vendredi 17 juin 2011
Attaque - Attack !, Robert Aldrich (1956)
Durant la Seconde Guerre Mondiale en 1944, le lieutenant Joe Costa (Jack Palance) se trouve sous les ordres du capitaine Erskine Cooney (Eddie Albert). Ce dernier, terrifié par le combat, fait tuer par sa lâcheté un groupe de la section commandée par Costa.
En l’espace de trois premiers films exceptionnels, Robert Aldrich se révéla un auteur complet à tout les égards, à l’aise dans tous les genres (western pour Vera Cruz et Bronco Apache, film noir avec En Quatrième Vitesse, drame sur Le Grand Couteau) et aux thèmes forts : entre autres son cycle sur la critique de Hollywood et le monde du spectacle, entamé avec Le Grand Couteau puis poursuivi dans Qu’est -il arrivé à Baby Jane ? et Le Démon des femmes.
Auréolé du succès public et critique des films précités, Robert Aldrich bénéficie donc d’une liberté sans précédent, qui lui permettra de livrer un des films de guerre les plus virulents qui soit. Jusque là, les films de guerre s’étaient contentés de livrer des récits humanistes et/ou patriotiques où, en dépit de l’invention formelle (le fameux Aventure en Birmanie, qui redéfinit la manière de filmer la jungle), l’engagement des USA dans divers conflits en parallèle (2e Guerre Mondiale puis Guerre de Corée dans les 50’s) empêchait d'aborder de manière critique le fonctionnement de l’armée américaine. Conflit "juste", la Seconde Guerre Mondiale n'autorisait pas une vision ambiguë de l'armée mais la plus discutable Guerre de Corée (et plus encore le Vietnam plus tard) amenait enfin son lot d'interrogations notamment dans le très bon La Gloire et La Peur de Lewis Milestone. Parmi tout les films de cet époque, c'est pourtant bien Attaque qui change radicalement la donne avec une rare noirceur.
La pathétique séquence de boucherie humaine ouvrant le film suffit à définir les deux personnages principaux. Jack Palance, en soldat modèle, vit la perte de chacun de ses hommes de manière viscérale tandis que Eddie Albert apparaît immédiatement comme le fils à papa couard qu'il est. On voit comment le privilège des classes et l’ambition personnelle prennent le pas sur le collectif, poussant le Colonel incarné par Lee Marvin à maintenir en place un incompétent, causant ainsi la perte de son unité.
La seconde mission se soldera ainsi par un immense désastre exacerbant les traits de caractère de chacun. Cooney, totalement dépassé, se révèle tour à tour pitoyable et détestable, petit garçon jamais sorti du giron d’un père violent et castrateur mais également véritable ordure méprisable, suscitant la haine la plus profonde du spectateur lors de la séquence où Palance, à bout de force, essaie de le tuer après qu'il l'ait nargué sans vergogne. A ce degré de dégoût, on ne peut que saluer l’interprétation extraordinaire de Eddie Albert.
Habitué ailleurs aux seconds rôles de méchants, Jack Palance trouve en Costa l'écorché vif, après le réalisateur dépressif du Grand Couteau, un nouveau très grand rôle chez Aldrich. Lee Marvin, quant à lui, sourire goguenard et cigare au bec, est sans doute le personnage le plus odieux du film. Théâtral et spectaculaire, Attaque n’est sauvé du nihilisme total que par sa conclusion, où l’humanisme dépasse enfin l’arrivisme, lorsque Woodruf (très bon William Smithers) se décide malgré la menace à relater les événements en haut lieu.
Sorti en dvd zone 2 français chez MGM
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