Johnny Williams, photographe américain, arrive à
s'évader d'une geôle japonaise avec le Major Bull Weed, grâce à l'aide
de l'amie de ce dernier, surnommée Fifi. Ils arrivent à Mandalay, où se
trouve une base d'aviateurs américains, les "Tigres volants", opérant
pour le compte des Chinois. Il tombe amoureux d'une femme - Haoli - qui
se révèle être une chinoise luttant pour son pays.
China Girl
est un film de propagande de curieuse facture par son étonnant mélange
des genres. Tourné alors que les Etats-Unis sont déjà engagé dans la
Deuxième Guerre Mondiale, la construction et la thématique du film
s'inscrit plutôt dans celles des films qui poussaient plutôt à l'entrée
en guerre du pays. Le récit dépeint ainsi la prise de conscience de
l'individualiste Johnny Williams (George Montgomery), photographe
américain coincé dans une Chine occupée par les japonais.
Toute la
gouaille et le panache du personnage s'inscrit dans cet individualisme,
plus important qu'une quelconque conscience politique même quand il
refuse les avances des autorités japonaises qui souhaitent acheter ses
services. Cela donne une dimension héroïque au personnage dans
l'haletante scène d'évasion d'ouverture puis un aspect plus antipathique
dans ses interactions avec les tigres volants (aviateurs américains
opérant pour les chinois). Cette dualité s'exprime plus particulièrement
dans le rapport avec la chinoise Miss Young (Gene Tierney) où sa
séduction désinvolte n'opère pas sur la noblesse d'âme de la jeune
femme. C'est précisément cette romance qui amorce l'éveil de Williams.
Le cadre du récit à la frontière sino-birmane déploie donc une intrigue d'espionnage apparentant le film à Casablanca
(1942). Mais la fêlure qui rendait le personnage de Humphrey Bogart si
attachant et vulnérable est absente chez Williams, et naîtra plutôt à
l'issue de l'histoire. Néanmoins Hathaway différencie bien cet égoïsme
simple de la fourberie de l'agent double incarné par Victor McLaglen. La
photo de Lee Garmes tisse de brillantes nuances pour accompagner les
jeux d'espions alors que la dévotion de miss Young s'accompagne d'une
imagerie immaculée, notamment lors du final dans l'école. La très
spectaculaire conclusion s'inscrit ainsi dans le pur film de guerre et
le drame qui va s'y jouer achèvera d'humaniser notre héros.
Les bonnes
intentions n'empêchent cependant pas un grand nombre de clichés faisant
la part belle aux américains sauveurs. Les japonais sont fourbes et
barbares (l'exécution massive en ouverture) et les chinois offre une
résistance plus philosophique (le père de Miss Young lisant un poème aux
enfants lors du bombardement) tandis qu'il faudra attendre l'éveil de
Williams (et symboliquement des américains désormais engagés) pour un
affrontement armé, victorieux et héroïque face aux japonais. L'émotion
fonctionne néanmoins dans le rebondissement final tragique et China Girl demeure une œuvre intéressante et typique de son contexte.
Sorti en dvd zone 2 français chez Fox
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