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mercredi 30 janvier 2013

Reviens petite Sheba - Come Back, Little Sheba, Daniel Mann (1952)


Le docteur Delaney et sa femme, Lola s'occupent énormément de Marie, leur jeune locataire. Le docteur s'inquiète de voir Tuck courtiser Marie, puisque celle-ci est déjà fiancée...

Come Back, Little Sheba lançait la mode des grands mélodrames provinciaux à succès adaptés du dramaturge William Inge qui fleurirait dans les années 50 avec de grandes réussites comme Picnic de Joshua Logan (1955), le plus léger Bus Stop du même Logan ou encore La Fièvre dans le sang d'Elia Kazan (1961). Comme dans tous ces films, ce cadre provincial et familial s'avère aliénant et médiocre pour diverses raisons. Ici on va découvrir le quotidien morne du couple formé par Doc (Burt Lancaster) et Lola Delaney (Shirley Booth).

Lui taciturne semble adopter une attitude résignée et éteinte tandis qu'elle semble très forcée dans ses attentions et sa joie de vivre comme pour compenser un vide, une absence de joie et de vie au sein du foyer. Cela se ressent par le motif qui donne son titre à l'histoire avec ce regret, cet appel constant par Lola de Sheba sa chienne disparue depuis des mois et unique être à qui elle pouvait apaiser son ennui et besoin d'affection. On découvrira également que Doc noya autrefois son mal être dans l'alcool mais désormais sobre il est réfugié dans sa carapace et la vie du couple se déroule dans une platitude sans heurts.

L'arrivée de Marie (Terry Moore), jeune étudiante leur louant une chambre va ramener la vie au sein du foyer mais également réveiller les démons du couple. La gaieté et l'allant de la jeune femme met enfin en valeur les Delaney, prévenant et attachés à leur hôte qui leur rend bien cette affection. Pourtant peu à peu l'insouciance de Marie et plus particulièrement dans ses flirts les ramène à leur propre passé où cette même inconscience les a liés si ce n'est condamnés l'un à l'autre comme il est par instant suggéré, d'autant plus avec la perte d'un enfant qui aurait aujourd'hui l'âge de leur locataire. Daniel Mann dont c'est le premier film a dû mal à échapper au théâtre filmé et cette tension et malaise sous-jacents ont bien du mal à passer autrement que par le dialogue. Le fait de ne quasiment pas quitter le cadre de la maison n'aide pas et la réalisation sobre et effacée ne dynamise guère les non-dits par les choix d'un Mann trop illustratif.

Les acteurs formidables comblent grandement ce manque. Burt Lancaster distille habilement son mal être (et attrait pour la bouteille) dans son jeu intériorisé, ne laissant exploser sa colère et rancœur qu'en toute fin lors d'une scène d'une violence inouïe après l'atmosphère feutrée qui a précédée. Shirley Booth (15 ans de plus que Lancaster alors que les personnages sont supposés s'être connus au lycée, une différence qui se voit même avec les tempes grisonnantes de Lancaster et accentue la dimension de déchéance et décrépitude du couple) est sur la corde de raide du surjeu avec cette femme à fleur de peau et véritable livre ouvert d'émotion mais parvient à réellement émouvoir par sa terrible solitude et le remord que cache cette attitude soumise (Oscar à la clé pour l'actrice).

A travers la jeune Marie joué avec entrain par Terry Moore, on voit déjà la tension érotique qui sera au cœur de La Fièvre dans le sang même si pas encore suffisamment approfondi sans doute pour cause de censure. Un joli mélodrame donc même si on peut penser que les autres adaptations de Inge générées grâce à son succès sont sans doute plus intéressantes.

Sorti en dvd zone 2 anglais et zone 1 chez Paramount même si le dvd se fait rare se revend un peu cher

Extrait

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