A Footlights Club, une pension de femmes artistes, cohabitent Jean Maitland, une danseuse blonde sarcastique ; Linda Shaw, une brune prétentieuse ; Kaye Hamilton, une jeune comédienne obsédée par son art ; Catherine Luther, une ancienne vedette ; Judy Canfield, une rousse exubérante, Eve, Annie et bien d'autres encore.
Terry Randall, une riche héritière souhaitant faire ses preuves sur scène, s'intègre au groupe et partage sa chambre avec Jean.
Terry Randall, une riche héritière souhaitant faire ses preuves sur scène, s'intègre au groupe et partage sa chambre avec Jean.
Stage Door est un des plus beaux films produit par la RKO durant les années 30 et constitue une étape importante pour ces participants. Gregory La Cava entre ses débuts dans l’animation puis le burlesque durant les années 20 et ses comédies sociales sophistiquées des années 30 (dont le célèbre Notre homme Godfrey) s’essayait avec brio au drame. Ginger Rogers encore associée à son duo de comédie musicale avec Fred Astaire démontrait l’étendue de sa palette tandis que la déjà star Katherine Hepburn retrouvait les sommets après plusieurs échecs commerciaux consécutif.
Le film adapte une pièce à succès jouée à Broadway et qui s’attarde donc sur les différents destins d’aspirantes artistes féminines vivant en communauté dans une modeste et bouillonnante pension. Gregory La Cava a en plus de ses deux têtes d’affiche engagé un remarquable casting féminin (dont une toute jeune Lucille Ball encore jeune starlette avant d’être icône de télévision) qu’il oblige à vivre ensemble pendant quinze jours en amont du tournage. Sur les lieux, une assistante prend des notes où sont retenus les échanges les plus piquant dont nombre seront réutilisé dans le film. A l’écran, cela donne un naturel remarquable illustrant la complicité des actrices qui ont dues mettre beaucoup de leurs propres sentiments et angoisses dans des situations qu’elles ont certainement connues.
Gregory La Cava délivre un portrait contrasté, à la fois drôle et tragique des différentes locataires. Les grandes ambitions artistiques son éclipsées par la recherche fébrile du prochain cachet et cette angoisse se dissimule chez la plupart par un détachement de façade qui occasionne des échanges vachards savoureux notamment par une Ginger Rogers à la gouaille irrésistible. Les situations, de la plus triviale à la plus pathétique illustrent également les hauts et les bas d’une carrière dans le monde du spectacle et la manière dont les hasards du destin peuvent se montrer providentiels comme terriblement cruels.
Katharine Hepburn jeune fille riche sans expérience venue se fondre dans cet univers va ainsi voir tout lui sourire tandis que la passionnée Andrea Leeds (nominée à l'Oscar du second rôle, le film récoltera 4 nominations) ira de désillusion en désillusion jusqu’à abandonner tragiquement la partie. D’autres aspects plus sordides sont abordés même si atténué par une fausse légèreté comme la nécessité de céder aux avances des producteurs pour un job, aléas accepté avec plus ou moins de philosophie tel les revirements moraux de Ginger Rogers face à un entreprenant Adolphe Manjou.
L’ensemble du film joue de cette tonalité douce-amère avant de basculer ouvertement dans le drame sur la toute fin. Katharine Hepburn qui n’a jamais souffert ne s’accomplit en tant qu’actrice que par la traumatisante tragédie qui conclut le récit. L’émotion se fait bouleversante devant son jeu transfiguré sur scène et les yeux embués de ses amies spectatrices rongées par la même douleur.
Un moment suspendu et poignant porté par une très grande Katharine Hepburn, égalée en intensité par une Ginger Rogers muette et magnifique. On retiendra néanmoins le traditionnel The show must go on dans la jolie conclusion. Une possible étoile s’est éteinte au profit d’une autre, certaines s’envolent vers d’autres destins tandis que d’autres s’agrippent vaille que vaille à cette carrière et une nouvelle locataire prend place dans cette chaleureuse pension d’artiste.
Sorti en dvd zone 2 français aux Editions Montparnasse dans la collection RKO
Extrait avec cette passe d'arme savoureuse entre Ginger Rogers et Katharine Hepburn
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