femme. En antagoniste parfait, Lee Marvin campe un extraordinaire et flamboyant méchant qui annonce son rôle de L’Homme qui tua Liberty Valance. Goguenard, séducteur et impitoyable tueur, Bill Masters (à la manière d’un Lancaster dans Vera Cruz la relation Scott/Marvin rappelle d’ailleurs celle Lancaster /Cooper du film d’Aldrich) parvient pourtant à être étonnamment attachant grâce au charisme de l’acteur qui lui apporte une nonchalance et une décontraction irrésistible (cette scène où il assassine un complice en prenant presque la pose…).

Cette sobriété et efficacité maximale de l’ensemble se répercute bien sûr dans la mise en scène de Boetticher. Toute velléités esthétisante est abandonnée pour comme toujours se mettre au service de l’histoire. Les cadrages précis n’usent du cadre naturel que pour ce qu’il est, un espace à traverser. On ne pousse plus avant la description que sur les lieux doivent abriter un morceau de bravoure tel les rocheuses de l’affrontement final dont la topographie n’aura aucun secret pour nous en une poignée de plans. De même, la violence surgit de manière sèche et foudroyante (le face à face d’ouverture, la mort de John Greer) à l’image du duel final sans atermoiements ni étirement à la Leone mais un règlement de compte pur et simple.

Un vrai chef d’œuvre du western dont la simplicité exemplaire en fait une des incarnations les plus pures et emblématiques du genre. Après cette immense réussite Boetticher, Kennedy et Scott poursuivront leur collaboration dans une série de cinq westerns (The Tall T, Decision at Sundown, Commanche Station, Ride Lonesome, tous traité sur le blog) où ils affineront et apporteront des variations diverses à la recette magique découverte sur ce parfait Sept Hommes à abattre

Sorti en dvd zone 2 français chez Paramount

Extrait avec un grand numéro de Lee Marvin

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