Mr Earnshaw a deux enfants : le fils aîné, Hindley, et une fille, Catherine. Un jour, il ramène d'un voyage un enfant abandonné de six ans, Heathcliff, dont l'origine est inconnue, et qu'il traite comme son second fils. Hindley entre rapidement en conflit avec Heathcliff et, lorsqu'à la mort de ses parents il devient le maître de la maison, il traîte Heathcliff comme un vulgaire domestique.Catherine devient ravissante, elle est courtisée par un riche héritier, qu'elle épousera au grand dam d'Heathcliff, qui a toujours été amoureux d'elle. Pourtant, Catherine aussi l'aime passionnément depuis toujours...
Ayant tout récemment dévoré le livre de Emily Brontë, j'étais impatient de découvrir cette célèbre adaptation. Le film n'adapte que 16 chapitre sur les 34 que compte le livre et narre donc uniquement la passion destructrice entre Heathcliff et Catherine, délaissant la seconde partie du livre qui évoquait la seconde génération des famille Linton et Heathcliff. Ce choix oriente pas mal la tonalité du film puisqu'il atténue la noirceur du livre (toute la cruauté de la vengeance d'Heathcliff et les tourments qu'il fait vivre aux descendants) mais aussi l'aspect rédempteur qui voyait les héritiers réparer les erreurs des aînés.
L'atmosphère pesante et malsaine, les non dits inquiétants et l'aspect scabreux disparaissent donc pour orienter le récit vers une tonalité plus classique de mélodrame fantastique plutôt réussi. Dans le livre le personnage de Heathcliff est présenté comme néfaste dès l'enfance, son amour pour Cathy étant le seul lien qui le maintienne à une certaine humanité. Rien de tout cela avec Wyler qui en fait tour à tour un amoureux transi subissant humiliation et privation, ce qui justifie son aura de Monte Cristo revanchard et manipulateur dans la seconde partie. L'aspect sombre du personnage est donc contrebalancé par une aura de héros romantique tragique.
Laurence Olivier, un peu gauche en paysan au début s'avère par contre exceptionnel en aristocrate ténébreux et inquiétant. Merle Oberon rend également très bien le tempérament orageux et capricieux de Catherine, tout comme son amour passionné et malade pour Heathcliff.
C'est d'ailleurs là le grand atout du film, celui d'avoir réussit à rendre palpable cet amour irraisonné et maladif du livre, de l'innocence de l'enfance au fossé des différences sociales puis de la passion intacte non avouée à une poignante séparation aussi intense que dans le livre. Bien que nimbant moins l'ensemble du film que dans le livre, le fantastique s'exprime à plein également pour rapprocher le couple lors des retrouvailles finales.
Hormis les réserves du changement d'orientation sur le fond, l'adaptation est assez remarquable à quelques broutilles près (le début amenant la narration en flashback est trop abrupt et moins subtile que le livre, surtout que le film est assez court 1h40 ça manque de respiration dans le récit) et condense idéalement la partie du livre traitée (pour une adaptation complète le format feuilleton tv est sans doute plus pratique). Les zones d'ombres non traitées sont en partie résolues par la réalisation et les idées inventives de Wyler tel la photo qui s'altère légèrement avant chaque apparition de Heathcliff dans la seconde partie ou le léger souffle qui traverse les lieux lorsqu'il s'annonce. Son aura maléfique se dessine ainsi en filigrane, le sadisme et les monologues extravagants du livre ne pouvant sans doute pas être rendus pour cause de censure.
Au final un transposition cohérente et réussie même si pas totalement satisfaisante, puisque la direction prise par Wyler avoisine plus le film vers un Peter Ibbetson ou L'Aventure de Madame Muir sans être tout à fait aussi réussi. La lecture toute fraîche incite peut être aussi à un excès de chipotage, curieux de voir d'autres adaptations...
Facilement trouvable en dvd
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Il y a 2 heures
Je suis heureuse que le livre vous ait plu. :)
RépondreSupprimerEffectivement, le film ne prend en compte que la première partie du roman (ce qui n'est pas trop gênant à mes yeux, étant donné que la seconde partie est moins forte que le reste, excepté la fin).
L'adaptation des "Hauts de Hurlevent" par William Wyler présente d'indéniables qualités, mais est loin d'égaler l'audace du roman d'Emily Brontë, qui a quelque chose de très brut, de très sauvage (l'auteur n'en a d'ailleurs pas forcément conscience, tant cette sauvagerie lui semble naturelle). Cette histoire famaliale, qui se déroule dans une sorte de no man's land battu par les vents, est d'une violence toute shakespearienne !
Du film, je retiens surtout les deux acteurs principaux, et certaines images en noir et blanc. Mais les personnages secondaires tels qu'ils sont présentés dans l'adaptation de William Wyler m'ont paru bien fades, qu'il s'agisse du narrateur et de la servante, ou d'Edgar et Isabelle Linton.
Je me demande d'ailleurs si le rôle de cette dernière n'a pas été plus ou moins escamoté dans le film, car je n'en garde au cun souvenir - pourtant, ce personnage, lorsqu'il s'enfuit de chez Heathcliff, a droit à une scène absolument remarquable dans le roman, de par sa violence.
Il existe effectivement d'autres adaptations des "Hauts de Hurlevent", télévisées cette fois, qui prennent en compte la totalité du livre, mais je me suis laissé dire qu'elles étaient assez faibles. La plus connue est celle qui met en scène Juliette Binoche et Ralph Fiennes, elle date de 1992.
Récemment, il a été question d'adapter "Les Hauts de Hurlevent" au cinéma, et Natalie Portman était préssentie pour le rôle de Catherine, mais il semble que le projet soit tombé à l'eau.
Sinon, si vous avez envie d'explorer davantage l'univers des soeurs Brontë, je ne peux que vous conseiller "Jane Eyre", de Charlotte Brontë. On y retrouve un héros sombre et tourmenté, aux penchants quelque peu sadiques...
l'atmosphère de "Jane Eyre" est moins sombre que "Les Hauts de Hurlevent", mais on sent que ces deux romans ont été créés à partir du même terreau.
L'héroïne du roman de Charlotte Brontë est également très singulière, à l'image du livre qui choqua la bonne société victorienne au moment de sa parution.
A noter que "Jane Eyre" a fait l'objet d'une adaptation en 1944, avec Robert Stevenson à la barre, et Joan Fontaine et Orson Welles dans les rôles principaux. L'atmosphère en est merveilleusement gothique (j'ai un gros faible pour ce film).
Mais je m'arrête avant que ce commentaire ne se transforme en roman-fleuve. ;)
Edgar Linton est effectivement un peu fade (plus à cause du scénario que de la prestation de David Niven d'habitude excellent) mais par contre Isabelle est assez bien développée dans le film. Par contre l'accueil hostile et l'agressivité d'Heathcliff envers elle a été complètement édulcoré par rapport au livre. La censure a sans oute pas mal joué pour atténué le côté inquiétant du roman, la version de 92 a très mauvaises réputation mais elle adapte entièrement le livre (Et Binoche joue les deux Catherine) à tester éventuellement. Sur amazon j'ai vu que pas mal de version télé existait d'ailleurs dont une avec Timothy Dalton en Heathcliff, ça me rend très curieux il serait parfait !
RépondreSupprimerSinon c'est drôle que vous évoquiez "Jane Eyre" vu que pour rester avec les soeur Brontë j'ai commencé la lecture depuis 1 semaine aussi j'en suis à la première rencontre entre Jane et Rochester. J'aime beaucoup aussi, moins tourmenté que les "Hauts de Hurlevents" mais on sent effectivement un esprit voisin. Je tenterai la version de 44 quand j'aurai fini, là aussi les adaptations semble innombrables au ciné comme à la tv !
Finalement on ne saura pas ce que tu pense du film. En effet tu donne ton avis sur l'adaptation de "Les Hauts de Hurlevent", mais pas un mot sur le film ou presque et c'est bien dommage. Et comme je n'ai pas lu le livre...
RépondreSupprimerWolvy.^^
C'est vrai tu as raison en fait au moment où j'ai écrit le texte je venais de finir le livre donc ça a pas mal orienté ma critique. Pour ce qui est du film en lui même c'est un mélodrame fantastique assez réussi mais qui néanmoins n'atteint pas les sommets du genre comme je le soulignait, à la manière de "L'Aventure de Madame Muir" ou surtout "Peter Ibbetson" dans ce genres d'amours contrariés tragique. ca vaut le coup d'oeil néanmoins et si ça peut t'inciter à tenter le bouquin qui lui est fabuleux ;-)
RépondreSupprimerinégal, les interprètes sortent leur épingle du jeu, elle parce qu'elle est étrange, lui parce qu'il incarne effectivement Heatcliff. Mais on est très loin de Mme Muir. Hollywood n'a pas su exploiter à plein l'oeuvre des soeurs Brontoe. Jane Eyre n'est pas abouti non plus et pourtant Fontaine est faite pour le rôle (Orson Welles pas mal), petit investissement financier à mon avis.
RépondreSupprimerHormis la fin ratée je la trouve vraiment bonne cette version 44 de "Jane Eyre" (vu entre temps depuis les commentaires j'en ais parlé sur le blog en aout ;-)) j'avais vraiment apprécié notamment tout l'aspect gothique très amplifié par rapport au livre.
RépondreSupprimerC'est vrai que je n'avais pas envisagé l'aspect gothique, je voyais là surtout l'absence de moyens dont je parlais. On est très loin des intérieurs cosy de l'époque, j'avais été frappé en lisant les mémoires de Mme de Boisgne par l'obsession du confort qu'elle soulignait chez les anglais du début XIXème. Ce château-là ressemble au manoir où Chateaubriand passa son enfance.
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