Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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vendredi 10 septembre 2010

La Lance Brisée - Broken Lance, Edward Dmytryk (1954)


Riche éleveur, Matt Devereaux dirige avec une poigne de fer un véritable empire en Arizona, secondé par ses quatre fils, Ben, Mike, Danny et Joe. L'ainé, Ben, a fini par haïr son père, dont la seule affection va à son cadet Joe qu'il a eu avec sa seconde femme, fille d'un chef comanche. Tandis que Joe se fiance avec Barbara, la fille du gouverneur, un incident se produit: les déchets de la mine de cuivre de l'endroit polluent la rivière et empoisonnent quelques bêtes. Matt dirige une expédition punitive à la mine et saccage les installations...

La lance Brisée est le remake du film de Mankiewicz La Maison des Etrangers transposé d'une époque contemporaine à un cadre de western pour un puissant drame familial. Les thèmes classiques du genre se mêle admirablement au récit plus intime. La figure imposante du personnage de Spencer Tracy s'imprègne bien avant son apparition effective à l'écran, par symbole (ce portrait le magnifiant) et l'antagonisme régnant entre les quatre frères et plus particulièrement l'aîné (Richard Widmark) et le benjamin (Robert Wagner) né d'une indienne. Tracy est un propriétaire qui s'est élevé à la force du poignet par la violence, que son intransigeance et sa dureté rendent dépassé à l'ère moderne et qui surtout l'éloigne de ses fils au caractère faible hormis Robert Wagner.

Le problème racial et la jalousie se créent par ce dernier, fils modèle et métis seul à même de succéder à son père. Robert Wagner même si très convaincant est un peu lisse en bon fils mais occasionnent quelques réflexion intéressante quant à son rapport aux autres personnage, l'amitié (l'avocat qui ne souhaite pas le voir fréquenter sa fille) et les liens fraternels ne pouvant dépasser le racisme. A l'opposé, Richard Widmark transcende ce qui aurait pu être un méchant basique en exprimant toute la détresse de ce fils méprisé qui a tout sacrifié et qui voit son héritage lui échapper.

Les confrontations entre lui et Spencer Tracy où il se fait malmener puis se venge face à un père diminué sont d'une grande intensité et noirceur (au point de voir dans le film une variation western du "Roi Lear" comme le souligne Tavernier en bonus) le clou étant atteint lors de la magnifique scène de mort de Tracy. Spencer Tracy est assez incroyable, produit de l'Ouest à l'attitude discutable mais à la sincérité qui le rendent plus attachant qu'un Widmark plus aigri. Dmytryk donne ainsi toute sa mesure dans sa direction d'acteurs, sa mise en scène plus mesurée n'offrant de moments visuellement marquants que par intermittence tel l'esprit de Tracy qui semble presque posséder la vieille demeure avant que ne s'amorce le flashback.

En dépit d'une ultime confrontation pas forcément utile (et amenée pour compenser un relatif manque d'action alors que tout devrait s'arrêter une fois Wagner apaisé) un superbe western donc.

Sorti en dvd zone 2 français dans la collection western de SGCC. Bonus très interessant avec tavernier racontant les origines étonnantes du script du film.

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