Une femme, rescapée d'un camp de concentration,
prend l'identité d'une amie pour s'occuper de son fils. Un mystérieux
ennemi la menace constamment.
The House on Telegraph Hill est une œuvre reprenant dans un cadre contemporain le motif du film gothique avec héroïne en détresse dans la lignée de Rebecca d'Alfred Hitchcock ou encore Hantise
de George Cukor (1944). Comme dans ces films, la menace vient autant
d'un secret et d'un mal tapi dans la demeure que d'un conjoint
transformé et soudainement inquiétant au contact de ces lieux. Le film
trouve son originalité par son argument de départ qui évoque
frontalement les camps de concentration à travers le passé douloureux de
son héroïne Victoria Kowelska (Valentina Cortese). Ayant perdu toute sa
famille dans les camps et n'ayant plus rien à espérer en Pologne, elle
endosse l'identité d'une amie disparue qui a envoyé son bébé à sa
famille aux Etats-Unis. Celle-ci ne l'ayant pas revue depuis l'enfance,
le subterfuge peut fonctionner et Victoria va même tomber sous le charme
du tuteur de l'enfant, Alan Spender (Richard Baseheart).
On savoure donc les réminiscences et habiles variations de Rebecca,
notamment les relations tendues entre Victoria et la sournoise
gouvernante incarnée par Fay Baker. Cependant à l'inverse, la maitresse
de maison disparue dont on apercevra un imposant portrait constitue une
présence bienveillante (qui sera même l'élément lumineux de la séquence
nocturne dans la demeure en début de film avec une très belle photo de
Lucien Ballard) qui guide notre héroïne. L'aspect gothique et élégant
contribue surtout à l'atmosphère pesante et qui se prolonge plus
concrètement par les vrais dangers du monde extérieur moderne. La
remarquable direction artistique confronte ainsi cet environnement d'un
autre âge à l'urbanité de San Francisco dans de superbes vues
surplombant la ville depuis les hauteurs. Le passé traumatisant de
l'héroïne n'est pas anodin et creuse la culpabilité de son mensonge en
filigrane, l'interprétation de Valentina Cortese jouant subtilement de
l'opportunisme "compréhensible" de la survivante mais aussi de ses états
d'âmes.
Ce n'est qu'en se confrontant au vrai crime étouffé dans cette
maison qu'elle pourra surmonter son dilemme. Richard Baseheart est très
bon en époux aimant mais de plus en plus manipulateur, Robert Wise
excellant à graduer sa dimension inquiétante. Après le mythique et
douteux verre de lait du Soupçon d'Alfred
Hitchcock (1941), un rebondissement a pour objet ici un verre de jus
d'orange dans un efficace final à suspense. Le scénario contourne ici
intelligemment les attentes, l'amour maternel plus que la rivalité
amoureuse servant les enjeux et questionnements des personnages. Il
manque tout de même un grain de folie et de malaise au film pour égaler
ses illustres modèles mais l'ensemble se laisse très bien regarder.
Sorti en dv zone 2 franàais chez Fox
un film qui tient en haleine jusqu'au bout. Un très bon film de Robert Wise que nous avons aimé sur l'Avenue!
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