Matias est un journaliste divorcé de 25 ans qui
essaie d'écrire un roman policier. Violeta, sa cousine, a 18 ans et
étudie le violon. Tout les sépare mais ils tombent pourtant amoureux
l'un de l'autre.
Premier long-métrage de Fernando Trueba, Opera Prima
témoigne déjà de l'appétence du réalisateur pour la comédie américaine.
Mais alors qu'il ira piocher ses influences dans le Hollywood classique
et la screwball comedy dans ses œuvres suivantes, Opera Prima
est lui lourdement marqué par l'ombre plus contemporaine de Woody
Allen. Le personnage de Matias (Óscar Ladoire), tout en logorrhée
angoissée noyant ses névroses sous les tics et les références
culturelles est clairement un pendant latin de la figure emblématique
créée par Woody Allen. L'intrigue rappelle plus spécifiquement Manhattan
(1979) à travers la romance avec Violeta (Paula Molina), cousine plus jeune
que Matias retrouve adulte à Madrid après avoir été son premier amant
lorsqu'elle avait 15 ans. Matias souffre aussi des mêmes frustrations
que le Woody de Manhattan par sa carrière d'écrivain qui piétine et ses
relations difficiles avec son ex-femme (Kiti Mánver). Trueba a
clairement du mal à s'extirper de cette influence écrasante et ce jusque
dans sa conclusion une nouvelle fois variation de celle de Manhattan.Le charme opère par intermittence lorsque Trueba parvient à instaurer
quelques situations plus spécifiquement associées au contexte espagnol.
Sous les peurs et l'insécurité amoureuse de Matias transparait aussi
celle de l'homme espagnol confronté à une nouvelle génération de jeunes
femmes indépendantes et émancipées, les dissensions venant ici de
l'amitié de Violeta avec un collègue musicien, et d'un voyage au Pérou
qu'elle envisage avec lui sans l'assentiment de Matias. Il y a aussi le
contexte provoquant de la Malavida en germe qui se profile en
arrière-plan durant les hilarantes scènes d'interview d'artiste de
Matias, qui expérimente les éructations d'un simili Bukowski ou la
nymphomanie d'une réalisatrice (Marisa Paredes) férue d'érotisme. Le
couple vedette dégage un charme certain, en particulier les scènes de
séduction qui précèdent l'officialisation de la relation. La scène
d'ouverture muette où Violeta suit longuement Matias dans la rue est
irrésistible, tout comme la tension érotique lorsqu'elle se change
devant lui dans son appartement, grâce à la répétition de ce moment pour
une issue différente. La réussite n'est cependant pas totale à cause
d'un rythme incertain et des réminiscences alleniennes déjà évoquées.
Tout comme dans son Sé infiel y no mires con quién
(1985) à venir et certes plus réussi, les contextes contemporains
rendent boiteux ce mélange avec la comédie américaine chez Trueba, alors
que dès qu'il l'associera à un fond historique plus consistant sous la
légèreté, les films gagneront en profondeur dans son cycle autour de la
Guerre Civile avec Manolo (1986), Belle Epoque (1992) et La Fille de tes rêves (1998). Encore bancal donc mais pas désagréable, le meilleur était à venir.Sorti en dvd espagnol
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