Martin est venu à Caracas pour y vendre les légumes qu'il
cultive sur une île déserte où il s'est retiré en solitaire, préférant la vie
sauvage au stress urbain. Dans sa chambre d'hôtel, surgit en trombe Nelly qui
vient de rompre ses fiançailles avec Vittorio. Elle s'incruste au point que
Martin l'héberge sur son île contre son gré...
Troisième film de Jean-Paul Rappeneau, Le Sauvage constitue un vrai virage dans la carrière du
réalisateur. C’est en effet la première fois que Rappeneau développe une
intrigue dans un cadre contemporain, chose qui n’arrivera par la suite que dans
le mal-aimé mais excellent Tout feu tout flamme (1981). Cet environnement moderne change du coup la dynamique des films
précédents où le rythme échevelé typique du réalisateur se mettait
progressivement en place le temps de poser le contexte (l’Occupation dans La Vie de château (1966) et la France post-
révolutionnaire sur Les Mariés de l’An II
(1971)) et une élégante reconstitution. Les 40 premières minutes éreintantes du
Sauvage contredisent ces habitudes,
la vitesse et l’hystérie guidant la fuite en avant d’une Catherine Deneuve
échappée d’un mariage avec un italien trop possessif et qui pour se faire
dévaste tout sur son passage. Bagarre, poursuite et destruction massive seront
provoqués par ce séduisant agent du chaos partout avant de se voir sauver la
mise par Yves Montand.
Ce dernier après l’avoir secourue croit s'en être débarrassé
et va avoir l'immense surprise de la trouver qui l'attend sur l'île déserte où
il s'est retiré. Le meilleur du film arrive alors avec une Deneuve plus
enquiquineuse que jamais qui va encore provoquer moult disputes et catastrophes
avant que les deux personnages se rapproche progressivement. Le virage de
l'hystérie à une veine plus romantique est magnifiquement géré par Rappeneau (les
deux personnages couchent ensemble après que Montand ait lancé un ananas sur la
tête de Deneuve) avec un scénario qui réserve son lot de surprise notamment sur
le passé de Montand et les raisons de son exil.
Deneuve est définitivement la
plus belle incarnation de « l’emmerdeuse » chère à Rappeneau, campant
un personnage voisin de celui qu'elle jouait déjà dans La vie de Château. C’est une miss catastrophe insouciante qu'on a
envie d'embrasser et de gifler à la fois, exaspérante et totalement craquante
le réalisateur ayant su le mieux la rendre naturelle, hors du registre froid et
éthéré où on l’enferme injustement.
Montand en vieux bougon retiré de tout est très bon
également, faisant preuve d’un timing comique et arborant un superbe look de
baroudeur. Avec le rythme se ralentissant il orne son personnage d'un spleen
touchant sur la dernière partie plus mélancolique. La réalisation précise et
alerte de Rappeneau fait des miracles notamment au montage puisque l'île sur
laquelle se déroule l'histoire à en fait été tourné sur trois décors différents,
de la banlieue de Saint Cloud en passant par les Bahamas et les Antilles et
l'illusion est parfaite.
Le film
constitue encore aujourd’hui un modèle de comédie d’aventures (rappellons que
Rappeneau a coécrit L’Homme de Rio (1964)) pour lequel les américains ont longtemps
envisagèrent un temps un remake. Si ce dernier ne vit jamais le jour, le film
circula longtemps à Hollywood, rendant suspectes les similitudes avec des
productions ultérieures comme À la
poursuite du diamant vert (1984) de Robert Zemeckis ou 6 Jours 7 Nuits (1998) d’Ivan Reitman.
Sorti en dvd zone 2 français che Studiocanal
Je continue de préférer le grande Catherine avec Philippe Noiret dans La Vie de Château, mais dans Le Sauvage elle égale certainement les grandes actrices de screwball comedy (je suis sûre qu'elle admire Katharine Hepburn par exemple...)
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