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lundi 25 mars 2019

Fast-Walking - James B. Harris (1982)


Un gardien de prison corrompu est impliqué dans un complot visant à tuer un noir prônant la révolte dans l'établissement.

On se souvient surtout de James B. Harris pour avoir été le producteur de son ami Stanley Kubrick sur ses premiers films L’Ultime Razzia (1956), Les Sentiers de la gloire (1957) et Lolita (1962). Après la fin de son association avec Kubrick, Harris passera à la réalisation avec certes une moindre reconnaissance que son ami mais pour une filmographie rare et singulière. Fast-Walking sort près de dix ans après la précédente réalisation de Harris, Some call it loving, relecture moderne et étrange de La Belle au bois dormant qui fut un échec commercial. Le film adapte un roman d’Ernest Brawley, ancien gardien de prison. C’est donc cette expérience qui sert un récit pénitentiaire où l’on suit Frank « Fast-Walking » Miniver (James Woods), maton pour le moins corrompu. Fumeur de joint invétéré, rabatteur de travailleurs mexicains vers le bordel tenu par sa belle-sœur, Miniver rêve du grand coup qui lui permettra de caresser un rêve de retraite en Oregon bien loin de la fange dans laquelle il vivote.

Le récit prend son temps pour dépeindre l’ambiance amorale, que ce soit les business douteux en dehors de la prison ou la violence latente dans cette dernière où se multiplie les assassinats sommaires. Le lien entre ces deux mondes s’incarne avec Wasco (Tim McIntire), cousin de Miniver et prisonnier « modèle » assigné à l’aide des gardiens. Lorsqu’il voudra monter un réseau de drogue au sein de la prison, c’est tout naturellement qu’il sollicite le concours de Miniver. James Woods trouve là son premier grand rôle où il parvient à imprégner d’une touchante humanité ce personnage trouble. 

Son aspiration secrète distille une mentalité plus romantique qui va s’affirmer par la rencontre avec la provocante Moke (Kay Lenz). La tension sexuelle entre les personnages traduit le conflit moral qui les habite, toute la verve des dialogues, des situations provocantes (la première rencontre est assez mémorable) et du défi permanent entre trahissant des sentiments plus profonds. Harris amène très joliment ces moments où se fend l’armure tel Moke presque choquée par le baiser vraiment tendre que lui donne Miniver, où alors cette complicité nocturne dans la tendresse et cette fameuse amoralité (une scène d’étreinte cédant à un usage inattendu de la carabine).

Tous le film repose sur cette dualité, y compris le cadre de la prison. Les deux prisonniers « vedettes » sont Wasco et Galliot (Robert Hooks) un militant Black Panther. La tension raciale n’est qu’une toile de fond (même si clairement ressentie) pour Harris, Wasco s’en servant pour ses intérêts financier et Galliot usant lui-même de façon ambiguë de son capital pour servir sa cause et future évasion. Les crimes « raciaux » (où un prisonnier est balancé des étages de rambardes des cellules) servent donc des projets tout autres et sont l’occasion de running gags tordant sur la direction dépassée de la prison. 

L’enjeu final n’est donc pas d’épouser une cause pour Miniver, mais en tout cas de choisir l’option qui le rendra riche ET apte à vivre pleinement sa romance avec Moke. C’est pourtant bien en courant ses deux lièvres qu’il aura une fâcheuse surprise au final. James B. Harris fait preuve d’une maîtrise exemplaire en plus de nous offrir un méchant mémorable avec un Tim McIntire génial, tout en éloquence menaçante. Un polar sacrément original, et l’association suivante entre James B. Harris et James Woods le sera tout autant avec Cop (1988), adaptation infidèle mais percutante de James Ellroy.

Sorti en dvd zone 2 français chez Warner

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