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jeudi 28 mai 2020

Born on fire - Jamil Dehlavi (1987)

Born on fire est une proposition de cinéma fantastique reposant sur l'expérience mystique et sensorielle, avec pour originalité de convoquer l'imaginaire oriental et islamique. On doit le film au réalisateur pakistanais Jamil Dehlavi, ayant déjà exploré ce mélange d'allégorie et de mysticisme dans le plus politisé The Blood of Hussain (1980) qui le força à quitter le pays face au mécontentement du gouvernement face au sous-texte du récit. Le film début par la rencontre du flutiste Paul Bergson (Peter Firth) et une scientifique (Susan Crowley), tous deux victimes de phénomènes étranges.

Paul est hanté par des sonorités musicales étranges dont la source est peut-être liée à son père qu'il n'a jamais connu. La scientifique (qui ne sera jamais nommée) souffre des mêmes maux depuis qu'elle a observé une éclipse récente et constaté l'agitation de l'astre solaire. La source du mystère semble être un recoin perdu de Turquie en Anatolie, où l'éclipse a provoqué l'éruption d'un volcan et où le père de Paul a autrefois disparu. Nos deux héros s'y rendent et vos connaître des aventures extraordinaire.

Une nouvelle fois il convient de souligner la vraie originalité du film qui va mettre en lumière un antagoniste surnaturel peu vu au cinéma (si ce n'est dans le film d'horreur Wishmaster (1998) mais on ne peut pas dire que ce soit très glorieux), le djinn. Dehlavi semble lorgner sur les trips hallucinés que sont capables de proposer un Ken Russell ou un Alejandro Jodorowski mais il n'en a malheureusement ni l'imagination, ni la folie. On met d'abord sur le compte d'une bizarrerie voulue la mise en place laborieuse et notamment la prise de contact assez improbable des héros. Les défauts qui vont suivre sont déjà là, on donne par le dialogue les pistes de compréhension générale et on brode des images et situations étranges autour sans grande cohérence mais qui intrigue au moins pour un temps. Cela se gâte lors de l'arrivée en Turquie où clairement Dehlavi veut nous faire ressentir que nous quittons la civilisation, que nous passons de l'autre côté.

Les décors naturels sont envoutants, certaines images vraiment marquantes visuellement mais le liant à tout cela ne fonctionne pas que ce soit dans la seule expérience sensorielle ou les vagues velléités narratives. Les flashbacks lourdauds (la fin de l'ancienne maîtresse voilée de noir du père) finissent par éventer un rebondissement peu original (une histoire de possession et réincarnation) et certains concepts fascinants ne sont pas exploités. Ainsi Peter doit vaincre le Djinn aussi appelé Master Musician en maîtrisant les arcanes mystiques de sa flûte. Déjà la bande-son est bien pauvre en exploitant le même leitmotiv oriental et surtout il n'y a jamais, ou alors très pauvrement, de mariage entre images et musique pour convoquer les forces occultes et ancestrales aux sons de la flûte.

Il y a quelques sursauts de scènes dérangeantes mais cela reste trop décousu pour convaincre alors que l'ambiance est pourtant là et ne demande qu'à s'emballer. Le rythme languissant finit de nous achever, sans parler des acteurs assez mauvais. Susan Crowley oscille entre apathie et roulement d'yeux frénétique tandis que Peter Firth (déjà assez tiède dans Tess (1979) son rôle le plus connu) est totalement transparent. Un décor, de jolies vignettes mais sans la fièvre et malgré cette volonté d'entrecroiser l'occulte et le sacré (les inserts d'iconographies religieuses chrétiennes et islamiques) Dehlavi n'a pas les moyens de ses ambitions.

Sorti en bluray et dvd anglais sous-titré anglais chez Indicator 

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