Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram
Au début des années 70 dans une Italie politiquement secouée une certaine nostalgie et attirance pour le fascisme s'élevait au sein de la jeunesse pour cette rigueur sentiment d'une nation forte qu'elle n'avait pas connue. Quelques cinéastes s'appliquèrent à rappeller à ces jeunes inconscients la dure réalité que furent ces années là comme Vittorio De Sica dans son beau "Le Jardin des Finzi Contini". On peut aussi penser à "Nous nous sommes tant aimés" de Scola ou au "1900" de Bertolucci avec le film de Bolognini qui fonction sur le même mélange de comédie intimiste douce amère et de grande fresque historique.
Sur une période allant du début des années 30 à l'apogée du fascisme puis la Seconde Guerre Mondiale et la libération, une tranche de l'histoire de l'Italie vue à travers le regard de la bien nommée Libera Amore Anarchia (Claudia Cardinale) fille d'anarchiste et mère de deux enfants. Femme sanguine totalement indisposée par le régime fasciste, elle n'hésite jamais à afficher sa protestation sous toutes les formes possibles : comme arborer une robe rouge écarlate en opposition au tunique noire fasciste ou encore invectiver ouvertement la moindre injustice dont elle est témoin. Ces vélleités ne sont pas sans effet sur sa vie de famille, Libera risquant l'exil plusieurs fois (comme son père) et étant contrainte à une vie itinérante car régulièrement exclue des villes où elle séjourne.
Cette aspect est au départ montré de manière génialement comique avec le pauvre Bruno Cirino entrant dans des rages noires face à cette épouse ne pouvant rester à sa place et obligeant la famille à constamment tout reprendre à zéro. Les empoignades mari/femmes dévoilent aussi une des plus belle relation de couple du cinéma italien où l'amour est le plus fort, Cirino malgré son agacement soutenant toujours Claudia Cardinale et reconnaissant dans la dernière partie qu'elle avait sans doute raison. L'engagement de Libera atteindra le point de non retour lorsqu'elle aidera un exilé évadé à quitter le pays et la seconde partie du film en pleine guerre de basculer dans une veine plus sombre et mélancolique.
L'équilibre familial s'en trouve définitivement bouleversé tandis que le chaos se déchaîne, Bolognini distillant des images historiques d'archives en transparence lors des transition du quotidien des héros. La reconstitution est une nouvelle fois somptueuse (et comme pour Bubu totalement immersive l'apparat ne fait jamais dériver de l'attention du récit), Bolognini ayant pu tourner sur les lieux des évènements, utilisant notamment toutes les bâtisses de l'architecture fasciste bien présents, rendant encore plus pesante l'oppression du régime de Mussolini (dénonciation, calomnies, surveillances).
Le scénario ose les grandes envolées romanesque pour son héroïne, jusqu'à l'excès même je ne suis pas convaincu de la nécessité de nous la montrer en maquisarde dynamitant les ponts. Même si c'est dans la logique de l'évolution de son personnage, la figure du fils aurait pu être une sorte de réalisation des enseignements de Libera (et de son père magnifique Adolfo Celli) plutôt que de faire d'elle une une résistante active. Claudia Cardinale (toujours magnifique servie par Bolognini) est néanmoins incandescente, vibrante et émouvant en Libera pour ce qui est sans doute un de ses très grands rôles. Les interprètes masculins ne sont pas en reste, Adolfo Celli et Bruno Cirino émouvant en mari dépassé, mais aussi Bekim Fehmiu en démocrate lettré amoureux de Libera
Un autre des grands thèmes du film et faisant le lien avec le présent de sa réalisation, c'est la manière dont l'Italie a raté le coche d'une vraie purge de ses institutions en réinstallant dans les hautes sphères des fascistes ayant retourné leur veste à temps. Le leitmotiv est répété plusieurs fois durant le film, la chute du fascisme, ce n'est pas la fin mais le début de la révolution... Une révolution qui n'aura finalement jamais lieu, pour aboutir à la situation contemporaine ayant motivé la mise en oeuvre du film.
je ne connaissais pas. Fan de Dominique Sanda, je possède L'héritage, prix d'interprétation à Cannes. J'avais bien aimé La grande bourgeoise avec Deneuve.
je ne connaissais pas. Fan de Dominique Sanda, je possède L'héritage, prix d'interprétation à Cannes. J'avais bien aimé La grande bourgeoise avec Deneuve.
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