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dimanche 28 juillet 2024

Hellraiser: Bloodline - Kevin Yagher (1996)


 2127 : dans une cité de l'espace, le Dr. Merchant affronte Pinhead, le démon à la tête semée d'épingles... Ce combat est la dernière phase d'une lutte qui remonte à bien des années auparavant...

Hellraiser : Bloodline marque un quasi-point final pour la franchise puisque ce quatrième volet sera le dernier à sortir en salle avant des suites médiocres produites au rabais pour le marché vidéo. Clive Barker a aussi pour la dernière fois une relative main créative puisqu’il va orienter l’histoire avec Peter Atkins (scénariste de Hellraiser 2 et Hellraiser 3) sur des terrains inédits après le poussif film précédent. Hellraiser 3 se terminait sur l’image d’une galerie d’art inondé de reproduction gigantesque de la boite. Cette image marquante imprègne l’orientation du récit en faisant de l’artiste en question, John Merchant (Bruce Ramsay), l’héritier d’une lignée d’artistes à l’origine de la création de la boite. Le récit ambitieux se déroule ainsi sur trois temporalités, le passé nous dépeignant l’origine de l’arrivée des Cénobites au 18e siècle, le présent où Pinhead vient hanter John Merchant pour qu’il étende les pouvoirs de la boite, puis le futur lorsque l’ultime descendant des Merchant défie Pinhead dans une station spatiale pour ce qui doit être leur dernier affrontement.

Ce parti-pris renouvèle totalement la dynamique de la saga mais, cet effort sera gâché par les problèmes de production. Comme Hellraiser 3, le film est en partie pris en main par Dimension Films, branche consacrée aux films d’horreur de Miramax, la compagnie des frères Weinstein. Après avoir pourtant initialement validé le scénario, les Weinstein sont horrifié par le premier montage de Kevin Yagher, maquilleur de génie (notamment sur les sagas Freddy et Chucky) qui débutait là à la réalisation. La construction narrative est dénaturée par les multiples remontages, les interactions entre les personnages deviennent confuses après les nombreux reshoots (la relation Angélique/Pinhead revêt plus de tension érotique alors qu’ils étaient rivaux et ennemis) tandis que les transitions entre les époques se font abruptes et maladroites. Kevin Yagher jette l’éponge et laisse la place à Joe Chappelle qui se chargera de tourner les scènes supplémentaires répondant aux désirs des Weinstein. Face au résultat final (ne durant que 82 minutes), Kevin Yagher demandera à retirer son nom du générique et signera Alan Smithee.

Malgré ce massacre, le film a de vrais beaux restes qui font grandement regretter la réussite que cela aurait pu être. Formellement tout d’abord, les différentes temporalités amènent une atmosphère inventive et vénéneuse. Le climat décadent du 18e siècle se marie parfaitement aux incursions de magie noire, la photo instaurant une imagerie baroque et paillarde. La première apparition de Pinhead au présent est un mariage parfait du mystère menaçant de Hellraiser et de la grandiloquence glaçante de Hellraiser 2. La photo de Gerry Lively magnifie totalement la silhouette sinistre de Pinhead, notamment dans les espaces froids de du vaisseau spatial de la partie futuriste, le tout lorgnant sur le mélange de gothique et de SF exploré dans le Alien de Ridley Scott (1979.

Le personnage d’Angélique (Valentina Vargas) est un beau gâchis tant il semblait explorer des aspects différents des Cénobites, mais son look est un des plus mémorables de la saga. Enfin, après le grand-guignol inoffensif de Hellraiser 3, la vraie perversion est de retour avec son lot de mises à mort inventives, ses déformations et mutilations corporelles improbables convoquant des visions grotesques et innommables à la Jérôme Bosch. 

Les qualités sont donc là, mais desservies par un récit boiteux et maladroit, alors que la direction prise était la bonne pour donner un nouveau souffle à la franchise. Malgré le résultat très mitigé, c’est un film méritant le coup d’œil avant de fuir les trop (sept films de plus sortis 2000, 2002, 2005, 2011 et 2018, ainsi qu’un remake en 2022) nombreuses suites qui terniront l’aura de Hellraiser.

Sorti en bluray français chez L'Atelier d'image

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