Jalouse de l'amour
qu'Henri porte à Julie, Dominique se venge en la frappant avant de se jeter
d'une falaise. Julie devient alors la suspecte principale. Pour la faire sortir
de prison, Henri commence alors à semer de fausses preuves pour pousser la police
à le suspecter.
La Menace est le
deuxième film de la grande série de polar qui marqua le début de carrière d’Alain
Corneau, venant après l’inaugural et salué Police
Python 357 (1976) et avant Série
Noire (1979) et Le Choix des armes
(1981). Corneau dans chacune e ses œuvres redéfinissait avec déférence mais de
manière personnelle la dimension de fatalité du polar, la tirant vers le piège
implacable dans Police Python 357, la
tragédie pour Le Choix des armes ou
le pur sordide dans Série Noire. La Menace prolonge donc une première
fois le sillon de Police Python 357
tout en s’en démarquant.
Le poids d’un destin s’avère à la fois concret et flottant à
travers la mise en scène de Corneau filmant le couple Yves Montand/Carole Laure
en amorce, sous un regard extérieur, qu’il soit celui haineux de l’amante
rejetée Dominique (Marie Dubois) où celui plus indistinct de la fatalité qui
pèse sur eux. Ces deux regards peuvent être clairement identifiables ou
incertains, Corneau jouant tour à tour sur le thriller le plus concret et une
dimension plus métaphysique avec des mouvements de caméras circulaires qui
emprisonnent les personnages dans d’impressionnants décors naturels. Le
scénario piège nos héros dans une suite de hasards improbables jouant une sorte
d’effet miroir déformant avec Police
Python 357.
Le Yves Montand réellement coupable dans le film précédent
adopte ainsi une attitude de de secret et dissimulation identique dans La Menace où il est innocent mais où
tous les éléments se liguent contre lui. Son attitude sera un défi au destin
avec un stratagème alambiqué dont le côté réfléchi rend le personnage plus
froid et moins romanesque que dans Police
Python. L’émotion fonctionne donc par l’alchimie entre Montand et Carole
Laure, sobre et passionnée dans les premiers instants du film puis
douloureusement contenue lorsqu’ils mystifieront leurs accusateurs. La première
partie pose ainsi la situation (formidable Marie Dubois en amante rejetée et désespérée)
et le piège dans une veine sobre, glaciale et étouffante.
La seconde partie prolonge la tragédie en marche mais cette
fois la laisse exploser par la seule image, dans les grands espaces canadiens
et par l’adrénaline d’une scène d’action impressionnante. Corneau fait ainsi
cohabiter un imaginaire policier français blafard et intimiste avant de laisser
exploser une inspiration américaine fonctionnant par ces grands espaces
convoquant le western et le road movie. Les cascades de Remy Julienne sont
époustouflantes (Montand se rappelant au bon souvenir du Salaire de la peur en donnant de sa personne au volant de son
semi-remorque), les morceaux de bravoure ne constituant pas un simple aparté
spectaculaire mais un vrai prolongement du drame par sa conclusion tragique. Le
final noir et mélancolique dresse donc une concrétisation du polar selon Alain
Corneau, à la fois dans la tradition et un vrai renouveau qui allait s’exprimer
pleinement avec le classique Série Noire.
Sorti en dvd zone 2 français chez Studiocanal
Et une vidéo de tournage d'époque
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