Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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mardi 22 septembre 2015

Le Dingo - Lo Svitato, Carlo Lizzani (1956)

Achille, employé, très polyvalent, au siège d'un grand journal, rêve de devenir journaliste à part entière. Un matin, parce qu'il a raté son tramway, il fait une rencontre fortuite et écrit un article bidon sur un « boxeur au cœur tendre ». Il aspire parallèlement à séduire Elena, une très jolie gymnaste. Afin d'atteindre définitivement son Graal, il monte une « grande arnaque » millimétrée, avec l'aide d'un ami affairiste, Gigi, pour avoir l'absolue exclusivité d'un scoop : kidnapper des chiens de concours et les remplacer par des bâtards. L'affaire prend vite une tournure loufoque, à l'image de son protagoniste...

Le Dingo est une œuvre singulière du cinéma italien des années 50. La sinistrose du néoréalisme a à ce moment cédée au « néoréalisme rose » où l’on retrouve des thèmes sociaux et environnements réalistes dans une veine plus légère et amusée dans des classiques comme Pain, amour et fantaisie (1953) de Luigi Comencini. Ce mouvement précède quant à lui la « comédia all’italiana », versant moderne et féroce initié avec Le Pigeon (1958) qui lancera l’âge d’or de la comédie italienne. Le Dingo se situe totalement à contre-courant de ces deux tendances, exploitant une veine burlesque rarement vue dans la comédie italienne.

On doit cette singularité aux initiateurs atypiques du projet. Carlo Lizzani est plutôt associé à un cinéma sérieux et engagé, ayant été notamment co-scénariste de Riz Amer (1949), et avoir été l'assistant de Roberto Rossellini sur le tournage de Allemagne année zéro (1948). Ses premières réalisations s’inscrivent dans cette veine politique, notamment La Chronique des pauvres amants (1954), chronique sur la montée du fascisme du point de vue d’une petite rue de Florence. Le film obtient le Grand Prix du Jury à Cannes, la Palme d’or lui étant promise s’échappant à cause des pressions du gouvernement italien. Un peu à la manière de Vittorio De Sica (qui connaîtra la même déconvenue cannoise avec son Umberto D (1952)), Lizzani doit donc se réinventer par la comédie, le gouvernement italien se crispant face à l’imagerie misérabiliste donnée du pays dans les œuvres néoréalistes.

On propose donc à Lizzani de travailler avec des comiques montants dont Dario Fo, vedette du cabaret italien dont les sketches se caractérisent par le sens de l’absurde. On retrouve donc cela dans Le Dingo où Dario Fo façonne un personnage comique loufoque à la Charlot/ Monsieur Hulot, lunaire et physiquement immédiatement identifiable. Le film amuse le temps d’épisodes isolés mettant en valeur le côté gaffeur de son héros apprenti journaliste sportif allant couvrir une course d’athlétisme en s’incrustant dans la course. 

La trame est par contre terriblement laborieuse avec une pseudo critique du journalisme où Dario Fo monte une combine autour d’un concours de chien qu’il va parasiter pour un de ses articles. Le côté social cher au réalisateur fonctionne relativement à travers les deux personnages féminins qui contredisent astucieusement les attentes, la blonde glamour pimpante et superficielle (Franca Rame) dissimulant une figure plus chaleureuse qu’il n’y parait tandis que la brune modeste et introvertie (Giorgia Moll) cèdera à l’attrait matériel. 

L’intérêt se noie malheureusement dans une construction trop décousue, la vraie personnalité comique qu’incarne Dario Fo ne parvenant pas à s’épanouir et à vraiment provoquer le rire malgré les bonnes intentions et l’approche réellement originale. L’échec du film signera d’ailleurs le glas de sa carrière au cinéma (même s’il aura quelques rôles épars par la suite), le voyant privilégier les planches et même l’écriture puisqu’il sera récompensé du Prix Nobel de la littérature en 1997.

Sorti en dvd zone 2 français chez Tamasa

3 commentaires:

  1. Film vu hier. Je trouve le jugement de Dvdklassik,lu après heureusement,très sévère. Le concours de chiens n'arrive qu'au bout d'une heure, ce n'est donc pas le sujet du film qui est ailleurs. Dario Fo, en électron libre, est époustouflant et crève l'écran. Film atypique dans le cinéma italien, j'en conviens, mais qui s'adresse aux amateurs de burlesque qui seront comblés. Je ne me suis jamais ennuyé. Le film,insolite,décalé,est très amusant et mérite mieux que votre avis et celui de dvdklassik. .Heureusement que je ne les avais pas lus avant.C'est une vraie et réelle découverte, au contraire.

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    1. Mais en fait comme fou j'ai plutôt apprécié la personnalité comique atypique de Dario Fo mais je trouve vraiment que le film tant dans son intrigue que ses situations peine vraiment à le mettre en valeur. On sent quand même que Carlo Lizzani n'est pas un spécialiste de la comédie dans la gestion comique où la montée en puissance burlesque des situations. Ce qui est dommage c'est que ce soi resté un essai unique avec le bide du film parce que en affinant (c'est quand ça que ce sont construit toute les grandes figures comiques au fil des oeuvres) il y avait possibilité de faire mieux.

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  2. bonsoir,merci de votre réponse. Oui, Lizzani n'est pas Leo McCarey ou Blake Edwards mais la vitalité, pas seulement physique, de l'acteur l'emporte l'adhésion et efface les approximations, l'aspect un peu laborieux de la mise en scène et d'un scénario pas très raffiné. Mais, à mon sens, malgré ses défauts,le film tient le coup. Mais, on ne va pas épiloguer. On a le droit de ne pas être d'accord. Bonne fin de soirée.

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