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jeudi 30 juin 2011
Les Douze Salopards - The Dirty Dozen, Robert Aldrich (1967)
Pendant la Seconde Guerre mondiale, quelques temps avant le débarquement, douze criminels, tous condamnés à mort ou à perpétuité, se voient proposer une mission suicide en échange d'une amnistie: attaquer un château en France où se sont installés une trentaine de généraux nazis et en massacrer le plus possible.
Plus de dix ans après son brulot Attaque, Aldrich revient au film de guerre avec ce qui reste sans doute son oeuvre la plus populaire. Après des films comme Les Sept Mercenaires ou Les professionnels, la mode est au casting masculin collectif, chargé en testostérone, ici illustré par les présences viriles de Charles Bronson, Lee Marvin, John Cassavetes ou encore Telly Savalas. Cela, ajouté à la tonalité en apparence bien plus guerrière véhiculée par la promotion du film, tendrait à laisser croire que Aldrich a changé son fusil d’épaule depuis Attaque mais il n’en est rien.
Avec Les Douze Salopards, Aldrich compte bien inscrire ses thématiques et la tonalité générale dans les préoccupations du moment, au point de rejeter la première mouture du scénario de Nunnaly Johnson qui avait, selon lui, écrit « un film de 1945 ».
La construction est étonnante pour qui s’attend à un pur récit guerrier, puisque l’essentiel du film est consacré à l’entraînement des « salopards » qui, une fois prêts, iront effectuer leur mission à la fin du film. Les personnalités hautes en couleurs du groupe, leur statut à part au sein de l’armée, s’inscrivent dans une volonté de rébellion particulièrement communicative contre l’autorité. Lee Marvin (lui-même isolé au sein de l’armée) est parfait en mentor intraitable souhaitant faire de ses hommes des soldats sans pour autant dénaturer ce qui fait leur particularité et force, cette sauvagerie et rage féroce les rendant plus dangereux que de gentils soldats disciplinés. Le moment clé serait sans doute celui où le groupe se concerte pour ne pas se raser, afin d’accéder à de meilleures conditions, formant ainsi une entité enfin unie.
Si, dans Attaque, c’était l’ambition qui emmenait des personnalités perturbatrices sur le terrain, ce sera cette fois la nature même du conflit qui les révèlera. La séquence, lors de la mission finale, où notre commando asperge d’essence des nazis enfermés dans une cave et les fait brûler vif sans état d’âme, allusion directe aux attaques au napalm usitées au Vietnam, est explicite. Aldrich fait en partie ici la même chose que Robert Altman qui, plus tard dans M.A.S.H., parlera du Vietnam en prenant pour cadre prétexte la guerre de Corée. Les figures de soldats héroïques exemplaires sont pour un temps oubliées : elles n’étaient utiles que dans des conflits « justes », comme la 2e guerre mondiale. Pour des guerres aux enjeux plus ambigus, des barbares plus enclins à sauver leur peau que motivés par la bannière étoilée font autrement mieux l’affaire.
Les critiques américains ne comprendront pas la démarche d’Aldrich et taxeront le film de fasciste. Le malentendu vient certainement du fait que, contrairement à Attaque, plus austère, Les Douze Salopards ne se cache jamais de son statut de divertissement spectaculaire. L’anticonformisme des personnages leurs confère un charisme inédit pour l’époque, le film imposant ainsi un nouveau type de héros. Hormis d'ailleurs le psychopathe en puissance incarné avec délectation par Telly Savalas, les autres « salopards » doivent pour la plupart leur situation à un malheureux concours de circonstance, plutôt qu’à une réelle nature criminelle.
L’interprétation est remarquable, entre un John Cassavetes en rebelle individualiste, la force de la nature Clint Walker, Jim Brown en soldat noir en quête de respect et bien sûr un Charles Bronson impérial dans un rôle proche de celui du Jack Palance d'Attaque. Grand succès à l’époque, Les Douze Salopards demeure le mètre étalon du film de commando, qui par ses multiples degrés de lecture dépasse d’autres films plus ouvertement divertissant et spectaculaires comme Quand les aigles attaquent.
Sorti en dvd zone 2 français chez Warner
mercredi 29 juin 2011
L'Homme sans frontière - The Hired Hand, Peter Fonda (1971)
Après beaucoup d'années passées à vagabonder dans l'Ouest, Harry Collings est las de cette vie de cow-boy itinérant et choisit de retrouver le foyer qu'il a abandonné, voilà sept ans. Il part en compagnie de son inséparable ami Arch Harris, après avoir vengé de manière sanglante la mort d'un troisième compagnon dans un petit village en bordure du désert. Le retour s'avère délicat car Hannah, l'épouse d'Harry, qui s'était résignée à ne jamais revoir à son époux, appréhende difficilement ce retour.
A l'orée des années 70, le western est un genre sur le déclin et en plein questionnement. La vague du western spaghetti, la crépusculaire Horde Sauvage de Sam Peckinpah ont rendu impossible et désuet un retour aux classicisme originel d'autant que les grands maître comme Hawks, Hathaway ou Ford sont alors en fin de carrière. Sans disparaître pour autant le western fait alors sa mue avec des oeuvres adoptant une approche décalée par l'humour, la parodie ou un désamorçage des passages et intrigues archétypale du genre pour le meilleur (Little Big Man de Arthur Penn, Cable Hogue et Pat Garret et Billy le Kid de Peckinpah, Butch Cassidy et le Kid de George Roy Hill) et pour le pire comme avec le pénible Missouri Breaks porté par un Marlon Brando en flagrant délit de cabotinage éhonté.
Fraîchement promu superstar grâce au succès de Easy Rider, Peter Fonda apportait avec cette première réalisation une contribution remarquée à cette évolution du western. Il faudrait d'ailleurs plutôt parler d'anti western assumé tant la vision de Fonda, imprégnée de la contreculture hippie de l'époque détone, plus dans la forme que dans le fond néanmoins. Les passages obligés les plus spectaculaires et archétypaux sont systématiquement traités de la manière la moins hollywoodienne possible, que ce soit la mort lente et pathétique de l'acolyte Dan au début, les représailles sanglantes de Harry et Arch qui s'ensuivent ou encore un gunfight final d'une brièveté volontairement frustrante dans son déroulement.
Le réalisateur privilégie les moments contemplatifs et intimistes, fort réussis et touchants, principalement centrés sur le couple formé par Verna Blomm et Peter Fonda qui réapprend progressivement à se connaître et à former une famille après une séparation de sept ans.Formellement splendide, le film s'orne de quelques plans réellement somptueux portés par la photo automnale de Vilmos Zsigmond qui officiait pour la première fois dans un film de fiction et allait devenir le chef opérateur emblématique du Nouvel Hollywood.
Le score magnifique de Bruce Langhorne (pas sans évoquer celui de Morricone sur Les Moissons Du Ciel où on sent comme une influence du film de Peter Fonda) traduit à merveille le sentiment d'errance et de désenchantement qui traverse le film et accompagne parfaitement les purs moments de grâce tel la première nuit entre Verna Bloom et Peter Fonda.
La réalisation de Peter Fonda est parfois un peu datée dans certains de ses effets (les images fixes, les nombreux fondus enchaînés...) mais croise à merveille l'imagerie western classique et donc celle plus hippie et psychédélique en vogue comme ce dialogue entre Arch (excellent Warren Oates comme souvent) et Harry filmé de loin sous forme de silhouette tandis que le champ contre champ de leurs visages apparait en surimpression au dessus d'eux à la place du paysage, une belle idée. Hormis de petites longueurs par instants un bien beau film donc, parfaite photographie de son époque.
Sorti en dvd zone 2 français chez Carlotta
Extrait où on ressent bien l'influence que Fonda a pu avoir sur Terrence Malick
A l'orée des années 70, le western est un genre sur le déclin et en plein questionnement. La vague du western spaghetti, la crépusculaire Horde Sauvage de Sam Peckinpah ont rendu impossible et désuet un retour aux classicisme originel d'autant que les grands maître comme Hawks, Hathaway ou Ford sont alors en fin de carrière. Sans disparaître pour autant le western fait alors sa mue avec des oeuvres adoptant une approche décalée par l'humour, la parodie ou un désamorçage des passages et intrigues archétypale du genre pour le meilleur (Little Big Man de Arthur Penn, Cable Hogue et Pat Garret et Billy le Kid de Peckinpah, Butch Cassidy et le Kid de George Roy Hill) et pour le pire comme avec le pénible Missouri Breaks porté par un Marlon Brando en flagrant délit de cabotinage éhonté.
Fraîchement promu superstar grâce au succès de Easy Rider, Peter Fonda apportait avec cette première réalisation une contribution remarquée à cette évolution du western. Il faudrait d'ailleurs plutôt parler d'anti western assumé tant la vision de Fonda, imprégnée de la contreculture hippie de l'époque détone, plus dans la forme que dans le fond néanmoins. Les passages obligés les plus spectaculaires et archétypaux sont systématiquement traités de la manière la moins hollywoodienne possible, que ce soit la mort lente et pathétique de l'acolyte Dan au début, les représailles sanglantes de Harry et Arch qui s'ensuivent ou encore un gunfight final d'une brièveté volontairement frustrante dans son déroulement.
Le réalisateur privilégie les moments contemplatifs et intimistes, fort réussis et touchants, principalement centrés sur le couple formé par Verna Blomm et Peter Fonda qui réapprend progressivement à se connaître et à former une famille après une séparation de sept ans.Formellement splendide, le film s'orne de quelques plans réellement somptueux portés par la photo automnale de Vilmos Zsigmond qui officiait pour la première fois dans un film de fiction et allait devenir le chef opérateur emblématique du Nouvel Hollywood.
Le score magnifique de Bruce Langhorne (pas sans évoquer celui de Morricone sur Les Moissons Du Ciel où on sent comme une influence du film de Peter Fonda) traduit à merveille le sentiment d'errance et de désenchantement qui traverse le film et accompagne parfaitement les purs moments de grâce tel la première nuit entre Verna Bloom et Peter Fonda.
La réalisation de Peter Fonda est parfois un peu datée dans certains de ses effets (les images fixes, les nombreux fondus enchaînés...) mais croise à merveille l'imagerie western classique et donc celle plus hippie et psychédélique en vogue comme ce dialogue entre Arch (excellent Warren Oates comme souvent) et Harry filmé de loin sous forme de silhouette tandis que le champ contre champ de leurs visages apparait en surimpression au dessus d'eux à la place du paysage, une belle idée. Hormis de petites longueurs par instants un bien beau film donc, parfaite photographie de son époque.
Sorti en dvd zone 2 français chez Carlotta
Extrait où on ressent bien l'influence que Fonda a pu avoir sur Terrence Malick
mardi 28 juin 2011
Prince Vaillant - Prince Valiant, Henry Hathaway (1954)
Prince Vaillant, fils du roi de Scandie détrôné par des usurpateurs, se rend à la cour du roi Arthur pour y être adoubé. Sur les côtes d'Angleterre, il surprend les préparatifs d'un complot visant le souverain.
Adapté du célèbre comics de Harold Foster, Prince Vaillant est une sorte de réponse de la Fox aux films médiévaux à succès de la MGM réalisés par Richard Thorpe, Ivanohé et Les Chevaliers de La Table Ronde. Le résultat est tout de même moins excitant ici, la faute à une orientation plus pensée pour la jeunesse et qui édulcore pas mal la teneur fantastique de la bd et simplifie grandement la personnalité de son héros. Le film n'en reste pas moins plutôt agréable à suivre grâce au talent de Henry Hathaway et de l'ampleur des moyens déployés.
L'histoire est assez classique et dénué de surprise avec ce parcours initiatique de Valiant destiné à devenir chevalier au bout de ses multiples aventures. Le tout jeune Robert Wagner malgré une coiffure ridicule (coupe au bol détonante qui offre une sorte de mix entre Mireille Mathieu et le Professeur Spock) campe un prince innocent et plein d'allant, compensant son manque d'expérience au combat par une bonne dose d'astuce, ainsi qu'un agilité largement exploitée tout au long du film.
James Mason le domine pourtant nettement pas sa présence ténébreuse et imposante, et le scrip peine dissimuler sa nature de fêlon avant qu'elle ne soit effective dans le récit. C'est clairement le personnage le plus consistant en dehors de Valiant (ainsi que Sterling Hayden excellent en Gauvain), les autres ayant plus de mal à exister notamment une Janet Leigh assez transparente malheureusement.
Visuellement, c'est un Moyen Age Hollywoodien dans toute sa splendeur, kitsch par son débordement de couleur et de postiches improbables, mais aussi très impressionnant par ses moyens démesurés. Décors studio somptueux, reconstitution imposante de château fort en dur ou matte painting soigné en arrière plan et batailles aux figurants innombrables, le film est un plaisir des yeux de tout les instants (notamment de magnifiques séquences en forêt) dans un scope maîtrisé et un technicolor chatoyant mis en valeur par un Haathaway dont le savoir-faire n'est plus à démontrer.
C'est plutôt au niveau du scénario que cela pêche. La jeunesse de Valiant oriente les enjeux vers le film pour enfant d'où le choix d'un Robert Wagner alors inconnu, lloin du charisme du plus rugueux Robert Taylor. La première partie est ainsi très longuette et poussive lorsque l'histoire s'attarde sur l'histoire d'amour plutôt niaise entre Valiant et Aleta, totalement dénuée de piquant puisque l'innocence est privilégiée au détriment des mots d'esprits.
La deuxième partie chez les viking est nettement plus prenante, avec un Valiant multipliant les ruses pour s'évader et renverser l'usurpateur, au terme de nombreuses péripéties dont une scène de siège très réussie. Quand à la conclusion, elle est assez mémorable avec un long duel à l'épée entre Wagner et James Mason, palpitante et superbement filmé par Hathaway, qui fait enfin montre de l'agressivité et du punch qui manque au reste du film. Pas un grand film donc, mais néanmoins une fort agréable sucrerie typique du grand spectacle Hollywodien de la grande époque. La bd quant à elle connaîtra bien plus tard une seconde adaptation en 1997 réalisée par Anthony Hickox peut-être plus fidèle, à voir sans doute...
Sorti en dvd zone 2 français chez Wild Side dans une belle édition et un bluray (uniquement sous-titré anglais) est paru à l'import également.
lundi 27 juin 2011
Place aux jeunes - Make Way for Tomorrow, Leo McCarey (1937)
Un vieux couple, Lucy et Barkley Cooper, réunissent leurs enfants pour leur annoncer qu'ils risquent de perdre leur maison s'ils ne trouvent pas rapidement une somme relativement importante. Chacun des enfants a une bonne raison d'échapper à cette facture. Il est finalement décide que Lucy ira habiter chez Georges, et Barkley chez Cora jusqu'à ce que Nellie ait un appartement assez grand pour les héberger ensemble. La cohabitation s'avère vite difficile.
Interrompant le cycle d'une suite de comédie à succès, Place aux jeunes voyait McCarey s'attaquer à ce qu'il considérait comme son film le plus important et personnel avec ce drame poignant. La même limpidité, sincérité et absence d'esbroufe par lesquels il savait amener gags et les éclats de rire sera ici appliquée pour cette fois provoquer les larmes. L'histoire, simple, est à la fois typique de son contexte de crise des années 30 mais aussi terriblement universelle. Un vieux couple (Beuhla Bondi et Victor Moore) endetté est contraint de quitter sa demeure faute de moyen et de s'installer séparément chez leur enfants. Commence là une lente déchéance.
Une des grandes forces du film, c'est la simplicité de son traitement où une certaine austérité narrative et un manque d'emphase dramatique volontaire ne rendant finalement l'émotion que plus forte. Les deux vieillards vont ainsi constater peu à peu à quel point il constitue une gêne pour leur entourage, du simple fait de leur présence et de l'attention qu'ils nécessitent.Il n'y pourtant aucun méchant, aucun personnage réellement négatif dépeint par McCarey et le script explicite toutes les raisons valables rendant difficile cette cohabitation forcée (manque de moyens financiers, exiguïté des logis) mais n'exclut certainement pas l'injuste égoïsme et le sentiment de rejet dont sont l'objet Lucy et Bark qui n'ont comme tort que de voir leur rythme se ralentir dans un naturel cycle de la vie quand leur entourage déborde d'énergie et d'activités.
La cruauté et la tendresse se mêle ainsi lorsque Beuhla Bendi par sa démarche incertaine puis les grincements de sa chaise à bascule a le tort de troubler la leçon de bridge de sa belle-fille, et ce n'est pas l'émotion d'une conversation téléphonique en fin de séquence qui atténuera l'agacement révoltant dont auront fait preuve les joueurs auparavant. Victor Moore aura aussi droit à son lot d'humiliation entre les soins forcés et mécanique de sa fille et la condescendance d'un jeune médecin.
La performance extraordinaire de Victor Moore et Beuhla Bondi est à saluer d'autant plus qu'il n'avait absolument l'âge des rôle. C'est particulièrement vrai pour une Beula Beundi à peine quarantenaire qui par la force du maquillage, de l'allure frêle et du regard résigné qu'elle parvient à adopter exprime toute la fragilité et la détresse de cette femme. La scène où elle anticipe l'annonce de son fils de l'envoyer en maison de retraite est une des plus touchante du film et une nouvelle fois la sobriété voulue par McCarey rend le tout d'autant plus insoutenable, tout comme cet autre court moment où elle demande à sa petite-fille le droit d'entretenir ses maigres illusions. De courte retrouvailles en forme de retour vers un passé où ils avaient la vie devant eux est accordé à notre couple le temps d'une belle et longue séquence à New York se concluant dans l'hôtel de leur lune de miel. Comme durant tout le film le ton souffle le chaud (la nostalgie ressentie à la vue du tableau de l'ancien hall de l'hôtel tel qu'ils l'ont connut) et le froid (la mine dubitative du couple le maître d'hôtel parlent du bonheur qu'ils ont eu à voir grandir leur cinq enfant et la terriblement lucide blague de Victor Moore) qui culmine avec une déballage que nous n'entendrons pas où Bark dit enfin à ses enfants l'opinion qu'il a d'eux.
L'alchimie, la tendresse complice du couple et l'amour ressenti dans les regards échangés du vieux couple magnifie ces derniers instants avant une issue inéluctable. Ultime audace de McCarey, la séparation finale esquive une issue de mélodrame facile (qui aurait sans doute assuré un plus grand le succès du film plutôt que la gêne ressentie) attendu. Ce n'est pas la mort qui séparera Bark et Lucy, mais l'indifférence d'un monde pour lequel ils sont désormais un poids dans une dernière scène poignante. L'insuccès du film sera un tel crève coeur pour McCarey qu'en recevant l'année suivante l'Oscar du meilleur réalisateur pour Cette sacrée vérité réalisé dans la foulée, il déclarera que c'est pour le mauvais film. Il semble que le sujet était aussi dérangeant pour Hollywwood et les spectateurs de l'époque que ne l'était les personnages eux même dans le cadre du film.
Sorti en dvd zone 2 français chez Bac Films
Extrait
dimanche 26 juin 2011
Bonjour les vacances 2 - National Lampoon's European Vacation, Amy Heckerling (1985)
European Vacation est la suite du cultissime National Lampoon's Vacation (Bonjour les vacances en vf) géniale comédie qui voyait le père de famille Chevy Chase vivre avec sa petite famille des vacances aussi cauchemardesques qu'hilarante durant leur périple à travers les Etats-Unis. Les talents associés de John Hughes au script et de Harold Ramis pour sa deuxième réalisation ainsi que l'abattage comique de Chevy Chase avait donné une comédie irrésistible et attachante au succès massif.
Deux ans plus tard une suite est donc mise en route, Ramis passé à la vitesse supérieure avec Ghostbuster laisse sa place à la moins douée Amy Heckerling (Fast times at Ridgemont High teen comedy fort sympathique, Clueless nettement moins) et John Hughes rempile au script. Le couple Chevy Chase/Beverly D'Angelo est à nouveau réuni mais le casting change pour les rôles de leurs enfants (notamment Anthony Michael Hall excellent dans le premier film et devenu star entre temps grâce à Breakfast Club) avec de nouveaux acteurs donnant nettement plus dans le cliché adolescent et bien moins attachant.
National Lampoon Vacation offrait un regard tendre et moqueur sur la famille moyenne américaine et donnait dans la caricature tordante pour décrire l'Amérique profonde qu'ils traversaient, truffée de rednecks illétrés, de buveurs de bière et d'amateurs d'armes en tout genre. Ce second volet reprend donc le principe cette fois étendu à l'Europe,l'argument d'un gain à un jeu télévisé (avec John Astin le Gomez de La Famille Adams en présentateur déjanté) amenant nos héros à parcourir le vieux continent et précisément Rome, Paris, Londres et l'Allemagne rurale. Une nouvelle fois le scénario de Hughes moque autant les clichés attachés à ses contrées que l'ignorance crasse des américains pour le reste du monde.
Chevy Chase est grandiose dans ce registre, la mine autosatisfaite, se croyant maître de la situation et accumulant les gaffes. Parmi les moments savoureux, la difficile acclimatation à la conduite à gauche en Angleterre qui le voit tourner des heures durant dans un rond point, la visite express du Louvres sous prétexte qu'il ferme dans 15 minutes, l'invasion du domicile de retraités allemand qu'ils ont confondus avec leur famille sans parler des tentatives "d'adaptations" aux moeurs locales (toute la famille qui adopte le béret ridicule à Paris). le tout début du film avant le voyage lorsque chacun imagine l'Europe de ses rêves est gratiné aussi, Chevy Chase imaginant l'Allemagne comme un un décalque de La Mélodie du bonheur.
Fous rires garantis lorsqu'il s'agit de mettre en boîte les européens même si les gags sont inégaux. La légendaire goujaterie du parisien moyen offre formidable dialogue à double sens entre notre famille et un serveur très indélicat, la grande gastronomie française se résume à des surgelés chauffés en douce (sur fond de Marseillaise guillerette) et Paris est bien sûr peuplés de voleurs. L'épisode Londonien est tout aussi grossier avec des anglais tous dotés d'un accent cockney infernal (et Chevy Chase de sortir son traducteur électronique à la première occasion), qui conserve leur flegme même en cas d'accident de la route et dont les hôtel son dépourvus de salle de bain. Le casting regorge d'ailleurs d'acteurs locaux venus s'amuser, Victor Lanoux est très à l'aise en voleur de charme et le Monty Python Eric Idle toujours aussi allumé.
Très sympathique donc mais tout de même en dessous du premier film car la farce domine et la famille est moins attachante cette fois (hormis Chevy Chase parfait) et c'est nettement moins intemporel avec les tenues et ambiances 80's criardes ainsi que des références (les allusions à Lady Di) qui le date définitivement alors que le précédent gardait un côté universel pour quiconque avait parcourut les routes des vacances en famille. Il y a eu 3 autres déclinaison Christmas Vacation (1989), Las Vegas Vacation (1997) et une récente en 2010 pour un court-métrage publicitaire avec toujours Chevy Chase/Beverly d'Angelo à tenter éventuellement même si ça parait moins inspiré...
Sorti en dvd zone 1 et doté de sous titres franças, pour les "fans" il il a même un box désormais disponible réunissant tous les épisodes.
vendredi 24 juin 2011
Au nom du peuple italien - In nome del popolo italiano, Dino Risi (1971)
Mariano Bonifazi (Ugo Tognazzi) est un juge des plus impartial. Il a toujours jugé un procès en son âme et conscience. Mais lorsqu'il doit juger une affaire de meurtre concernant une call-girl dont Lorenzo Santenocito (Vittorio Gassman), un industriel, est suspecté, il tente de compromettre ce dernier.
A l’orée des années 70, la société italienne vit une période de trouble constant. C’est l’ère des « Années de Plomb » voyant la population soumise à rude épreuve par les méfaits des Brigades Rouges, tandis que la classe politique et les puissants s’acoquinent librement avec la mafia dans une corruption généralisée. Le cinéma italien de l’époque saura se nourrir de ces temps troublés, que se soit dans son versant sérieux (Confession d'un commissaire de police au procureur de la République de Damiano Damiani), ludique et déviant avec la vague du « polar rital », totalement autre sur un film comme Tire encore si tu peux, western hors normes de Giulio Questi ou encore la satire Enquête sur un citoyen au dessus de tout soupçons d'Elio Petri. Plus récemment, des films comme Nos meilleures années, Mon frère est fils unique ou Buongiornio Notte aborderont intelligemment et sans concessions les déchirements humains et idéologiques de ce moment de l’histoire italienne.
Pourtant, c’est le genre phare d’alors, la « Commedia all'italiana » qui s’attaque le plus frontalement à ces thèmes pleins de souffre, à travers des films aussi hilarants que grinçants. Il fallait bien le plus méchant et cynique des réalisateurs du mouvement, Dino Risi, pour livrer le film symbole de ces temps angoissés. A travers les héros du film, Risi oppose deux idéologies, convictions politiques et visions de vies. D’un côté la droiture morale, le sens de la justice et des valeurs, incarnés par un Ugo Tognazzi impressionnant de détermination. De l’autre l’arrivisme, la corruption et l’arrogance dans ce qu'elle a de plus abject, incarnés par un Vittorio Gassman se délectant de ces rôles de pourritures où il est passé maître. Les méthodes des personnages pour arriver à leurs fins répondent à cette confrontation de tempérament et de style.
Le procureur Bonifazzi mène son enquête méticuleusement, accumule rigoureusement preuves et indices implacables et harcèle avec psychologie et méthode un Gassman qui n’en mène pas large. Risi use d’ailleurs de tous les stratagèmes imaginables pour nous le rendre le plus odieux et détestable possible. Époux infidèle, père indigne et capable du pire, comme lorsqu’il envoie son propre père à l’hospice lorsque celui-ci ne s’avère pas apte à livrer un alibi satisfaisant pour le disculper. Son sentiment d’impunité se fait ressentir de diverses manières, par le dialogue, avec ses tentatives sournoises de corruption du procureur, ou de manière symbolique, comme lors de ce moment sublimement grotesque où il déboule dans le bureau de Tognazzi dans un déguisement d’empereur romain.
Pour compléter le tableau, on peut y ajouter un tempérament réactionnaire s’exprimant dans une scène où il invective un hippie qu’il a pris en stop, lui affirmant que sous ses velléités libertaires et insouciantes, il est tout de même bien content d’être mené à bon port dans une belle voiture. Horrible mais finalement terriblement lucide, ce qui pourrait parfaitement résumer l’histoire…
A ce stade, on peut facilement voir dans le film une vraie idéologie de gauche, un ton engagé et virulent, mais c’est mal connaître le cinéma de Risi. Avant d’entamer une carrière dans le cinéma, il fut psychiatre, formation qui se ressent dans toute son œuvre. De manière spectaculaire dans un film comme Les Monstres, où il se délecte des personnages difformes et excessifs avec en point d’orgue l’ultime sketch terriblement dramatique où un boxeur sur le retour se fait démolir sur le ring à cause de la cupidité d’un manager joué par Gassman. Ce dernier jouait déjà un personnage proche de celui de Au nom du peuple italien dans L’homme à la Ferrari : déjà un riche déphasé avec son époque, menteur, lâche et réactionnaire qui redécouvrait l’ivresse des sens au contact d’une jeune maîtresse. Plus qu’un message politique ou un discours moralisateur, ce qui intéresse Risi c’est les errements intérieurs de l’homme, son dysfonctionnement dans ses contradictions qui le rendent finalement humain. Dans Une Vie Difficile, les événements politiques jalonnant l’Italie de l’après guerre ne servaient finalement que de toile de fond pour illustrer le parcours initiatique de son héros, qui devait apprendre à équilibrer ses priorités entre ses convictions et son entourage.
Il en est de même ici où la conclusion terriblement cynique remet en cause de manière cinglante tout ce que l’on a vu précédemment. (attention spoiler ne pas lire les lignes suivantes si vous préférez garder la surprise intacte) Le personnage de Gassman, aussi ignoble soit-il s’avère innocent et Tognazzi ne peut se résoudre à fournir la preuve qui l’innocentera et le laisse croupir en prison. Sa détermination se voit renforcée par une conclusion magistrale où il se retrouve soudainement encerclé par une horde de tifosi en furie après la victoire de l’équipe nationale de football. Tourmenté qu’il est par sa découverte, il les voit tous avec le visage de Vittorio Gassman, symbole de cette Italie inculte et stupide, et renforce ainsi sa conviction de faire tomber son suspect. (fin spoiler)
Les deux personnages, dans toutes leurs oppositions, restent les revers d’une même pièce, l’humain qui dans ses choix se laissera toujours guider par son cœur. Choix plus affirmés et sincères chez Gassman, qui ne se cache pas de ce qu’il est, et finalement plus hypocrites sous couvert de justice chez Tognazzi, qui, malgré l’image de droiture qu’il a dégagée tout du long, fera finalement passer sa rancœur avant la vérité. Le plus sournois n’est pas celui qu’on croit, et Gassman ne serait il pas plus représentatif dans ses excès de l’italien qu’on aime détester mais qui demeure fascinant? Les multiples come-back politiques d’un Silvio Berlusconi, dont les travers sont pourtant bien connus par ses concitoyens, sont sans doute une forme de réponse…
Sorti en dvd zone 2 français chez Studio Canal
jeudi 23 juin 2011
Les Yeux du témoin - Tiger Bay, Jack Lee Thomson (1959)
Gillie, une fillette de 12 ans, a vu le jeune marin polonais Korchinsky abattre sa petite amie avec un révolver. Gillie lui subtilise l'arme, mais lorsque la police la découvre en possession du révolver, elle invente des histoires, car des liens particuliers se sont tissés entre elle et le meurtrier...
Une très belle découverte que ce déroutant mélange de thriller et de récit initiatique sur l'enfance. Le film marque la première apparition à l'écran de la jeune Hayley Mills, fille de l'acteur John Mills (également là dansle rôle de l'inspecteur de police) dont l'impressionnante performance lui vaudra une pluie de récompense et d'être l'enfant star des productions Disney du début 60's.
Tout le film est affaire de dualité, entre ombre et lumière, innocence et manipulation, attachement et rejet. Le jeune et avenant marin polonais Korchinsky revenu de mer découvre que sa fiancée l'a trompée et est entretenue par un autre homme, et face au violent rejet qu'elle lui oppose la tue dans un moment d'égarement. La jeune Gillie (Hayley Mills) témoin de la scène va parvenir suite à un concours de circonstance à s'emparer de l'arme du crime un revolver et une poursuite va alors s'engager. Le film prend alors un tour étonnant puisque passé quelques haletantes séquences à suspense le scénario cesse soudain d'opposer poursuivant et poursuivie pour les rapprocher.
Des signes avant-coureurs nous auront montrés que les deux personnages incarnent finalement deux solitudes qui ne pouvait que se reconnaître. Elevé sans passion par sa tante, Gillie est une fillette livrée à elle même cachant son mal être et le rejet des autres dans une exubérance et une mythomanie mettant à rude épreuve son entourage. Quant à Korchinsky, il a vécu toute sa vie en mer et quant son seul rattachement à la terre et une vie normale (ainsi que ses racines polonaise) le trahit cruellement, c'est un véritable déchirement.
Le ton du film oscille ainsi constamment entre la dureté du récit policier et une certaine candeur dans la relation entre ses deux personnages. Jack Lee Thomson alterne visuellement une authenticité qui annonce le "free cinéma" des 60's avec son Cardiff portuaire et cosmopolite, une stylisation typiquement "film noir" lors des séquences nocturnes où la ville prend un tour oppressant dans les yeux de la fillette (et l'esprit agité de Korchinsky) et un naturalisme tout en douceur lors de tout les échanges entre Gillie et Korchinsky.
Toutes ses facettes peuvent même s'entrecroiser comme lors de ce moment ambigu (qui se renouvellera lors de la conclusion) où Korchinsky a l'occasion de se débarrasser radicalement de cette gamine gênante mais ne peut s'y résoudre. Horst Buchholz en écorché vif trop nerveux mais au coeur tendre est épatant de bout en bout et Haley Mills en petite teigne est parfaite et déploie un registre impressionnant pour son jeune âge dans un récit aussi sombre. Jack Lee Thomson envisageait d'ailleurs au départ le rôle pour un petit garçon avant d'être soufflé par les capacités de Hayley Mills.
Les repères sont si perturbés que le personnage le plus droit et équilibré du film en deviendrait presque antipathique avec l'inspecteur de police joué par John Mills traquant le coupable sans relâche. sa pugnacité sans faille est d'ailleurs l'occasion de vingt dernière minutes soufflante de tension en pleine mer où Jack Lee Thomson (qui signe là un de ses tous meilleurs films) déploie des trésors d'inventions pour faire grimper la tension. Si (forcément) la morale est sauve au final, le film nous aura brillamment emmené tout du long dans des émotions inattendues.
Sorti en dvd zone 2 anglais uniquement et doté de sous titres anglais
Extrait avec une Hayley Mills fabuleuse
mercredi 22 juin 2011
Vincent, François, Paul... et les autres - Claude Sautet (1974)
Sixième film de Claude Sautet, Vincent, François, Paul... et les autres est un de ses grands succès commerciaux et s'inclut dans cette période de créativité intense qui le voit enchaîner dans la foulée Les Choses de la Vie (LE film où il se réinvente), Max et les Ferrailleurs et Mado.
Vincent, François, Paul... et les autres est un film placé sous le signe du déclin, et plus précisément du déclin masculin. Déclin moral, physique, intellectuel ou professionnel à travers les différents personnages principaux, déclin que l'on vit douloureusement ou que l'on appréhende avec Jean (Gérard Depardieu), figure plus juvénile que les cinquantenaires usés qu'il côtoie et également à la croisée des chemins de son existence avec sa petite amie enceinte et sa carrière de boxeur stagnant.
Sans réelle intrigue directrice, le film (adapté d'un roman de Claude Neron qui collabore au scénario) nous promène sur quelques semaines dans différentes tranches de vie de cette bande de copain, les crises qu'ils traversent se dessinant en filigrane. Le drame se noue dans leur incapacité à y répondre pour différentes raisons et se fait le portrait de la faillite d'une certaine masculininité typique de l'époque. Vincent (Yves Montand) s'avère ainsi incapable d'expliquer ses difficultés financières à sa petite amie lors d'un violent échange qui scelle leur rupture, puisque sa fierté l'empêche de la rattraper quand il en a encore l'occasion.
La seule a qui il peut s'ouvrir, maladroitement certes (superbe dialogue emprunté de Montand lors des retrouvailles avec Stephane Audran) c'est son ex femme qui le connaissant décèle le malaise sous les airs bravaches. Vincent vit dans le souvenir de l'erreur qu'il commis en la laissant partir (poignant et furtifs flashbacks amenés tout en finesse par Sautet) et se ravisera bien trop tard.
François (Michel Piccoli) est lui un être dont toute la chaleur s'est éteinte dans le renoncement à ses idéaux et le confort bourgeois, traversant son existence en fantôme et incapable de réagir (si ce n'est par la violence ultime aveux de dépit et d'impuissance) aux infidélités de sa femme délaissée. L'écrivain raté incarné par Serge Reggiani est moins développé dans ses errements créatifs mais l'acteur lui confère une telle humanité et une forme de détresse contenue qu'il n'y guère besoin de reproduire artificiellement le schéma narratif de ses partenaires.
Sautet surprend dans le dernier tiers en rompant la linéarité de son récit par l'intrusion d'une voix off omnisciente nous expliquant les sentiments de ses héros. La forme littéraire reprend momentanément ses droits comme pour appuyer telle une chape de plomb l'enfermement existentiel des personnages, bien plus fort par ce procédé prenant un recul résigné sur les évènements. Un superbe film choral magnifiquement interprété par un casting à l'alchimie palpable dont l'aspect daté offre au contraire une belle patine nostalgique. Malgré les épreuves traversées, les sacrifices et les abandons concédés, c'est bien l'image de ses copains soudés, complices et heureux d'être ensemble qui s'imprègne en nous quand arrive le générique de fin.
Sorti en dvd zone 2 chez studio Canal
mardi 21 juin 2011
Thunder Road - Arthur Ripley (1958)
Un vétéran de la guerre en Corée revient dans son village reprendre l'affaire de contrebande d'alcool de son père. Il va devoir lutter contre les gangsters de la ville voulant imposer un monopole et échapper aux policiers qui veulent le mettre en prison.
Thunder Road est le projet le plus personnel de Robert Mitchum et lui qui habituellement dégage une telle image de désinvolture s'y investit au point d'en être le produit, coscénariste (inspiré de l'accident de la route fatale d'un contrebandier dont fut témoin le scénariste James Agee qui communiqua l'histoire à Mitchum) et interprète de la chanson titre qui sera d'ailleurs un grand succès. Cet engagement constitue à la fois la réussite et la limite du film, tout ce qui a trait au personnage de Mitchum passionnant souvent alors que l'intrigue en elle même ne s'élève guère au dessus du niveau moyen du genre.
C'est donc dans une pure ambiance rurale que nous suivons un Robert Mitchum contrebandier de père en fils, as du volant opérant dans les montagnes du Kentucky et du Tennessee. Notre héros se trouve à la croisée des chemins de son existence, après être revenu de l'armée et découvert le monde son petit village semble bien étroit mais il s'accroche pourtant obstinément à cette vie casse cou désormais en sursis depuis qu'il est menacé par de dangereux gangsters et des agents du trésor. Ces interrogations se poursuivent dans sa vie sentimentale où il est partagé entre un amour pour une chanteuse de la ville symbole d'un possible ailleurs et une fille de sa région rassurante mais le maintenant dans cette fange.
Les questionnements du personnage, son rapport à sa famille et son caractère jusqu'au boutiste constituent le principal intérêt , bien aidé par la formidable prestation de Mitchum mais handicape finalement le reste du film. Arthur Ripley, réalisateur peu expérimenté ayant cependant fait une belle carrière dans des postes annexes (des débuts de scénariste en collaboration avec Capra notamment, auteur de gag pour le studio Max sennett au temps du muet, monteur...) n'est pas l'homme de la situation et débordé par le charisme de son interprète principal peine à gérer les différents enjeux du film. La pure intrigue policière manque vraiment de tension et de nervosité avec un Jacques Aubuchon peu menaçant en caïd (et qu'on voit bien peu au final), Gene Barry ne faisant guère mieuxconvaincant en agent du trésor au trousse de Mitchum, ce dernierles écrasant littéralement de présence à chaque face à face.
Ca n'en reste pas moins un spectacle alerte et plaisant notamment pour ses formidables et nombreuses poursuites en voitures, rondement menées pour l'époque. Petite curiosité également le fils de Robert Mitchum (sosie en plus jeune de son père) joue ici le rôle de son jeune frère, initialement prévu pour Elvis Presley mais ce filou de Colonel Parker se montra trop gourmand sur le cachet.
Sorti en dvd zone 2 français chez MGM