Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

Pages

mercredi 5 juin 2013

Safe in Hell - William A. Wellman (1931)


La Nouvelle-Orléans. Gilda, employée au service de Piet Van Saal, est renvoyée lorsque la femme de ce dernier découvre leur liaison. Piet lui rend visite et à la suite d'une violente dispute, Gilda l'assomme avec un vase. Croyant l'avoir tué, elle s'enfuit. Mais une lampe tombée accidentellement provoque un incendie dans l'appartement. Gilda, soupçonnée du meurtre, est recherchée par la police. Elle quitte la ville avec son ami, Carl. Le couple débarque sur une île, refuge de nombreux criminels...

Wellman signe avec ce Pré Code un mélodrame puissant au parfum de tragédie inéluctable. Cette tragédie pèse au-dessus de notre héroïne Gilda (Dorothy Mackaill) dont tous les rebondissements semblent vouer au malheur et à la perdition. Le film s'ouvre de façon fort crue où on découvre Gilda prostituée en route vers la chambre de son prochain client. La rencontre avec ce dernier va s'avérer explosive car il s'agit de Piet Van Saal (Ralf Harolde) le responsable de sa condition. Elle fut auparavant sa maîtresse et lorsque son épouse découvrit la liaison, la fit renvoyer et interdire d'embauche dans toute la ville ce qui la contraignit à vendre son corps.

Toute cette amertume et colère ressurgit donc face à cet homme qui souhaite une nouvelle fois profiter d'elle et dans un accès de colère elle le tue accidentellement. Recherchée par la police, Gilda trouve le salut dans son amour de toujours, le marin Carl (Donald Cook) qui va lui pardonner ses errances et la sauver. Le refuge se trouvera dans une île des Caraïbes empêchant l'extradition et où ils pourront se marier.

Plutôt qu'un refuge ce cadre sera celui de l'expression définitive de l'aura de malheur qui poursuit Gilda. Le script manifeste cela dans ses situations (le mariage avorté mais improvisé dans une très jolie scène), par la symbolique (Gilda observant de nombreuses fois l'horizon déserte comme condamnée sur cette île) et bien sûr par l'environnement de plus en plus délétère des lieux. L'île est en effet le repère de divers criminels en fuite qui vont autant éveiller les bas-instincts de Gilda que la confronter à leurs désirs libidineux.

Dorothy Mackaill est aussi fragile que provocante dans le regard de Wellman qui l'érotise à merveille (première apparition affolante en bas et nuisette, son changement de tenue lorsqu'elle s'apprête à se mêler à ses voisins) tout en faisant de ses atouts l'instrument de son malheur à travers une pureté, une virginité qu'on lui refuse de retrouver. Le titre du film s'avère explicite et l'île un ersatz confiné de l'enfer que représente le monde pour ses âmes perdues, peuplées de monstres à l'image de l'ignoble bourreau incarné par Morgan Wallace. Gilda retrouvera pourtant sa dignité tout en disant définitivement adieu au bonheur dans une conclusion poignante où Dorothy Mackaill définitivement libérée de ses afféteries s'abandonne enfin totalement. Son funeste sort final fait presque figure de libération dans l'ultime plan filmé par Wellman, la laissant enfin apaisée dans sa marche vers l'oubli.

Sorti en dvd zone 2 français chez Warner dans la collection Trésors Warner consacré aux Pré-Code

1 commentaire: