Morgan, marxiste tendance King-Kong, campe sous les fenêtres de sa femme, qu'il cherche à reconquérir.
Troisième film de Karel Reisz, Morgan: A Suitable Case for Treatment voyait le réalisateur progressivement s'éloigner des préoccupations du free cinema tout en offrant un prolongement idéal a son Saturday Night and Sunday Morning. La filmographie de Karel Reisz est peuplée de personnages excentriques, obsessionnel et totalement en décalage avec leur environnement. Cela peut être le Albert Finney rebelle à l'autorité de Saturday Night and sunday Morning, Vanessa Redgrave totalement absorbée par son art dans Isadora, James Caan accro au jeu dans Le Flambeur ou encore Nick Nolte meurtri par l'expérience du Vietnam dans Who'll stop the rain.Dans Morgan Reisz offre sans doute sa figure la plus emblématique et réussie dans cette veine, et qui plus est obsédée par la plus noble des causes, l'amour.
Cela va du décalage sur les physiques ou des personnages croisés se voit comparés à une bête quelconque (une femme à la coiffure sophistiquée évoquant un paon, un agent de métro bien en chair un hippopotame) à l'association d'idées presque expérimentale (de nombreux stock shots animaliers offre un pendant sauvage des séquences comme la traque finale croisée à un safari chassant une girafe) voire même référentielle avec la reprises de séquences entières du King Kong original mais aussi d'un Tarzan de Johnny Weissmuler. Ces différents aspects permettent à reisz de totalement se réapproprier un matériau à déjà mis en scène à la BBC sur un scénario de David Mercer.
Le film est ainsi parsemé de scènes d'une drôlerie et d'une inventivité irrésistible à travers les stratagèmes spectaculaires de Morgan pour attirer l'attention de sa belle et faire enrager son très snob nouveau prétendant joué par Robert Stephens. S'il se plaît à signaler le décalage constant de Morgan, Reisz est loin de le condamner, bien au contraire. C'est cette dinguerie qui le rend singulier, vivant et donc humain dans un environnement très aseptisé. C'est finalement plus un fossé social qu'un désamour qui sépare le couple, ce qu'on entrevoit d'abord dans les obsessions gauchistes de Morgan opposé à la superficialité de Leonie.
Morgan est issu d'un milieu ouvrier et chaleureux (les scènes avec Iren Handl jouant la mère aimante et compréhensive dégagent une belle tendresse) quand Leonie est un pur produit de l'aristocratie. Elle entretient ainsi un rapport/amour haine avec Morgan puisque partageant la même nature extravertie mais toujours rattrapée par la culpabilité dû à son éducation. Vanessa Redgrave tour à tour espiègle ou tourmentée, légère ou glaciale mérite bien tout ses efforts et exprime avec brio toutes ces nuances quand le regard aimant s'oppose à l'attitude récalcitrante et inversement. D'une beauté et d'un naturel radieux qui irradie l'écran, elle délivre une magnifique prestation (récompensée d'un Oscar et d'un prix d'interprétation à Cannes) et l'alchimie amoureuse avec David Warner est palpable.
Reisz exacerbe de plus en plus ses différents motifs jusqu'à rendre dramatiques ce qui n'était que comédie jusque là, les moyens de séductions forcée de Morgan dépassant les bornes tout comme les conséquences qu'il a en subir en retour. La dernière partie aligne donc les moments les plus étranges (dont une mémorable apparition de Morgan déguisé en gorille...) où les fantasmes de Morgan vire au cauchemar surréaliste et psychanalytique tel cette longue séquence symbolique nous préparant au sort du héros lorsqu'une camisole surgit de nulle part dans le décor d'une décharge. Lorsqu'un personnage si entreprenant et indestructible dans sa quête baisse les armes sans prévenir on comprend que tout est fini, le joli épilogue montrant que bien que les sentiments soient intact tout rapprochement semble désormais impossible.
Sorti en dvd zone 2 anglais et ne comportant pas de sous titres anglais ou français malgré le logo Studio Canal une fois de plus...
Extrait
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