Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram
Martin Belhomme est un lâche de
naissance, d'ailleurs chez lui la lâcheté se transmet de génération en
génération. Après une enfance passée dans le tumulte de l'Occupation, il
se "fait marier" par Mathilda qui décidera tout pour lui: ils auront
deux enfants et il deviendra pharmacien, lui qui vouait une passion pour
la musique. Mais au terme de cette vie monotone, survient Mai 68, et sa
lâcheté va paradoxalement le conduire dans une folle aventure, loin des
siens, avec Eva, ravissante blonde chanteuse dans un cabaret
d'Amsterdam. Dès lors, il fera tout son possible pour séduire la belle,
et passer pour un aventurier à ses yeux.
La filmographie
d'Yves Robert est peuplée d'homme-enfant pour lesquels la réalité et son
quotidien sont des prisons qu'il faut fuir à toutes jambes. Cette fuite
peut se faire dans l'aventure (le diptyque des Grand Blond), la farce (le tordant Les Copains) ou la paresse (Alexandre le Bienheureux), La doublette Un éléphant ça trompe énormément/ On ira tous au paradis
offrant une sorte d'aboutissement à cette thématique pour Yves Robert.
Plutôt que de s'attaquer à un troisième volet de ce grand succès, Yves
Robert et son scénariste explore une nouvelle fois la question de
manière très différente dans ce Courage fuyons taillé sur mesure pour le talent de Jean Rochefort.
N'écoutant que son courage qui ne lui disait rien, il se garda d'intervenir. Jules Renard
Ce
penchant à la fuite qui caractérise les personnages masculin de d'Yves
Robert, Martin Belhomme (Jean Rochefort) en rêve mais ne peut s'y
résoudre. La cause ? Un penchant héréditaire pour la lâcheté
(génialement expliqué en flashback sur le destin malheureux de ses pères
et grand-pères) qui l'enferme dans une situation de plus en plus
inextricable. Epris de liberté et rêveur, il "se fait marier) par une
épouse tyrannique et autoritaire (Dominique Lavanant). Il ambitionne
d'être musicien ? Cette même épouse l'installe dans une sinistre
carrière de pharmacien de quartier.
Les évènements de Mai 68 se
déroulant parallèlement à l'intrigue offre une parfaite symbolique de la
situation de notre héros. Tout comme cette jeunesse s'élevant enfin
contre la rigueur de cette France Gaullienne, l'immature Martin se
rebelle face à son existence conventionnelle et sans saveur. Cela se
fera par le mimétisme d'une lâcheté qui ne l'a pas quitté, Martin le
temps d'une hilarante scène détruisant sa propre voiture en compagnie
des jeunes survoltés qui l'entourent (parmi lesquels on reconnaitra un
tout jeune Gérard Darmon) et qu'il ne souhaite surtout pas froisser.
Martin va réellement changer par la rencontre de la belle
Eva (Catherine Deneuve), magnifique créature qui va lui permettre enfin
de sortir de sa coquille peureuse. Eva n'exige et n'attend rien de lui,
ne lui pose ni condition ni ultimatum et par cet amour sans contrainte
va permettre à Martin d'endosser un personnage plus assuré,
charismatique et attirant. Après la narration très sophistiquée de cette
première partie Yves Robert laisse s'exprimer cette liberté nouvelle et
le bonheur de son héros dans une longue séquence romantique laissant
déambuler le couple dans une Amsterdam idéalisée, cliché compris (la
traversée d'un joli champ de tulipe).
Ses peurs ne vont pas
tarder à le rattraper avec l'apparition d'un ancien amant récalcitrant
le menaçant de mort et l'ampleur de la fuite sera proportionnelle à
celle de l'inattendu courage initial, Martin retournant chez lui en se
faisant passer pour amnésique. Retrouvant sa coquille plus profondément
encore, Martin va pourtant être tiré sa médiocrité par une Eva
l'acceptant et l'aimant tout trouillard qu'il est. Yves Robert offre un
bonheur mérité à son héros sans pour autant le changer. Il y a d'un côté
les héros et les sauveurs et de l'autre les créatures apeurées qui
n'aspirent qu'à survivre et n'en ont pas moins de mérite.
La mémorable
conclusion fait finalement de cette peur un surprenant trait commun au
couple et plutôt que de s'unir grâce à une action téméraire qu'aucun
d'eux n'ose effectuer, c'est dans cette faiblesse qu'ils se reconnaissent
mutuellement qu'ils pourront s'aimer à leur manière très originale.
Jean Rochefort tout en charme fuyant, gouaille distanciée et lucide, est
absolument parfait et Catherine Deneuve resplendit en objet
fantasmatique qui va révéler un registre plus complexe. Le film n'est
sans doute pas aussi équilibré que d'autres grandes réussites d'Yves
Robert (quelques longueurs et des transitions peu fluides dans les gros
rebondissements) mais sa tendresse et l'originalité de son propos (la
fin est réellement mémorable) en font une de ses œuvres les plus
attachantes.
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