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lundi 7 novembre 2011
La Carrière d'une femme de chambre - Telefoni Bianchi, Dino Risi (1976)
En Italie, sous le fascisme. Les aventures galantes d'une jeune femme ambitieuse devenue star de cinéma.La Carrière d'une femme de chambre s'inscrit dans la veine de ces nombreux films italiens des années 70 qui comme pour répondre à l'agitation politique du moment se penchait vers un passé tout aussi chaotique pour le pays, l'ère fasciste sous Mussolini. On pense bien sûr entre autre au Jardin des Finzi-Contini de De Sica, Liberté mon amour de Bolognini, Une journée particulière de Scola…
Bien moins ouvertement dramatique que ces œuvres, le film de Risi se place plutôt du côté de la grosse satire sous un angle original à savoir l'industrie du cinéma durant le fascisme. Le titre original du film Telefoni bianchi est d'ailleurs bien plus parlant puisque reprenant le terme par lequel on désigne cette période du cinéma italien dite des téléphones blancs (terme sous-entendant le prestige des productions) où les productions luxueuses vantaient le faste et la gloire du fascisme.
On va donc ici suivre l'ascension d'une belle, écervelée et peu farouche femme de chambre qui va progressivement se muer en icône du régime. Risi, si doué pour fasciner avec des personnages ambigus rate un peu ici le coche faute d'une interprète solide. Agostina Belli (révélée l'année précédente le temps d'une mémorable apparition dans Parfum de femme mais ayant plus souvent donnée dans la comédie sexy) est tout au plus amusante au début du film en idiote sexy peu avare de ses charmes (et une sacrée allure en blonde platine façon Jean Harlow) mais s'avère assez transparente dès que son registre doit se faire plus dramatique.
Cochi Ponzoni dans le rôle du malheureux fiancé de la belle arbore une magnifique mine de chien battu et le running gag l'envoyant aux front les plus sinistres (Guerre d'Espagne, Russie, Ethiopie) par les amis de plus en plus haut placés de Marcella est hilarant mais de même il manque singulièrement de charisme (un Alberto Sordi aurait été grandiose dans le rôle). Du coup on ne se sent pas particulièrement impliqué par ce qui est raconté et le film est assez inégal.
Heureusement Risi se rattrape par différentes vignettes drôles et féroces où sa méchanceté et son humour noir font des étincelles grâce au très grinçant script de Ruggero Maccari. Les gags et situations énorme s'enchaînent (surtout durant la première moitié) pour dénoncer l'hypocrisie et la bêtise latente de ce régime fasciste. Toutes figures masculine à la virilité exacerbée révèlent des êtres odieux et lâches (le producteur promettant monts et merveille à Marcella qui s'avéra être un simple employé, la chemise noire qui l'envoie travailler en maison close) au premier rang desquels on trouve le Duce en personne magnifiquement ridiculisé le temps d'une apparition mémorable.
On retiendra aussi la déférence de l'équipe de Cinecitta pour Marcella lorsque le Duce l'impose au producteur avec un tordant retournement de veste de Vittorio Gassman qui l'humilie puis l'encense en cinq minutes une fois au courant de ses "appuis". Gassman est comme toujours grandiose en star narcissique (et s'inspire physiquement du jeune premier de l'époque un certain... Vittorio De Sica !) et terriblement pitoyable dans sa déchéance. Il éclipse la pauvre Agosta Belli à chaque confrontation, tout comme Ugo Tognazzi qui fait une apparition marquante en faussement sympathique vendeur itinérant dans un des moments les plus sombres du film. Visuellement c'est également un des Risi les plus beaux, la reconstitution est magnifique et bien mise en valeur par l'élégante mise en scène ainsi que la très belle photo de Claudio Cirilli. Un Risi mineur mais néanmoins plaisant donc.
Sorti en dvd zone 2 français chez SNC/M6 Vidéo
Extrait
Époque faste pour le cinéma italien, nous guettions la sortie des films avec gourmandise...
RépondreSupprimerAvez-vous vu, moins brillant mais aussi réjouissant et plus récent (2008), LE DEJEUNER DU 15 AOUT, de Gianni DI GREGORIO? un pur délice!
Et non pas vu celui-ci je note merci ! C'est vrai que le cinéma italien a connu un vrai renouveau dans les années 2000 pas mal de beaux film plutôt digne de la grande époque...
RépondreSupprimerLE DEJEUNER DU 15 AOUT passe sur ARTE le jeudi 1er décembre à 20h40. Rien à voir avec la "grande époque", mais 75 minutes délicieuses...
RépondreSupprimerC'est noté si je suis devant la télé à ce moment là heureuse hasard de programmation merci Isabelle !
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