Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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lundi 13 juin 2011

Le Meilleur des mondes possible - O Lucky Man, Lindsay Anderson (1973)


Mick Travis, jeune homme ambitieux, est décidé à faire fortune le plus vite possible. Cette rage de réussir enthousiasme Gloria Rowe, une publicitaire, qui l'engage pour représenter la marque Imperia Coffee. Mick se voit bientôt confier la prospection de tout le nord-est de l'Angleterre. Mais il joue de malchance et, au cours d'une tournée, il est pris pour un espion et fait prisonnier par le service de sécurité d'un centre de recherche atomique secret. Il parvient cependant à s'échapper et se retrouve dans la voiture d'un infirmier en quête de volontaires pour des expériences médicales...

Devenu superstar grâce à Orange Mécanique Malcolm McDowell décidait de renouer avec le rôle qui l'avait révélé, le Mick Travis du If.... de Lindsay Anderson. Difficile cependant de faire lien entre l'ado rebelle de If... et le héros de ce O Lucky man et plutôt qu'une suite directe ce nouveau film constitue plutôt un prolongement des idées et réflexions de If.... L'idée de départ vient donc de Malcolm McDowell qui rédige un premier script s'inspirant de sa courte carrière de vrp en café à une période de vache maigre. Pas totalement satisfait Anderson remanie le scénario en lui donnant plus d'ampleur (finalement la vente itinérante de café ne constitue qu'un court épisode au début) et y ajoute certaines trouvailles comme d'adjoindre les chansons d'Alan Price (l'idée lui vient après une tentative de documentaire avortée sur la tournée de l'ancien organiste des Animals) pour commenter ironiquement les mésaventures de Mick Travis.

On avait quitté Malcolm MacDowell armes au poing mitraillant les figures d'autorité à la fin de If..., c'est dans un tout autres état d'esprit qu'on le retrouve là faisant son entrée dans le monde de l'entreprise, en salarié conciliant et ambitieux (hilarante scène où il éclipse ses rivaux par son sourire carnassier et hypocrite). Mick Travis est donc rapidement chargé de prendre en main tout un secteur régional de vente et Anderson retrouve la verve grinçante de If... pour dénoncer les travers des notables locaux qui vont rapidement corrompre Mick. O Lucky Man souffre cependant d'un gros problème par rapport a son prédécesseur, celui de privilégier le discours à l'émotion ou en tout cas d'être incapable de les équilibrer. If.... fonctionnait aussi bien en tant que brûlot contestataire que de vrai drame humain, était aussi drôle que touchant.

Ici Lindsay Anderson a la grande ambition de revisiter le Candide de Voltaire au monde capitaliste en crise des 70's et l'histoire fait finalement plus office de fable morale que de vraie fiction. De même Anderson conserve le même groupe d'acteurs (dont certains déjà de l'aventure de If...) pour incarner plusieurs personnages tout au long du film comme pour symboliser un visage uniforme de cette société gangrénée et sans valeur humaine. La démarche est donc très (trop) cérébrale et pensée et finalement ça ne fonctionne jamais réellement malgré le contenu explosif de l'ensemble. Le seul fil conducteur est la soif de réussite démesurée de Mick et les obstacles qu'il rencontre durant ses pérégrinations, chacune dénonçant une tares particulière dans des sphères de plus en plus haut placées. On passe donc de l'expérimentation pharmaceutique sauvage à la chasse au communiste en passant par l'exploitation de la main d'oeuvre du tiers monde par les grands groupe capitalistes. Il y a au moins la matière pour 5 films dans O Lucky Man, c'est beaucoup trop et l'ensemble s'étale sur trois longues heures.

Il y a heureusement de vrais moments amusant et réussis dans cette longue démonstration mais trop peu. La conclusion montre la verve intacte de Anderson qui après nous avoir montré l'inhumanité des nantis fait de son héros un illuminé soudainement soucieux de la causes des plus démunis. Ces derniers ne semble pas en mériter tant entre les sans abris vu comme une entité monstrueuse et ingrate ou encore cette longue séquence où Mick tente de sauver du suicide une mère de famille qui a renoncé a tout espoir, sans parler de la compassion à inventaire de l'église déjà une des grande cible de If.... Au final les chansons de Alan Price constituent une fausse bonne idée qui ressassent ce qui est déjà très lourdement appuyé tout au long du film. Le contenu prend donc le pas sur le cinéma dans un ensemble froid et ennuyeux malgré les fulgurances (le juge qui se fait une séance SM avant de rendre son verdict !).

L'autosatisfaction et le nombrilisme de l'entreprise est à son summum lors de la conclusion où Mick se présente à un casting (où le réalisateur n'est autre que Lindsay Anderson himself) où le rôle exige d'avoir comme accessoires une pile de livre et une mitrailleuse, soit les signes distinctifs de son personnage dans If.... La boucle est (bien mal) bouclée et ça laisse craindre le pire pour le troisième volet Britannia Hospital si ça reste dans cette veine froide et détachée.

Sorti en dvd zone 1 (mais compatible multizone comme souvent avec eux) chez Warner et doté de sous-titres français.

Extrait

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