Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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mercredi 8 septembre 2010

Qu'as tu fais à la guerre papa ? - What Did You Do in the War, Daddy?, Blake Edwards (1966)

1943. Le capitaine Cash reçoit pour mission de prendre la petite ville de Valerno. Les habitants attendent en fait avec impatience l'arrivée des Américains et sont prêts à se rendre pourvu qu'on les laisse finir leur match de football...


Un film de guerre sur fond de comédie qui anticipe grandement toutes les oeuvres irrévérencieuses à venir dans les années suivantes comme MASH, Catch 22 ou encore De l'or pour les braves. On pense beaucoup à ce dernier ici notamment par la présence de Caroll O Connor au rôle quasi similaire de général yankee bas du front dans les deux films. Prénommé Général Bolt chez Edwards et Général Colt dans le film de Hutton le clin d’œil étant complet avec la conclusion similaire et tordante où il vient délivrer la ville, arrogant et cigare au bec...

Le début marche sur des voies assez classiques des premières minutes de pur film de guerre où un escadron de soldats attaquent une colline. Le pitch de départ est également typique du genre avec le gradé psychorigide et inexpérimenté Dick Shawn qui se voit charger de prendre un village italien accompagné d’une troupe de vieux baroudeurs qui ne le respectent pas. On s'attend à une opposition classique en lui et James Coburn leader naturel des troupes, mais dès l’arrivé dans le village on bascule dans le burlesque le plus déjanté. Les habitants et soldats ennemis acceptent de se rendre sans violence, mais à la condition qu'ils puissent faire la grande fête traditionnelle du village. Après moult négociations, Shawn accepte sans en mesurer les conséquences…

La suite est une escalade de drôlerie irrésistible où Edwards joue avec un brio inouï de son art de l'escamotage. Le lendemain de fêtes ayant laissés les soldats américains à l’état d’épaves (la beuverie épique de la veille qui précède puis la séquence de réveil sont de grands moments) ils se retrouvent à devoir duper leur propre camp suite au mensonge effectué pour laisser se dérouler l’évènement, ce qui va entraîner une série de réactions en chaînes, de quiproquos, usurpation d'identités et travestissements en tout genre. Le scénario offre ainsi de savoureux moments surréalistes tel cette séquence où américains et italiens simulent une guérilla en plein village quand passe un avion d'observation US (avec les femmes allant étendre le linge entre les balles à blancs ).

Edwards renvoie tout le monde dos à dos ( exubérance italienne cliché, arrogance américaine, bêtise allemande) dans un grand éclat de rire et accumule les gags inventif réclamant l’attention constante tant ils sont subtils, tel en arrière plan les portraits alternés de Roosevelt puis Hitler placés par les villageois selon la nationalité de l’envahisseur du jour. On retrouve les sentiers du film de guerre dans la dernière partie avec l'arrivée des allemands, mais la veine guerrière et dramatique plus ouvertement affichée se fait une nouvelle fois dans un tourbillon d’humour inventif. Edwards mène un jeu de cache-cache et de manipulation extraordinaire pour montrer comment avec génie italiens et américains vont renverser la situation pour vaincre l’ennemi, sans jamais perdre le spectateur malgré l’avalanche de rebondissement et retournement de situations.

James Coburn encore perçu comme un acteur d’action taciturne à l’époque grâce au Sept Mercenaires dévoile un potentiel comique réjouissant qu’il ne tardera pas à exploiter dans d’autres productions comme la série d’espionnage parodique Flint. Dick Shawn est plutôt bon aussi mais manque un à peu d’envergure en restreignant son personnage à son côté ridicule sans complètement émouvoir dans son amourette avec une italienne gironde campée par Giovanna Ralli.

Trop en avance sur son temps, le film connaîtra un échec retentissant à sa sortie, ayant le tort de sortir alors que le film de commando premier degré et patriotique est en plein essor avec les succès de Quand les aigles attaquent, Les canons de Navarrone ou encore Les Douze Salopards. The Party film suivant de Edwards montre le génie de Edwards intact mais il paiera longtemps l’insuccès de sa farce avant de se relancer dans les 70’s en reprenant la série des Panthère Rose avec son acolyte Peter Sellers. Quoiqu’il en soit, il demeure un des films les plus hilarants jamais réalisés.

Sorti en dvd zone 2 français chez Wild Side dans une très bonne édition

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