Vince Majestyk dirige une exploitation de pastèques de 85 hectares. Parce qu'il s'est débarrassé par des moyens plutôt expéditifs des complices de Bobby Kopas, un exploiteur local qui voulait lui imposer ses volontés, Majestyk purge une peine de prison. C'est là qu'il fait la connaissance d'un nommé Frank Renda, un dangereux tueur à gages. Au cours du voyage qui les conduit au tribunal, les complices de Renda attaquent le car, mais c'est Majestyk qui en prend les commandes et le mène à la montagne. Là, menottes aux mains, Renda lui propose un marché... que Vince refuse : il préfère remettre le gangster à la police en échange de sa propre liberté. Mais Renda s'échappe et jure vengeance....
Après une décennie à jouer les hommes de mains et autres brutes épaisses, Charles Bronson gagna peu à peu ses galons de star durant les années 60. Tout d’abord dans des films collectifs chargés en en fortes personnalité très en vogue à l’époque comme Les Sept Mercenaires, Les Douze Salopards ou La Grande Evasion puis ce fut la consécration avec son légendaire rôle d’Harmonica dans Il était une fois dans l’Ouest de Sergio Leone. Tout au cours de ces différents rôles, il se forge l’image que l’on garde lui aujourd’hui : un dur à cuir taciturne et impassible dont les bonnes intentions traduisent plus par les actes que les paroles. Vedette établie au début des 70’s, il va alors rénover son personnage de cinéma. Parmi les tentatives les plus marquantes et populaire, on peut citer le Colonel Harry Dobbs, fin psychologue du Passager de la pluie, le cow-boy goguenard de Soleil Rouge et donc cet excellent Mr Majestyk.
Adapté d’un roman d’Elmore Leonard (qui signe lui-même le script), Mr Majestyk est un modèle de série B musclée : scénario concis allant droit au but, rythme nerveux et solidement mis en scène. Le touche à tout de génie Richard Fleischer revenait là au divertissement pur après le sombre Soleil Vert et retrouvait l’énergie qui l’animait à lorsqu’il emballait ce type de produit sans fioritures à ses début à la RKO. Comme déjà dit, ce film servit donc à Bronson à proposer de lui une image plus détendue et cool. A l’opposé des personnages mutiques et mystérieux qui ont fait sa réputation, Vince Majestyk est la décontraction même, béret vissé sur la tête et adepte du bon mot, ce qui n’atténue en rien sa détermination à l’image de cette réplique cinglante :
You make spounds like you’re mean little ass-kicker… Only I ain’t convinced. You keep talking and I’m gonna take your head off.
Son background de héros de guerre n’est là que pour justifier les formidables aptitudes dont il fera preuve une fois menacé. Autrement ce n’est qu’un modeste cultivateur de pastèques qui ne demande qu’à mener à bien sa récolte et qu’on le laisse tranquille, donc de loin le personnage le plus « normal » incarné par Bronson. Face à lui, Frank Renda, redoutable tueur de la mafia lui vouant une haine féroce pour l’avoir humilié. Campé par un Al Lettieri bien menaçant, l’opposition avec le plus détendu mais tout aussi redoutable Majestyk fait régulièrement des étincelles.
Les meilleurs moment sont ceux où leur antagonisme bat son plein : le premier échange en prison où Majestyk semble être le seul à n’avoir cure de la réputation de Renda et surtout un rencontre dans un restaurant où Bronson conclut radicalement la discussion avec son adversaire venu l’intimider en le flanquant tout simplement au tapis.
Dans ce duel viril, les femmes ont peu leur place mais Linda Cristal (actrice argentine vue notamment dans l’Alamo de John Wayne) parvient à imposer une présence intéressant en ouvrière syndicaliste mexicaine (avec un aperçu du travail difficile des clandestins en filigrane) et soutien de Majestyk. Dans les seconds rôles, les amateurs de série B et de productions télévisées 70’s US reconnaîtront Paul Koslo ici parfait en petite frappe couarde et détestable. Richard Fleischer loin des images bibliques grandioses d’un Barrabas ou de la froideur clinique de L’étrangleur de Boston, adapte sa mise en scène au style brutal du récit dans ce cadre rural avec des morceaux de bravoures rondement menés.
L’embuscade lors de l’évasion de Renda avec son montage alerte et sa violence surgissant de toute part est très efficace, tout comme cette course poursuite finale dans les rocheuses (où on apprécie les qualités de stratège de Bronson qui renverse habilement la situation). Malin, Fleischer surprend également par la conclusion sèche où Bronson règle ses comptes avec Lettieri. Après avoir multiplié les confrontations entre eux durant tout le film, il assoit la supériorité de Bronson en faisant fi du long climax musclé attendu en le faisant abattre Renda impitoyablement façon western.
Au final une production solide, certainement pas la plus ambitieuse de Fleischer ni la plus spectaculaire de Bronson mais un divertissement nerveux et bien exécutés qui fait passer un bon moment. Et si on devait tirer une morale de cette histoire, ce sera sans doute que si on touche aux pastèques de Charles Bronson, on s’expose à de sérieux problèmes…
Sorti en dvd zone 2 français chez MGM
Vantée par Barry Gifford pour ses qualités de western post-moderne, de quasi-Peckinpahrade, et mise en boîte par un réalisateur éparpillé mais que l'on goûterait plutôt dans cette colonne, cette Bronsonerie vigilante et moissoneuse sur fond de caïd cyniquement sanguinaire et de pastèques n'offre pas la richesse promise, tant dans ses thèmes, ses motifs que dans sa réalisation. Survolant les notions de travailleurs saisonniers et/ou émigrés, de syndicat agricol, sans vraiment mettre les mains dedans, tricotant un intéressant mano à mano entre deux gueules et deux visions (corrompues et chacunpoursagueulistes) du monde, sans le pousser véritablement dans ses cordes, le film prend l'allure un temps d'un épisode rural de série télé late-70's (pour un peu on attendrait que l'Agence Tous Risques viennent sortir Majestyk du pétrin !) et ne doit qu'à une certaine ambiance, paresseuse et minimaliste, originale presque, de prétendre à un peu mieux que ça.
RépondreSupprimerRenonçant à la cambrousse, c'est dans la ville que le moustachu adepte de la self-justice, ira faire le ménage des motherfuckers à compter de la même année (Death Wish, M.Winner)., réclamant lui aussi, qu'ici et là, on make his day, punk !