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jeudi 13 juin 2019

Fireworks, Should We See It From the Side or the Bottom? - Uchiage hanabi, shita kara miru ka? Yoko kara miru ka, Shunji Iwai (1993)


Norimichi et Yusuke semblent en pincer pour la même fille, la jolie mais discrète Nazuna. Cette dernière va alors commencer à agir étrangement : ses camarades de classe ne le savent pas encore, mais les parents de la jeune fille vont divorcer, et Nazuna devra quitter l'école et la ville pour suivre sa mère. Loin de tous ces premiers désordres amoureux, le reste de la joyeuse bande commence à se passionner pour cette journée qui doit se clôturer par un feu d'artifices. Mais une question les divise : les feux d'artifices sont-ils plats ou bien ronds, lorsqu'on les observe de côté ?

Shunji Iwai fait ses débuts à la télévision en 1988 et, tout en développant en parallèle ses autres talents artistiques (romancier, photographe…), s’y fait de plus en plus remarquer en signant des épisodes de drama et divers téléfilm. Le point culminant sur le petit écran qui contribuera à son passage au cinéma sera le téléfilm Fireworks réalisé et diffusé sur Fuji TV en 1993. 

L’adolescence apparaitra souvent en flashback sous forme de paradis perdu et innocent dans ses films à venir comme Love Letter (1995) et April Story (1998). Fireworks permet donc d’illustrer l’attrait de Shunji Iwai pour l’âge ingrat « au présent » en accompagnant un groupe de collégiens le temps d’une journée. Le charme, la mélancolie voire la noirceur (pour le plus oppressant All About Lily Chou-Chou (2001) de l’adolescence pour le réalisateur viennent des premiers émois amoureux souvent inassouvis. Ici les personnages se situent dans une tranche d’âge entre l’enfance et l’adolescence ce qui rend plus maladroite l’expression de leurs sentiments. Les seuls regards à la dérobée de Norimichi (Yuta Yamazaki) nous laisse donc deviner qu’il est secrètement amoureux de sa camarade Nazuna (Megumi Okina). Il le dissimule pourtant, d’autant que son copain Yusuke (Takayuki Sorita) a exprimé plus explicitement son amour et espère faire sa déclaration à Nazuna.

Cette dernière va cependant devancer leurs attentes, pariant secrètement sur le vainqueur de leur course de natation pour l’inviter à voir les feux d’artifices avec elle. Norimichi échoue et voit la possibilité d’un moment agréable avec Nazuna s’éloigner. Ou pas. Shunji Iwai fait reposer son récit sur un « what if » qui capte à la fois la frustration de l’acte manqué et l’émerveillement de sa réussite. Cela passe par l’étude de caractères de ses personnages et l’inconséquence de leur âge. Yusuke se montre ainsi désinvolte et hésitant entre la compagnie des copains et celle d’une fille. Nazuna pour qui cette journée recèle il plus grande importance qu’il n’y parait semble aussi déterminée dans son désir de fugue que dans la résignation de son retour au foyer.

Le « what if » repose donc sur une quête aussi futile que cruciale encore ancrée dans l’enfance (les feux d’artifices sont-ils plat ou rond vu de côté ?) et celle plus mystérieuse du rapprochement amoureux qui amorce l’entrée dans l’adolescence. Légèreté, rires futiles et odyssée en miniature sont de mise pour la première où Iwai laisse entrevoir l’influence des teen movie 80’s  (Stand by me de Rob Reiner en tête, la photo bleutée façon Amblin), tandis que les silences complices et délicats premiers élans érotiques (Nazuna échangeant son kimono pour une robe derrière une barrière) transparaissent de la seconde et où là le style d’Iwai s’épanouit pleinement. Le charme suspendu et la sensualité timide de la scène nocturne de la piscine sont parfaits.

 L’esthétique du film traduit à la fois le début et la fin de quelque chose. L’atmosphère ensoleillée revêt une tonalité de fin d’été, la camaraderie totalement innocente des garçons s’achève (puisque l’un d’eux est prêt à les laisser pour suivre une fille) et l’on sait que la romance naissante entre Norichimi et Nazuna n’aura malheureusement pas de suite. L’ensemble de ces émotions contrastées culmine donc lors du fameux feu d’artifice (dans un émerveillement qui convoque Rencontre du troisième type) qui résout la grande question, et lorsque ces lumières s’estompent exprime cette idée de fin d’enfance. 

La forme est encore assez brute (le directeur photo Noboru Shinoda n’est pas encore là pour poser ses ambiances vaporeuses) mais Shunji Iwai brille déjà à faire ressentir dans un même élan l’immédiateté et le souvenir des premiers amours. Le moyen-métrage (50 minutes mais la maitrise du format court est aussi dans le sommet à venir April Story) fera sensation lors de sa diffusion, au point de bénéficier d’une sortie en salle deux ans plus tard grâce au succès de Love Letter. Son aura est si culte qu’il a bénéficié récemment d’un beau remake sous forme de film d’animation (dont je parle ici) déférent à l’original, mais sachant aussi habilement s’en détacher par son ton influencé par Makoto Shinkai et un argument plus explicitement fantastique qui rappelle La Traversée du temps de Mamoru Hosoda.

Sorti en dvd japonais et doté de sous-titres anglais 

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