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mercredi 18 juillet 2018

L'Appel de la forêt - Call of the Wild, William A. Wellman (1935)


Jack Thornton, un chercheur d'or, perd tout son argent au jeu. Un ancien ami, Shorty, lui propose alors de partir à la recherche d'un trésor, en suivant le chemin d'une carte qu'il a mémorisée. Pour ce voyage, Thornton se procure un chien incontrôlable, Buck, qu'il parvient à dresser. Au cours de leur voyage, les deux hommes découvrent une femme, Claire Blake, dont le mari a disparu...

L’Appel de la forêt est la seconde adaptation du roman de Jack London après celle muette signée par  D. W. Griffith en 1908. Le livre de Jack London est devenu en peu de temps un classique plébiscité par la jeunesse qui justifie une version à grand spectacle avec l’avènement du parlant et constituera un vrai tournant dans la carrière e William A. Wellman. Si l’adaptation s’avère très libre par rapport au roman (Wellman avouera n’avoir pas lu le livre et s’être contenté de transposer le scénario de Gene Fowler et Leonard Praskins, le chien Buck même s’il a son importance n’est pas au centre u récit), Wellman va faire montre d’un grand souci de réalisme dans sa description. 

Le film offre la possibilité encore pas si courante dans le Hollywood des années 30 d’un tournage en plein air, loin du confort des studios. Wellman ira filmer dans la forêt nationale de Mount Baker (dans l’Etat de Washington) pour tournage à rude épreuve où se développe sa thématique de la traversée et ses épreuves climatiques comme révélateur des personnages. Un élément au cœur de Convoi de femmes (1951),La Ville Abandonnée (1950) ou encore Bastogne (1949). Le héros viril et désinvolte incarné par Clark Gable annonce ainsi le Robert Taylor e Convoi de femme, déjà adouci par le courage et le charme de sa compagne de voyage impromptue avec Loretta Young. 

L’environnement du film hésite ainsi entre la dépravation et la barbarie de ces villes de chercheurs d’or (l’entrée en matière boueuse et déliquescente est assez saisissante) faites de bagarre, beuverie et petite vertu avec les grands espaces sauvages dont l’horizon blanc épure la conscience des personnages. L’individualiste Jack Thornton s’y attache tout d’abord au chien Buck, aussi éprouvé et cabochard que lui, avant e tomber amoureux de Claire Blake (Loretta Young). Cette dureté se trouvait déjà dans les Pré-Code de Wellman, notamment cette idée d’enfer immoral refuge des âmes damnées avec Safein Hell (1931).

La chasse au trésor n’est qu’un prétexte pour réunir ces êtres perdus et Wellman excelle à alterner péripéties confrontant à la fureur des éléments (la traversée en canot, tempête de neige, attaques de loups) avec l’après chaleureux et délicat qui tisse le rapprochement entre Gable et Loretta Young. Le premier baiser et son dialogue entre crudité et retenue témoigne d’une tension érotique qui s’est également jouée en coulisse. 

Clark Gable star établie (et mariée) entretint une liaison (les sources moins romantiques parlent d’un viol) avec une alors toute jeune Loretta Young qui tomba enceinte durant le tournage. Gênant au vu du code moral exigé par les studios envers ses acteurs et donc Loretta Young (catholique pratiquante revendiquée ce qui ajoute au scandale) disparu quelques mois le temps d’accoucher et « adopta » sa fille Judy Lewis pour donner le change. Une certaine audace en demeure dans le film où le couple, adultère à son insu, doit au final se séparer pour les apparences alors que l’attirance demeure intacte.

C’est là toute l’importance du chien Buck qui libre des entraves humaines peut céder à ses instincts et au fameux « appel de la forêt » lors de la conclusion. Un Wellman captivant et méconnu mais qui sera malheureusement bien malmené par la censure – il y a bien vingt minutes coupées entre la version existante et le montage initial. 

Sorti en en dvd zone 2 français chez Wild Side

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