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vendredi 9 septembre 2022

Un million clé en main - Mr. Blandings Builds His Dream House, H.C. Potter (1948)


 Fatigués de vivre à New York, les époux Blandings décident de faire construire à la campagne la « maison de leurs rêves ». Mais le parcours, jusqu'à l'achèvement, sera semé d'embûches : entrepreneurs et ouvriers qui se font prier, tracas financiers, etc. Le rêve manque alors de tourner au cauchemar. Bien que conseillé par son ami Bill Cole, Jim accumule les bévues et fait construire sa maison sur un terrain hypothéqué.

Un million clé en main est une agréable comédie au sujet plutôt original et réunissant une fine équipe rompue au registre comique. Les faits d’armes de Cary Grant, d’Howard Hawks (L’impossible monsieur bébé (1938), La Dame du vendredi (1940), Allez coucher ailleurs (1949)) à George Cukor (Vacances (1938), Indiscrétions (1940)) ne sont plus à démontrer, Myrna Loy a promené son élégance distanciée notamment dans la série des Thin Man et l’on doit au réalisateur H.C. Potter une des merveilles du cinéma burlesque et absurde avec Hellzapoppin (1941). Le scénario (adapté d’un roman d’'Eric Hodgins publié en 1946) évoque une situation ordinaire qui a pu concerner bien des familles américaines, l’achat et la construction d’une maison. 

Contrairement à son remake Une baraque à tout casser (1986) avec Tom Hanks et jouant exclusivement la carte du gag « physique », Un million clé en main déroule de façon assez classique les différentes étapes et aléas de l’acquisition d’un bien immobilier. Le comique naît de l’inexpérience et du sentiment constamment dépassé par les évènements de Jim (Cary Grant) et Muriel (Myrna Loy) Blandings. Pour ce faire H.C. Potter travaille la notion d’accumulation pour faire perdre pied et ses nerfs à Jim et ce dès la géniale scène d’ouverture. Le sentiment étriqué de la vie urbaine en appartement se ressent dans ce réveil où la promiscuité, les pièces où partager une intimité mise à mal (excellent gag à rallonge de la salle de bain), le chemin de croix pour retrouver le moindre vêtement, forment un agacement progressif intenable qui faire naître insidieusement le besoin d’une demeure plus vaste. 

class="MsoNormal">Dès lors peuvent s’enchaîner galères administratives, imprévus de constructions, ouvriers distraits et laisser le récit se reposer sur l’abattage de Cary Grant, Myrna Loy et Melvyn Douglas en ami de la famille sardonique, pour un irrésistible comique de réaction. Le film est aussi une satire savoureuse de l’American way of life, les aspirations petit bourgeois du couple creusant parfois leur propre tombe dans les différents malheurs. Là encore la scène d’ouverture annonce cela avec les projets d’aménagements de l’appartement de Muriel qui laisse entrevoir son goût du tape-à-l’œil, puis seront sources coûts cachés hilarant dans la construction de la maison. C’est d’ailleurs l’occasion d’une merveille de gags lorsque face au terrain encore vierge, Jim et Muriel fantasment la demeure de leurs rêves, un cottage tout masculin pour Jim et un jardin rococo pour elle. Un petit délice de comédie inventive. 

Sorti en dvd zone 2 français aux éditions Montparnasse

 

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