Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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jeudi 19 mai 2011

Un amour pas comme les autres - A Kind of Loving, John Schlesinger (1962)


Un jeune homme, qui se hisse tant bien que mal hors du milieu ouvrier dans lequel sa famille baigne depuis des générations et qui essaye de faire son chemin comme employé, est pris au piège quand sa petite amie tombe enceinte et qu'il se voit contraint de l'épouser et, à cause d'une crise du logement qui touche leur ville du nord de l'Angleterre, de venir habiter chez sa belle-mère.

Premier film de John Schlesinger, A Kind of Loving bien que s'inscrivant dans la vague des kitchen sink drama qui imprègne le cinéma anglais du début 60's porte déjà tout les grands thèmes des films majeur à venir du réalisateur. Le principal qui se dégage de tout ses premiers films c'est la recherche d'un ailleurs par les personnages, d'un sens à leur vie et pour lequel il triomphe des obstacles comme dans Loin de la foule déchaînée ou échouent lamentablement par manque de courage où en s'égarant dans leur de quête tel Billy Liar, Darling ou Macadam Cowboy.

Les films du free cinéma anglais sous leur approche réaliste réussissaient toujours à apporter une touche de d'extravagance par leur mise en image ou idée concept de départ. Billy Liar par ses apartés fantasmés extravagant des rêve du héros, Saturday Night and Sunday Morning par son extraordinaire personnage principal ou The Loneliness of The Long Distant Runner par sa narration alambiquée et son concept sportif à la mise en scène sensitive. A Kind of Loving est totalement à contre courant de ses films puisque s'en tenant à une pure austérité visuelle et narrative qui ne sera jamais ébranlée. Le titre lui même (le titre français passe complètement à côté en soulignant la nature exceptionnelle de la romance, soit l'idée inverse du titre original) définit l'idée poursuivie par Schlesinger en l'inscrivant dans une forme de banalité, autant dans ce qui nous est raconté que par les personnages que l'on va suivre.

Vic Brown (Alan Bates) est donc un jeune ouvrier qui va s'amouracher de Ingrid (June Ritchie) une jolie collègue avec qui il entame une relation. Les atermoiements et la séduction de nos deux amoureux offre des scènes du belle fraîcheur tel la maladroite tentative de discussion dans le bus et la gêne commune sous l'attirance qui s'ensuit, tout comme le premier rendez vous ou chacun cherche ses marques. Pourtant quelques signes avant coureur nous alertent de l'impasse à venir, que ce soit l'immaturité de Vic subissant encore l'effet de groupe du détachement attendu par ses amis masculins, ou la fragilité d'Ingrid encore sous l'influence de sa mère.

Un moment d'égarement faisant tomber Ingrid enceinte (une scène à l'érotisme fort prononcé pour la très tatillonne censure anglaise) fait basculer leur destin et les oblige à se marier comme le veut la tradition. La banalité touchante de l'amourette cède alors progressivement la place à la banalité oppressante du mariage, synonyme de prison à tout les niveaux. Il faut voir cette scène de mariage qui équivaut à un enterrement (le mariage pétaradant ouvrant le film n'étant là que pour établir le fossé avec celui à venir) où l'union se fait par devoir sans joie ni folie chez les mariés et leur famille.

Les défauts précédemment constatés constaté se voient hypertrophié par cette promiscuité forcée : Ingrid n'est encore qu'une petite fille sous le joug de sa mère (chez laquelle ils vivent et qui méprise ce gendre lui ayant volé sa fille et son milieu social) et Vic désarmé cède par frustration au renoncement et à la colère. Quelques scènes montre la forme d'étau que peut représenter un tel mariage tel ce montage alterné où le couple se voit forcé de rester à la maison regarder un banal programme télévisé tandis que parallèlement on voit les deux siège vide d'un concert auquel il devait assister. Bien que prolongeant inutilement certains moment (le retour de Vic chez lui fortement imbibé) le film dit certaines vérité fortes sur la société anglaise du moment à travers les réponses donnée à Vic par son entourage lorsqu'il exprime sa détresse. Les femmes (sa soeur et sa mère) le rende coupable de la situation où il a mis Ingrid et solidaire l'incite à assumer ses responsabilités. Les hommes (son père et ses copains) à l'inverse (notamment suite à un rebondissement qui changera la donne) l'incite à fuir et expriment leur regret ou leur joie de sur la situation intenable que vit Vic, qu'ils ont connus ou cherchent eux même à fuir.

Dans tout les cas le mariage est vu comme une formalité, un passage par lequel on doit passer tôt ou tard sans pouvoir y couper, où la vie se doit de nous rattraper. Le mariage radieux qui ouvre le film apporte heureusement une certaines nuance à la noirceur à venir et Schlesinger laisse une chance à son fragile couple dans sa conclusion, où ils s'éloignent au loin accolés l'un à l'autre voguant peut être vers une possible indépendance. Une bien belle entrée en matière pour Schlesinger qui signe là un bien joli film. Le roman de Stan Barstow qu'adapte le film connaîtra par la suite plusieurs transposition que ce soit au théâtre, en série télévisé ou en programme radio.

Sorti en dvd zone 2 anglais et dépourvu de sous-titres anglais comme français (donc accrochez vous pour les accents du nord de l'Angleterre !) ce qui est dommage vu que Studio canal a les droits.

Extrait

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