Italie, 1938. Ayant entrepris depuis peu de se convertir à l'antisémitisme, le régime fasciste multiplie les mesures vexatoires contre les Juifs italiens. Mais la famille Finzi-Contini, pilier de l'aristocratie de Ferrare depuis des générations, ne croit pas à l'imminence de la menace. Les deux enfants adultes, Micól et Alberto, aiment bien donner des parties et jouer au tennis dans l'immense parc qui entoure le palazzo familial. Comme les clubs sportifs viennent d'être interdits aux Juifs, des jeunes gens de milieux plus modestes sont désormais invités à jouer dans le jardin des Finzi-Contini. C'est ainsi que Giorgio a l'occasion de rencontrer la lointaine Micól et tombe peu à peu amoureux d'elle, qui lui en préfère un autre, cependant qu'hors des murs, le pire se prépare...
La filmographie de Vittorio De Sica a symbolisé comme rarement chez un autre réalisateur italien les soubresauts du pays. Au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, il est un des chantre du néo réalisme saisissant la misère ambiante d'un pays en ruine, dans les années 50 en tant qu'acteurs il participe à nombre de comédie populaire (comme la série des Pain, Amour dont on a parlé ici destiné à divertir le quotidien encore difficile des italiens, durant les 60's en pleine bulle économique il donne dans la production comique luxueuse et raffinée comme son film à sketch Hier, aujourd'hui et demain (on en recause bientôt de celui là à suivre). Au début des années 70 donc l'Italie est agitée par les soubresauts politique des Années de plomb et la jeunesse semble avoir un vrai attrait pour le fascisme, symbole d'une Italie conquérante.
Leur cercle d'amis en profite et en pâtit à la fois, la dure réalité ressurgissant cruellement sorti du cadre idyllique de la résidence. Parmi eux Giorgio (Lino Capulicchio) secrètement amoureux de Micol (Dominique Sanda) depuis l'enfance, cette dernière semblant ressentir la même chose mais se refusant à lui. Plusieurs interprétation se dessine dans ce refus, la différence de classe pas définitivement brisée (une scène suggérant une animosité envers les Finzi-Contini par d'autres juifs à cause de la noblesse qu'il incarne) et surtout une crainte de l'avenir morose qui oblige à s'interdire le bonheur dans le présent. Toutes ses nuances passent merveilleusement dans la prestation magnifique de Dominique Sanda.
De Sica reste très fidèle au roman hormis quelques modification tel l'enfance déplacée en flashback quand elle se situait au début du livre et surtout le final poignant qui ajoute une scène de déportation. Le spleen qui a traversé tout le film se mue alors en désespoir absolu durant ses dernières minutes où l'insouciance de façade laisse place à une résignation douloureuse face à un avenir incertain. Un des plus beau film de De Sica, récompensé par un L'Ours d'Or à Berlin et l'Oscar du meilleur film étranger.
Sorti en dvd zone 2 français chez SNC
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