Au début des années 70 dans une Italie politiquement secouée une certaine nostalgie et attirance pour le fascisme s'élevait au sein de la jeunesse pour cette rigueur sentiment d'une nation forte qu'elle n'avait pas connue. Quelques cinéastes s'appliquèrent à rappeller à ces jeunes inconscients la dure réalité que furent ces années là comme Vittorio De Sica dans son beau "Le Jardin des Finzi Contini". On peut aussi penser à "Nous nous sommes tant aimés" de Scola ou au "1900" de Bertolucci avec le film de Bolognini qui fonction sur le même mélange de comédie intimiste douce amère et de grande fresque historique.
Sur une période allant du début des années 30 à l'apogée du fascisme puis la Seconde Guerre Mondiale et la libération, une tranche de l'histoire de l'Italie vue à travers le regard de la bien nommée Libera Amore Anarchia (Claudia Cardinale) fille d'anarchiste et mère de deux enfants. Femme sanguine totalement indisposée par le régime fasciste, elle n'hésite jamais à afficher sa protestation sous toutes les formes possibles : comme arborer une robe rouge écarlate en opposition au tunique noire fasciste ou encore invectiver ouvertement la moindre injustice dont elle est témoin. Ces vélleités ne sont pas sans effet sur sa vie de famille, Libera risquant l'exil plusieurs fois (comme son père) et étant contrainte à une vie itinérante car régulièrement exclue des villes où elle séjourne.


Le scénario ose les grandes envolées romanesque pour son héroïne, jusqu'à l'excès même je ne suis pas convaincu de la nécessité de nous la montrer en maquisarde dynamitant les ponts. Même si c'est dans la logique de l'évolution de son personnage, la figure du fils aurait pu être une sorte de réalisation des enseignements de Libera (et de son père magnifique Adolfo Celli) plutôt que de faire d'elle une une résistante active. Claudia Cardinale (toujours magnifique servie par Bolognini) est néanmoins incandescente, vibrante et émouvant en Libera pour ce qui est sans doute un de ses très grands rôles. Les interprètes masculins ne sont pas en reste, Adolfo Celli et Bruno Cirino émouvant en mari dépassé, mais aussi Bekim Fehmiu en démocrate lettré amoureux de Libera
Un autre des grands thèmes du film et faisant le lien avec le présent de sa réalisation, c'est la manière dont l'Italie a raté le coche d'une vraie purge de ses institutions en réinstallant dans les hautes sphères des fascistes ayant retourné leur veste à temps. Le leitmotiv est répété plusieurs fois durant le film, la chute du fascisme, ce n'est pas la fin mais le début de la révolution... Une révolution qui n'aura finalement jamais lieu, pour aboutir à la situation contemporaine ayant motivé la mise en oeuvre du film.
Sorti récemment en dvd chez Carlotta
Extrait
je ne connaissais pas. Fan de Dominique Sanda, je possède L'héritage, prix d'interprétation à Cannes. J'avais bien aimé La grande bourgeoise avec Deneuve.
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