Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram
Place aux jeunes - Make Way for Tomorrow, Leo McCarey (1937)
Un vieux couple, Lucy et Barkley Cooper, réunissent leurs enfants pour leur annoncer qu'ils risquent de perdre leur maison s'ils ne trouvent pas rapidement une somme relativement importante. Chacun des enfants a une bonne raison d'échapper à cette facture. Il est finalement décide que Lucy ira habiter chez Georges, et Barkley chez Cora jusqu'à ce que Nellie ait un appartement assez grand pour les héberger ensemble. La cohabitation s'avère vite difficile.
Interrompant le cycle d'une suite de comédie à succès, Place aux jeunes voyait McCarey s'attaquer à ce qu'il considérait comme son film le plus important et personnel avec ce drame poignant. La même limpidité, sincérité et absence d'esbroufe par lesquels il savait amener gags et les éclats de rire sera ici appliquée pour cette fois provoquer les larmes. L'histoire, simple, est à la fois typique de son contexte de crise des années 30 mais aussi terriblement universelle. Un vieux couple (Beuhla Bondi et Victor Moore) endetté est contraint de quitter sa demeure faute de moyen et de s'installer séparément chez leur enfants. Commence là une lente déchéance.
Une des grandes forces du film, c'est la simplicité de son traitement où une certaine austérité narrative et un manque d'emphase dramatique volontaire ne rendant finalement l'émotion que plus forte. Les deux vieillards vont ainsi constater peu à peu à quel point il constitue une gêne pour leur entourage, du simple fait de leur présence et de l'attention qu'ils nécessitent.Il n'y pourtant aucun méchant, aucun personnage réellement négatif dépeint par McCarey et le script explicite toutes les raisons valables rendant difficile cette cohabitation forcée (manque de moyens financiers, exiguïté des logis) mais n'exclut certainement pas l'injuste égoïsme et le sentiment de rejet dont sont l'objet Lucy et Bark qui n'ont comme tort que de voir leur rythme se ralentir dans un naturel cycle de la vie quand leur entourage déborde d'énergie et d'activités.
La cruauté et la tendresse se mêle ainsi lorsque Beuhla Bendi par sa démarche incertaine puis les grincements de sa chaise à bascule a le tort de troubler la leçon de bridge de sa belle-fille, et ce n'est pas l'émotion d'une conversation téléphonique en fin de séquence qui atténuera l'agacement révoltant dont auront fait preuve les joueurs auparavant. Victor Moore aura aussi droit à son lot d'humiliation entre les soins forcés et mécanique de sa fille et la condescendance d'un jeune médecin.
La performance extraordinaire de Victor Moore et Beuhla Bondi est à saluer d'autant plus qu'il n'avait absolument l'âge des rôle. C'est particulièrement vrai pour une Beula Beundi à peine quarantenaire qui par la force du maquillage, de l'allure frêle et du regard résigné qu'elle parvient à adopter exprime toute la fragilité et la détresse de cette femme. La scène où elle anticipe l'annonce de son fils de l'envoyer en maison de retraite est une des plus touchante du film et une nouvelle fois la sobriété voulue par McCarey rend le tout d'autant plus insoutenable, tout comme cet autre court moment où elle demande à sa petite-fille le droit d'entretenir ses maigres illusions. De courte retrouvailles en forme de retour vers un passé où ils avaient la vie devant eux est accordé à notre couple le temps d'une belle et longue séquence à New York se concluant dans l'hôtel de leur lune de miel. Comme durant tout le film le ton souffle le chaud (la nostalgie ressentie à la vue du tableau de l'ancien hall de l'hôtel tel qu'ils l'ont connut) et le froid (la mine dubitative du couple le maître d'hôtel parlent du bonheur qu'ils ont eu à voir grandir leur cinq enfant et la terriblement lucide blague de Victor Moore) qui culmine avec une déballage que nous n'entendrons pas où Bark dit enfin à ses enfants l'opinion qu'il a d'eux.
L'alchimie, la tendresse complice du couple et l'amour ressenti dans les regards échangés du vieux couple magnifie ces derniers instants avant une issue inéluctable. Ultime audace de McCarey, la séparation finale esquive une issue de mélodrame facile (qui aurait sans doute assuré un plus grand le succès du film plutôt que la gêne ressentie) attendu. Ce n'est pas la mort qui séparera Bark et Lucy, mais l'indifférence d'un monde pour lequel ils sont désormais un poids dans une dernière scène poignante. L'insuccès du film sera un tel crève coeur pour McCarey qu'en recevant l'année suivante l'Oscar du meilleur réalisateur pour Cette sacrée vérité réalisé dans la foulée, il déclarera que c'est pour le mauvais film. Il semble que le sujet était aussi dérangeant pour Hollywwood et les spectateurs de l'époque que ne l'était les personnages eux même dans le cadre du film.
Oh oui très beau film le final est un vrai crève-coeur ça marque vraiment d'autant que le sujet est toujours autant d'actualité. Je viens de lire ta belle critique aussi, on sent que le film t'as vraiment touché. Excellent ton blog d'ailleurs je rajoute en favori !
Qu'il est beau ce film, quelle leçon de cinéma, si tu veux tu peux lire ma critique. Je suis encore toute émue du visionnage:)
RépondreSupprimerOh oui très beau film le final est un vrai crève-coeur ça marque vraiment d'autant que le sujet est toujours autant d'actualité. Je viens de lire ta belle critique aussi, on sent que le film t'as vraiment touché. Excellent ton blog d'ailleurs je rajoute en favori !
RépondreSupprimerMerci le tien me plait aussi beaucoup, je l'ajoute de même! cheers
SupprimerV.