Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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dimanche 27 novembre 2011

Inglorious Basterds - Quentin Tarantino (2009)

Dans la France occupée de 1940, Shosanna Dreyfus assiste à l'exécution de sa famille tombée entre les mains du colonel nazi Hans Landa. Shosanna s'échappe de justesse et s'enfuit à Paris où elle se construit une nouvelle identité en devenant exploitante d'une salle de cinéma. Quelque part ailleurs en Europe, le lieutenant Aldo Raine forme un groupe de soldats juifs américains pour mener des actions punitives particulièrement sanglantes contre les nazis. "Les bâtards", nom sous lequel leurs ennemis vont apprendre à les connaître, se joignent à l'actrice allemande et agent secret Bridget von Hammersmark pour tenter d'éliminer les hauts dignitaires du Troisième Reich. Leurs destins vont se jouer à l'entrée du cinéma où Shosanna est décidée à mettre à exécution une vengeance très personnelle...

Depuis le palmé Pulp Fiction, encore dans la continuité de son Reservoir Dogs inaugural, Quentin Tarantino aura manié comme personne l’art du contre pied, préservant sa personnalité et affinant sa patte de film en film. Alors que pullulent les sous Pulp Fiction et qu’on attend de lui une nouvelle pellicule comico-violente, il livre avec Jackie Brown un portrait de femme intimiste baigné d’hommage à la blaxploitation. Ceux qui y auront vu le film de la maturité en seront pour leurs frais, avec un extraordinaire Kill Bill Volume 1, formidable objet pop aux confins des genres et d’une liberté absolue. Une jubilation contrebalancée par un Volume 2 opérant un subtil et poignant retour au monde réel, tandis que le slasher attendu sur Boulevard de la Mort existe réellement le temps d’une scène de collision mémorable, avant une seconde partie en forme d’hymne au « girl power ». Ce Inglourious Basterds ne déroge pas à la règle.

Arlésienne entretenue par Tarantino depuis bientôt dix ans, le projet aura fait du chemin par rapport à l’idée de base. Au départ annoncé comme un remake d’une bisserie de Enzo G. Castellari (mêlé d’un hommage aux films de commando à la Douze Salopards), le film aura alimenté les fantasmes les plus fous des amateurs d’action avec un casting supposément doté de tous les héros à biceps des 20 dernières années, de Stallone à Schwarzeneger en passant par Bruce Willis, ainsi que les habitués Michael Madsen ou Samuel L. Jackson. Un sujet si longtemps maturé ne pouvait que dévier peu à peu dans une autre direction. Si le film de commando est bien là, ce n’est que par intermittence, au sein d’une intrigue ambitieuse, sérieuse et loufoque à la fois, où Tarantino convoque à nouveau son amour du cinéma et de ses sous genres.

Dans une narration chapitrée qu’il affectionne, Tarantino articule son récit autour des trois sommets que sont l’ouverture, la séquence de la taverne et la conclusion dans le cinéma. Témoignant chacun d’un genre précis pour les deux premières, puis du cinéma lui-même pour la dernière, leur disposition tout sauf anodine et leur ton illustrent l’ambition et la direction souhaitée par Tarantino.

La première scène est au croisement des introductions de Il était une fois dans l’Ouest et Le Bon, la Brute et le Truand, autant par les réapropriations visuelles (la lente arrivée au loin des allemands sur fond de Ennio Morricone) que narratives (l’amabilité lourde de menace de Hans Landa, le massacre de la famille de Shossana) et thématiques (une nouvelle fois la vengeance) du cinéma de Sergio Leone. En plus de susciter l’émotion par son issue tragique, ce début dépeint d’entrée le machiavélisme et l’intelligence du Colonel Hans Landa (tel un Fonda ou un Sentenza, Leone encore) et l’importance qu'aura dans le récit l’usage des différentes langues.

Le réalisateur n’a rien perdu de son art de l'esquisse de personnages hauts en couleur et de l'écriture de dialogues savoureux. Outre Hans Landa, génialement campé par un Christopher Waltz qui n’a pas volé son prix d’interprétation à Cannes (et son Osacar du second rôle), les fameux « Basterds » réservent les instants les plus savoureux et outranciers du film, malgré un temps réduit à l’écran. Les plus charismatiques d’entre eux se taillent la part du lion. Brad Pitt, gradé plouc adepte du couteau, accompagne son timing comique parfait d’un accent sudiste tordant et aligne les répliques d’anthologies. Til Schweiger, imposant tueur de nazi à la mine patibulaire et Eli Roth en « Ours Juif » adepte de la batte de base-ball ont également droit à des présentations tonitruantes et jouissives.

La séquence de la taverne et les scènes qui l’introduisent forment le second mouvement de la symphonie tarantinesque. C’est cette fois les films d’espionnage des années 40 (le look parfait de Diane Kruger) et le Lubitsch de To be or not to be qui s’invitent. Jeux de faux semblants, tension palpable et coups de théâtre savamment distillés par un Tarantino au sommet de son art, parvenant même à glisser quelques blagues (l’allusion à King Kong) dans ce long moment de suspense haletant. C’est l’occasion de souligner l’aspect finalement assez anti spectaculaire du film (hormis la fin) et la prouesse du réalisateur qui parvient à nous tenir de la première à la dernière minute par son seul talent de raconteur d’histoire.

Les clins d’œil cinématographiques ayant accompagné tout le film (le cadrage de la porte à la Prisonnière du désert accompagnant la fuite de Shossana au début) trouvent leur aboutissement dans le final où le cinéma lui-même sera l’instrument de la victoire (avec cette autre belle idée qu'est la pellicule à nitrate inflammable) dans une uchronie sacrément culottée. Instrument narratif par sa vengeance et thématique par son témoignage du pouvoir absolu du cinéma sur les hommes, Mélanie Laurent est le personnage pivot du récit, le ciment entre l’aspect purement philosophique et audacieux voulu par Tarantino et le seul du film à provoquer par son destin et ses actions l’empathie nécessaire à former un tout cohérent, réfléchi et poignant à la fois.

La spectaculaire éradication de l’ensemble du gotha nazi est ainsi un grand moment de cinéma, une déclaration d’amour aux images infernales et une des plus inoubliables manifestations de la vengeance (pourtant déjà bien alimentée chez le cinéaste). La projection du visage de Mélanie Laurent riant aux éclats alors que le chaos se déchaîne et que les nazis tombent comme des mouches hantera longtemps le cinéphile.

Tarantino signe là l’une des plus belles réussites d’une filmographie parfaite, qu’il conclut en parvenant à nous faire jubiler une ultime fois par le châtiment exemplaire que réserve Raine à l’infâme Hans Landa.

Sorti en dvd chez Universal


17 commentaires:

  1. Etonnante, cette récurrence constante, cette répétition quasi inévitable des termes de "jouissif" et/ou de "jubilatoire", invariablement, dans toutes les chroniques/critiques à propos de Tarantino! Pas une sans l'un d'eux, ou presque.
    Ce qui m'amène à dire qu'il faudra, un jour, qu'un cerveau se penche sur, et analyse, la sur-abondance de jaillissements de liquides dans les films de QT . Ainsi que leurs découpages/montages coïtiques (en cela, QT pourrait se rapprochera d'Einsenstein, si seulement il possédait un peu de son pouvoir de réflexion, de sa maturité et profondeur de pensée, et surtout de sa capacité d'auto-questionnement). Ce serait intéressant, et nous en apprendrait long sur les aspects à l'évidence masturbatoire/éjaculatoire de ce cinéma "mentally arrested". On s'apercevra que son sur-emploi des codes des cinémas de genre n'est peut-être qu'un prétexte, après tout ? Un cache-fumée -un cache-sexe si l'on préfère- pour masquer des préoccupations qui ne sont qu'acnéïques tout au plus ?
    Sa soif de reconnaissance intellectuelle tellement partout présente dans quasiment toutes ses interviews est aussi suspecte que touchante. On est face à un garnement. Qui fait des films de garnement. Et comme on a tous un sale gosse en nous qui sommeille, ses films flattent et déculpabilisent.
    Et si ce garçon n'était qu'un Norman Bates qui n'aurait pas franchi le pas du serial killing pour de vrai? Sa mère un vidéo-club ? Et son père un film de Ferdinando Baldi ?
    En ce cas, mieux vaut (c'est moins dangereux) laisser QT continuer à tuer le cinéma.
    Lisa Fremont

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  2. A l'époque de son "Boulevard de la mort" je me souviens d'une interview de Tarantino dans les Cahiers du Cinéma où il faisait constamment l'analogie entre sa manière d'agencer et construire ses film, la montée en puissance de ses moments forts avec le fait de donner du plaisir et "faire jouir" le spectateur comme il s'en soucierait en faisant l'amour à une femme. S'il vient ce type de superlatif aussi souvent au moment de parler de ses films c'est que c'est le but recherché et surtout qu'il a plutôt (qu'il est plutôt ?) réussi son coup.

    Son cinéma est partagé entre ce côté sale gosses rendant hommage au film de son enfance mais l'intérêt est que justement c'est une poudre au yeux (parce que les cinéastes postmoderne n'ont jamais autant pullulé aucun en circulation n'approche son talent) et qu'il ne fourni finalement jamais ce qu'il a promis les films vont systématiquement ailleurs que les oeuvres auxquels il sont supposé rendre hommages. Jackie Brown c'est un portrait de femme avant tout, Kill Bill le deuxième volume remet en question la jubilation du premier opus justement Inglorious Basterds le discours sur le pouvoir du cinéma supplante complètement le film de commando qui n'existe que sur une scène réellement.

    Maintenant il mélange cet approche à de grand sujet et c'est tout aussi intéressant son "Django Unchained" que j'ai beaucoup apprécié c'est la même chose le western spaghetti, de l'hommage et quelques gimmicks en filigrane pour une vraie histoire d'amour et un discours sur l'esclavage sûrement plus audacieux que le "Lincoln" à venir de Spielberg qui a l'air assez pontifiant.

    Qu'il tue le cinéma le plus longtemps possible j'en redemande, son seul ratage c'est la Palme d'or douteuse donnée à Michael Moore.

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  3. De la poudre aux yeux? Tout-à-fait d'accord (mais peut-être pas au sens où tu l'entends, je crois ^^). Ce qui me gêne c'est qu'il a un talent réel de l'image... mais qu'il s'en gargarise au détriment de tout discours cohérent. Il se complait dans des séquences interminables, des dialogues qui s'étirent, s'étirent avec complaisance et dont on devine pourtant si vite la chute! On se fait chier plus que souvent chez Tarantino ! Pour du cinoche d'action, on repassera.
    Franchement, le fond et le propos de ses films sont assez basiques, voire d'un niveau zéro. C'est un animal, un instinctif qui souffre visiblement de ne pas être un cérébral, et qui cherche désespérement à faire croire qu'il peut l'être. Alors il fait de l'esbrouffe, oui, du cache-fumée, de la poudre aux yeux comme tu dis. Plus roublard que profond. Plus rentre-dedans que d'une vraie audace. Le propos de "Inglorious",je le cherche. Je suis d'accord que ce n'est pas un film de commando (c'est dommage, il en était sûrement capable et ça suffisait). Mais tout ce blabla autour du cinéma... je rigole. C'est ridicule, ça ne tient pas la route. Quant à ce discours fumeux et douteux autour des scalpeurs de nazis... Je trouve incroyable que personne n'ait relevé l'aspect fascisant d'un scénario où les protagonistes sadiques emploient les méthodes des bourreaux.
    Je n'ose pas imaginer ce qu'il a dû faire à propos de l'esclavage. Et sa "distanciation" n'en est pas une, elle aussi est un pur leurre. Elle masque un réel sadisme infantile. Mais il croit probablement qu' "être sadique avec des sadiques, ce n'est pas du sadisme".
    Fatale erreur.
    Mais il faudrait en reparler quasiment en étudiant un de ses films séquence par séquence.
    Par ailleurs, et de manière plus générale, il "cite" et s'auto-cite tellement qu'il balaie et occulte un certain cinéma classique. Il se réfère souvent à John Ford (dans les ITW, ça fait plus sérieux que Sollima)... et pourtant, il ne s'en approche absolument JAMAIS. Sa caméra est beaucoup plus cousine avec les "Trinita" ! Un peu comme si un peintre moderne faisait table rase des Goya, Rembrandt, etc.
    Pourquoi pas, tu me diras. Faut déboulonner les idoles, ça fait du bien.
    Mais il remplace ça par quoi? Par quelle pensée? J'ai peur que ce soit par peu de chose. Voire rien. Plus que "post modern", je le qualifierais de "mode". Les modes sont agréables, elles sont un flot nécessaire. Mais... elles passent. C'est leur défaut.
    Je pense sincèrement que dans 2 ou 3 décennies, QT sera comme les vestes en strass à hauts cols pointus et les rouflaquettes des chanteurs des années 70 : complètement ringue.
    Allez, j'arrête. C'est trop d'honneur que je lui fais.
    Lisa Fremont.

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  4. Bon déjà hormis le premier Kill Bill où il montre de brillantes aptitudes en la matière je ne vois pas en quoi Tarantino est supposé être un cinéaste "d'action". Les scènes d'action chez Tarantino ce sont les joutes verbales donc déjà si tu y es allergiques ça risque d'être compliqué. Rien que dans Inglorious Basterds un simple changement de langue de l'allemand à l'anglais (la scène d'ouverture) ou une nuance dans les accents (la scène de la taverne) fait soudainement monter la tension à un niveau incroyable. Après il y a un amour du bon mot et de la réplique qui tue qui est sa marque de fabrique c'est ce qu''on aime chez lui mais encore une fois si tu n'aimes pas ça effectivement l'ennui doit être de mise.

    C'est un brillant narrateur je ne vois pas pourquoi il faudrait forcément un fond du moment qu'il parvient à brillamment raconter une histoire. Et même là tu passes à côté puisqu'il a un discours assez passionnant sur l'opposition entre le réel et la fiction (d'abord sous-jacent dans Pulp Fiction où des personnages morts apparaissent disparaissent au gré du chapitrage) puis plus concret dans l'opposition de ton entre les deux épisodes de Kill Bill (le premier fun et décomplexé symbole du monde du cinéma où tout es permis, le second bien plus aride et désespéré) les deux parties de Boulevard de la Mort (première moitié film d'horreur basique où le serial killer décime ses victimes sans défenses, seconde où les filles se rebellent transcendant les clichés du genre où elle s'inscrivent) jusqu'à Inglorious Basterds ou Django Unchained où la fiction permet de carrément refaire l'histoire.

    Pour la violence c'est de la bd, du grand guignol où victime et bourreau sont renvoyés dos à dos dans chaque film (les filles de Bd de la mort dans la 2e partie y vont encore plus fort que le tueur pour s'en débarrasser, Pulp Fiction ou le gentil d'un segment devient l'ennemi dans l'autre) et même dans Inglorious Basterds où ça va plus loin que ça. Le personnage de Landa dans Inglourious Basterds négocie une paix où il s'en sortira sans violence et permettra de finir la guerre et pourtant c'est bien Brad Pitt qui le punit malgré tout de façon bien barbare. Ca fait rire et on savoure parce Landa est le méchant et un nazi mais finalement sur le fond l'américain est tout aussi sadique que les nazis. C'est un peu plus complexe que ça et idem dans Django Unchained où le personnage le plus raciste et retors est un esclave haut placé encore plus sournois que ses maîtres.

    Ne pas adhérer je peux comprendre après c'est loin d'être aussi vide que tu le penses, tu retombes un peu dans les raccourcis et les formules sans rentrer dans le détail notamment sur John Ford vu qu'il s'est fait tomber récemment dessus parce qu'il a avoué qu'il n'aimait pas donc il aurait du mal à s'y référer aussi souvent que tu le dis. Son modèle c'est plutôt Sergio Leone qui a tout autant malmené les genres et leur codes.

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  5. Très très récent alors, ce revirement à propos de John Ford!!?
    Il y a encore quelque temps, il le mettait dans sa liste de tête dès qu'un journaleux super inspiré lui demandait "d'où ça lui venait tout ça" ! On y avait droit, une interview sur deux. Ce qui me conforte dans l'idée que ce garçon a à peu près autant de suite dans les idées qu'un chiot de trois semaines.

    Oui, bon, Sergio Leone (l'ouverture de Inglorious, pfff... dès la 1ere demi-seconde, on voit ça arriver, gros comme le gros Sergio! Manquait plus que zzzou zzzou la mouche...)

    Et donc, pas du cinéma d'action, alors ? Ah enfin quelqu'un qui ose le dire ! D'accord à fond! Toutefois, ce n'est pas du tout la réputation qu'il traîne, le monsieur. C'est même tout le contraire. Preuve qu'il y a bien un malentendu.

    Evidemment que je me contenterais fort bien d'une simple histoire bien racontée. Je répète que j'aurais préféré un "film de commando". Je ne demande que ça, même. Le problème c'est que, lui, ne s'en contente pas.
    AU résultat, Aldrich en dit mille fois plus, et plus profond avec son commando de 12 salopards que les voltiges ricanantes et inutiles des basterds de QT.
    Entre l'ambition et le résultat, l'intendance ne suit pas, cap'taine.
    Tiens, j'y pense. Un de ces petits détails très parlants mine de rien: T'en connais beaucoup, toi, des Shoshanna dans la France occupée ? Je me tords de rire. Pourquoi pas "Lorie" ou "Alizé" ? Ce mec n'a jamais dû lire un roman français de sa vie.
    C'est pas grave. John Wayne non plus.
    Simplement, qu'il cesse de faire semblant.
    Et côté dialogues... Ben alors, moi, ils me laissent de marbre et souvent consternée. Si on observe de près la structure d'un dialogue de QT, c'est plus ou moins le schéma narratif des histoires drôles, des blagues de fin de repas.
    Ce qui nous fait opérer un vertigineux bond en arrière par rapport au travail sophistiqué de dialoguistes tels que IAL Diamond-Wilder, Preston Sturges, Becker, David Mamet, etc. Et nous ramène QT à ce qu'il est, un potache blagueur.
    Il les étire tellement, ses bavardages, qu'on devine inévitablement ce qui va suivre. Où est la surprise? Où est le plaisir ? La tension de la 1ere scène de Inglourious que tu évoques, je ne la ressens jamais. Je n'ai jamais peur pour les cachés.
    Non. Tout ce que je me dis, c'est: "Mais il nous prend vraiment pour des cons, ce con."

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  6. Pour le cinéma d'action il suffit de voir les films tout de même plutôt que parler de réputation, hormis Kill Bill qui repose là dessus l'action physique ne constitue que des moments épars dans ses autres films (même si magistralement exécutés comme la poursuite dans Boulevard de la mort, même dans le dernier c'est expédié) donc je ne vois pas en quoi il faut l'y associer.

    Et la construction en histoire drôle ce n'est pas faux, ça étire sur du futile et de l'anodin, soit pour le plaisir du verbe soit pour déboucher sur de la tension justement et c'est dans ce doute constant sur la portée de cette loghorrée qu'il est fort. Après la comparaison avec Wilder ou Mamet n'est pas juste Tarantino ça serait plutôt un enfant du Saturday Night Live (ou du Altman de MASH et du Privé) dont il reprend la gouaille vulgaire et la mêle à son talent littéraire. Mais encore une fois son cinéma repose tellement là dessus que si ça t'insupportes c'est sûr que les films doivent paraitre longuet. Mais bon j'ai cité des exemple concrets d'une vraie réflexion chez lui en fait je pense que tu préférerais qu'il reste dans son pré de réalisateur de genre efficace (qu'il n'a jamais été vraiment même s'il s'en réclame) et que tout ses atouts (ou défauts pour toi) l'en détachent, pour la plupart c'est brillant et pour d'autres comme toi c'est de la prétention.

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  7. Altman ???
    Talent littéraire?
    J'avoue ne pas voir du tout de quoi il est question, le concernant...?
    Quant au doute activé par sa logorrhée... N'est-ce pas plutôt un manque de réel point de vue (au sens de "pensée", pas de "prise de vue", encore que les deux sont tributaires évidemment)?
    C'est le pire défaut, à mon avis, chez n'importe quel auteur.
    Ouais, la création, le réel, la fiction, le faux, le vrai, tout ça... pffff. C'est le genre de thème fourre-tout, très pratique, qui a bon dos, où un auteur met à peu près tout ce qu'il veut.
    Pour tempérer, tout de même, son sens de l'image indéniable (et le pognon qu'il obtient) font tout de même qu'il filme nettement mieux qu'un Corbucci. Corbucci, c'est carrément l'indigence sur l'écran.

    Ah. Et on n'a même pas abordé l'image de la femme chez QT... Please, ne me parle surtout pas de la partie 2 de "Boulevard" qui contrebalancerait la 1, car elle est encore pire que la 1ere de ce point de vue. Ni de Jackie Brown ou de l'héroïne de Kill B qui sont des hommes.
    Bon. Je ne crois pas qu'on va se faire changer d'avis mutuellement. Let's forget.

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  8. Comme souvent je cite quand même des exemples et des pistes que j'estime contenus dans les films tu me réplique par une accumulations d'adjectifs négatifs on en sortira pas... On peut lui reprocher bien des choses mais le point de vue il en a bien et des plus singulier en plus. Et non ses héroïnes ne sont absolument pas des hommes. Au moins on est d'accord sur son talent formel c'est déjà ça arrêtons nous là oui ! (Et avec tout ça c'est assez logique que tu n'aimes pas Corbucci non plus...)

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  9. Tu refuses de les voir mais je donne également des pistes (découpage/montage, dialogues, réf.,...) tout au long de ces messages. Et comme le dernier numéro des Cahiers du Cinema que j'aie ouvert dans ma vie c'est le n° 200 (l'original, de 1969 ou 70), je prends sans vergogne à mon compte d'avoir pressenti l'aspect coïtique de la rythmique de ses films. Ce que je n'ai lu encore nulle part.
    Cela dit, tu veux voir la différence quand je me montre bêtement subjective, basique, primaire, sans "piste", mais résolument sincère et avec la meilleure conviction du monde?
    Voici: Quentin Tarantino est un grave gros con au QI mince comme une carte de voeux.
    A propos, bonne année !
    Lisa Fr.

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  10. Oui pas de soucis je préfère une discussion comme celle-là que d'autres où ça partait en vrille en démontant sans rien proposer (pour ceux qui débarquent dans la lecture de ces commentaires allez faire un tour du côté de ceux d'Amélie Poulain ce fut sportif !) encore un petit effort ^^ (pour la supposée bêtise de Tarantino, Leone était inculte dans la vie et un génie une caméra en main ça me va très bien comme ça). Bonne année également je crois qu'on a fait le tour là !

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  11. Avec toute cette neige... On est dans l'ambiance pour causer du "Grand Silence"...?
    Nan. Je blague !!!!
    Lisa Fr.

    PS (quand même): "inculte" ne veut surtout pas dire "stupide" mais juste "sans culture". Rien à voir.
    Leone inculte (peut-être, encore que.) mais molto molto intelligente !!!

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  12. Je ne réinitialise pas le dossier, je clôture simplement mon PS précédent parce que, tout de même, je ne peux pas laisser passer ça :
    Leone, ses maîtres, c'étaient Kurosawa et Ford. Il y a pire comme inculture. Et d'avoir été l'assistant d'Aldrich, ça doit apprendre quelques trucs essentiels.
    Si tu me dis que, l'autre turluru, c'est le saturday night Live Show, en plus du cinéma bis, ben je maintiens qu'il y a des terreaux plus riches que d'autres.

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  13. Et une nouvelle fois que de raccourcis et de snobisme Lisa...

    Je vais préciser sur l'inculture de Leone. D'un côté on peut avoir des cinéastes très cultivés et érudit dans les domaines artistiques, en histoire ou musique et qui amènent ce savoir dans leur cinéma à la manière d'un Visconti. De l'autre on a des réalisateurs dont la seule culture est le cinéma justement et ce qu'ils y apprécient les ont amenés à acquérir un savoir dans des domaines parallèles qui y sont liés. C'est le cas de Leone qui avait une immense connaissance de l'histoire des Etats-Unis, sur les armes (entre autres) mais qui pouvait de son propre aveu et de ses collaborateurs être ignare dans d'autres domaines culturels majeur. C'est le cas aussi de Tarantino qui comme on sait s'est cultivé au vidéo club où il bossait et à la tv, qui a arrêté le lycée très tôt et est donc un autodidacte même pour ce qui est de la mise en scène.

    Par le biais du cinéma comme Leone il s'est enrichi sur d'autres aspects pour sa culture personnelle. Il aime jouer le geek attardé amateur de bis certes mais il ne se résume pas à ça. Sa boite de prod s'appelle Band Apart (comme le film de Godard un vrai cinéaste bis n'est-ce pas) Inglorious Basterds est truffé de références au cinéma d'espionnage et de propagande des années 40, Django Unchained supposé hommage au western spaghetti comporte des clin d'œil à Bud Boetticher et pour ce qui est de la culture historique sous l'humour c'est sûrement ce que l'on a vu de plus cru, précis et documenté dans une fiction traitant de l'esclavage jamais traité avec complaisance (tout comme les Leone étaient plus réaliste que certains western us comme Le bon la brute et le truand et son traitement de la Guerre de Sécession).

    Et quand bien même il ne serait pas cultivé ce n'est pas ce que j'attends d'un cinéaste mais un talent pour transmettre des émotions par sa mise en scène. La culture d'un Tim Burton c'est le bis gothique, les séries B et les nanars avec grosses bestioles des années 50 ou encore la bd pulp d'horreur bon marché. Pas très noble (et je ne doute pas que tu dois avoir plein de mal à dire de Burton aussi) mais il n'en reste pas moins un des cinéastes américain les plus importants des 30 dernières années et qu'il a signé (dans les 90's au moins) de grands films donc résumer un cinéaste à son supposé bagage ça ne veut rien dire.

    Le Saturday Night Live enfin c'est juste le terreau des plus grand acteurs comique américain depuis plus de trente ans : Jim Carrey, Eddie Murphy, Ben Stiller, Will Ferrell et j'en oublie. Tous n'ont pas que des chefs d'œuvre à leur filmos certes mais malgré tout en compte quand même chacun quelques-uns et leur talent comique a été largement éprouvé.

    Une nouvelle fois ne pas aimer et que ça ne soit pas ta tasse de thé c'est une chose mais balayer tout ça d'un revers de la main (par gout, méconnaissance, snobisme je n'en sais rien) c'est de la fermeture d'esprit.

    Il n'y a pas de terreux plus riche que d'autres, il y a seulement des cinéastes plus doués que d'autres ou auquel on accroche plus que d'autres. Je déteste (mais alors vraiment) le cinéma de Michael Haneke ça ne me viendrait jamais à l'idée de le dévaloriser, de l'insulter ou de négliger son influence dans une discussion avec quelqu'un qui l'apprécie j'échangerais juste sur les point qui m'insupporte dans son cinéma tout en étant conscient de son importance.

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  14. Suite et fin

    Et c'est un peu (après avec internet il peut y avoir malentendu mais ça donne ce sentiment) ton problème à donner l'impression dans ta véhémence à ériger ton attrait ou ton dégout comme une vérité universelle. Ce qui est dommage vu toute les connaissances que tu as et qui gâchent parfois un peu les échanges somme toute très intéressants qu'on a quand même. Donc un peu de souplesse et moins d'œillères ça ne fera pas de mal ! J'arrête là je te laisse (inévitablement ^^) le dernier mot rien de plus à dire sur le sujet pour l'instant.

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  15. Je me fous complètement de la culture d'un être humain et d'un cinéaste en particulier. Seule son intelligence m'intéresse. Il me semble que je ne dis que cela dans mes messages.
    Ok, je suis snob. Je trouve que Flaubert c'est plus riche que Harlequin.
    Après,c'est ce qu'on en fait qui importe.
    On peut être un brillant écrivain en ayant lu que des sous-produits. Et être un académique pontifiant en ayant un bagage universitaire.
    Bref. C'est une évidence. Et c'est bien une question d'intelligence et pas de culture (bis repetita)
    En revanche, c'est de la démagogie que de dire que les nourritures valent.
    J'aime énormément Tim Burton avec bémols sur les derniers

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  16. suite :
    ... et ce n'est pas un hasard si, depuis qu'il a été élevé au pinacle par l'intelligensia, Burton rabâche ce qui a été une masse d'obsessions mais qui devient (le plus souvent ces dernières fois) une recette.
    Finalement, Tarantino a le même problème, sauf que lui, il a eu sa Palme et les louanges si tôt qu'il semble se dire à chaque film "comment continuer à me mettre les intellos dans la poche alors que je ne rêve que de faire du Bis bien crade?".
    Chaque film est un slalom (réussi, puisque ça marche!) constant entre ces deux mondes.
    Il est fort, le QT, assez roublard pour ménager la chèvre et le chou. Se faire passer pour subversif alors qu'il est super confortablement installé, adoubé, dans le système. Faire croire qu'il pense.
    Il est, en plus , doté d'un réel talent pour filmer (il filme mieux qu'un Corbucci, y a pas photo!) qui noie tous les poissons!
    Le mauvais élève qu'il a été doit bien rigoler. Et il a raison. Son "oeuvre" est sa plus belle boule puante.

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  17. Bon je remet là la réponse que je t'ai fait par mail histoire que tout le monde profite de la fin de la discussion après j'arrête promis ^^

    En fait globalement je crois que c'est le va et viens entre le côté bis et l'ambition plus intellectuelle qui ne passe pas. Dans le cinéma bis on a ce motif de la vengeance ce côté cathartique violent et moralement bordeline et ambigu dans les film les plus réussis. Tarantino est sur cette ligne là, il y a une jubilation basique à voir l'adversaire, le méchant se faire trucider violemment chez tout spectateur de base dans ce cinéma et lui y ajoute la dimension refléxive du fait de ne pas faire "seulement" du genre, c'est ce qui le rend intéressant après il pourrait effectivement se contenter de juste faire de la série B efficace et s'il n'avait pas été adoubé autant dès ses débuts et eu cette liberté c'est probablement ce qu'il aurait fait et peut être aurais tu préféré.

    Mais bon cette manière d'alterner entre le gros divertissement, l'imbriquer dans un contexte historique polémique on va dire et surtout avec une en donner une vision aussi originale (même sans aimer la révision historique finale de Inglorious Basterds ou du dernier Django Unchained il fallait oser) c'est passionnant. Je n'y vois jamais de prétention ou de complexe intellectuel juste de l'ambition. Je reviens à Sergio Leone mais un film comme "Le Bon, La Brute et le truand" c'est exactement ça du fun avec les trois crapules qui se tirent la bourre, la Guerre de Sécession en toile de fond (par un non américain en plus) comme on l'a rarement vue et une violence qui oscille entre rigolarde et franchement douloureuse. Le modèle il est là et les reproches étaient les mêmes à l'époque.

    Voilà on a fait le tour rideau ;-)

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