William Gridley (Jack Lemmon), un jeune diplomate américain est envoyé à Londres. A la recherche d'un appartement à louer en ville, il postule auprès de la ravissante Carlyle Hardwicke (Kim Novak) qui consent à lui céder l’appartement. Mais ce qu’il ignore c’est qu’elle est le suspect numéro 1 du meurtre de Miles Hardwicke époux de cette dernière dont on n’a jamais retrouvé le corps.
Quelques années avant son bijou Deux têtes folles, Richard Quine s’essayait déjà à l’exercice de la parodie et de la mise en abyme cinématographique avec ce génial pastiche hitchcockien co écrit avec Blake Edwards. L’histoire dépeint la rencontre entre une américaine installée à Londres soupçonnée de meurtre avec un modeste employé d’ambassade joué par Jack Lemmon qui ne sait rien de cette fâcheuse réputation. A partir de cette idée va s’amorcer une enquête policière loufoque où Lemmon tombé amoureux va tout faire pour prouver l’innocence de Kim Novak.
Tout les grands climax du récit vont ainsi s’appliquer à reprendre de manière délirante et outrancière des classiques de séquences de Hitchcock. Le début où Lemmon encore méfiant soupçonne Novak de vouloir l’empoisonner lorgne donc vers Soupçons en inversant les rôles, plus tard une filature nocturne dans un Londres sinistres et brumeux évoquera The Lodger, une séquence de tribunal avec Novak en accusée Le Procès Parradine et la course poursuite finale en train et par la campagne Les 39 marches mais aussi La Mort aux Trousses. Malgré un côté un peu décousu, toutes ces différentes péripéties ne font pas dans la parodie pure Quine est plus subtil que cela et l’enquête maintient tout son intérêt à coup de rebondissements déroutants et de révélation en pagaille.Surtout, avant de partir tout azimuts, Quine aura pris le temps de rendre ses personnages très attachant. Kim Novak (jamais plus belle et émouvante que devant la caméra de Quine son réalisateur fétiche) étincelle de fragilité en accusée à tort (et son choix dans une déclinaison de Hitchcock est des plus judicieux) et après Embrasse Moi Idiot de Wilder démontre à nouveau une légèreté et un timing comique irrésistible. Il faut la voir accueillir Lemmon au début avec un accent outrancier, mais c’est surtout en accusée à tort oppressée de toute part qu’elle arrive à nous toucher par sa grâce.
Lemmon en monsieur tout le monde remuant ciel et terre offre encore un grand numéro. Quine prend son temps pour montrer leur rapprochement avant de partir dans le grand huit comique. Fred Astaire en second rôle s’avère très sympathique aussi. Sous la légèreté le suspense n’est pas exclu loin de là et quelques élans de noirceur et de violence viennent nous rappeler que nous sommes bien devant un thriller, même pour rire notamment une dernière demi-heure ébouriffante de rythme. Pas tout à fait aussi brillant que Deux têtes folles dont il est l'embryon (George Axelrod collabore au scénario des deux films) mais fort réussi tout de même.
Trouvable en dvd zone 2 français e chez Paramount
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