samedi 10 juillet 2010
Des pas dans le brouillard - Footstep in the fog, Arthur Lubin (1955)
Stephen Lowry affiche une douleur feinte à la mort de sa femme. Dans son for intérieur, il se réjouit d'autant plus malignement que c'est lui qui l'a empoisonnée. Sa jeune domestique, Lily Watkins, a trouvé le flacon d'arsenic. La voici armée d'un redoutable moyen de pression, dont elle ne se prive pas d'user. Elle contraint Stephen à faire d'elle sa maîtresse et se met à régenter la demeure. Or, Stephen veut épouser Elizabeth, la fille de son associé Alfred Travers. Il lui faut dès lors se débarrasser de l'encombrante Lily...
Un redoutable thriller remarquablement équilibré dans toutes les directions qu'il prend. La première scène donne le ton avec une scène d'enterrement où le veuf joué par Stewart Granger semble terriblement accablé. Rentrant péniblement sous une pluie battante dans la vaste demeure désormais vide nous le voyons de dos contempler le portrait de la défunte, avant qu'un plan sur son visage ne nous dévoile un triomphal sourire de satisfaction. Le récit (adapté d'une nouvelle de W. W. Jacobs) tourne autour de la relation amour/haine entre le veuf assassin et sa servante jouée par Jean Simmons qui après avoir démasqué son maître le soumet à un odieux chantage.
Les motifs des deux personnages à leur actes répréhensibles semble les même, l'argent et la réussite sociale. Granger s'est marié pour la fortune de sa femme et l'a tué pour en profiter seul tandis que Simmons soustrait différent avantages matériels et de statut en échange de son silence. Les échanges entre les deux sont d'ailleurs très mordant dans un premier temps avec un festival de dialogue à double sens et d'allusions macabres.
La servante a pourtant comme seul but de rester proche de son maître dont elle est amoureuse et qu'elle va sauver du désastre à plusieurs reprise lorsque la suspicion se fera ressentir. Jean Simmons délivre une prestation brillante avec son personnage froid et déterminé, usant de tout les moyen pour ne pas être séparé de Granger mais qui s'avère touchant de naïveté et de soumission dans l'adoration qu'elle lui porte. Au contraire ce dernier semblant incarner l'insensibilité des classe aisée s'avère un redoutable manipulateur, impulsif et froid.
L'alchimie entre Granger et Simmons (mari et femme à l'époque) fait merveille dans cette relation aux multiples contradictions mêlée de lutte des classes. C'est aussi un remarquable thriller, tendu à souhait notamment la séquence justifiant le titre qui délivre un meurtre saisissant et brutal dans la brume londonienne.
Derrière chaque sourire où geste tendre se dissimule le calcul et les arrières pensées même si sa dualité Jean Simmons s'avère une nouvelle fois la plus émouvante comme le montre la conclusion redoutable et tragique à la fois. Un vrai plaisir pour les yeux aussi, avec des intérieurs splendide (notamment la demeure de Granger qui renforce le côté Cluedo du film) et une photo magnifique de Christopher Challis bien connu pour son travail sur certains des plus somptueux Powell/Pressburger.
Trouvable en dvd zone 2 anglais doté de sous titres anglais.
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Le personnage du "méchant" dans ce film me fait un peu penser au personnage interpété par Ray Milland dans "Le crime était presque parfait", d'Alfred Hitchcock. Beau billet, en tout cas ! ;)
RépondreSupprimerEffectivement on peut les rapprocher deux maris manipulateurs et assassins, même s'il y en a un qui arrive malheureusement à ses fins :-)
RépondreSupprimermoi jai le film en francais et vraiment j'ai beaucoup aimer
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