Il était une fois en Chine 6 : Dr Wong en Amérique - Wong Fei Hung: Chi sai wik hung see, Sammo Hung (1997)
Accompagné de son disciple Pied-bot et de Tante Yee, le
Dr. Wong Fei-Hung se rend en Amérique pour visiter une succursale de sa fameuse
clinique. A la suite d’une attaque d’indiens, Wong est frappé d’amnésie. Il est
recueilli par une tribu de peaux-rouges pacifistes. Mais alors que ses amis
tentent de le retrouver, des bandits qui terrorisent la région cherchent à
faire accuser la communauté chinoise...
Ce sixième et dernier volet de la saga Il était une fois
en Chine s’avère être une conclusion mitigée et mal-aimée. Sur le papier,
les promesses étaient grandes entre le retour de Jet Li dans son rôle fétiche,
et la présence d’un réalisateur aussi chevronné que Sammo Hung. Tout cela va
cependant grandement s’avérer être un mariage de raison. Jet Li avait quitté la
saga après le troisième volet, et plus globalement le giron de Tsui Hark et de
la Golden Harvest suite à des mésententes. Malgré quelques authentiques
réussites comme Fist of Legend de Gordon Chan (1994), Jet Li n’a pas
retrouvé ailleurs le lustre de son passage chez Tsui Hark qu’il singe d’ailleurs
péniblement dans Claws of Steel de Wong Jin (1993) et un peu plus
honorablement dans le diptyque La Légende de Fong Sai-yuk de Corey Yuen
(1993). De son côté Tsui Hark a produit un Il était une fois en Chine 4 :
La Danse du Dragon (1994) inégal mais audacieux, puis réalisé le bondissant
Il était une fois en Chine 5 : Dr Wong et les pirates (1994) avec
Chiu Man-cheuk en nouveau Wong Fei-hung. Le succès mitigé de ces deux opus fait
basculer la production de la compagnie Golden Harvest à la Win’s, faisant de ce
sixième film de la saga un mariage de raison entre Jet Li et Tsui Hark pour
retrouver les faveurs du public.
Avec un Sammo Hung aux commandes, Dr Wong en Amérique s’avère
très solide sur la forme à travers quelques joutes fort plaisantes, mais assez
boiteux sur le fond. Une première sous-intrigue montrant un Wong Fei-hung
amnésique et réfugié chez les Indiens offre un visage plus vulnérable, farfelu
et imprévisible du personnage. Le côté incontrôlable et brutal que peuvent
avoir ses aptitudes martiales dépourvues de son stoïcisme renforcent à rebours
toute la noblesse dont il pu faire preuve dans ses précédentes aventures où il
ne donnait sa pleine mesure que contraint et forcé. Malheureusement cette trame
est assez vite expédiée, en plus d’introduire des Indiens d’Amérique de
pacotille. La quête d’intégration et le racisme dont purent souffrir les
migrants chinois aux Etats-Unis constitue l’autre intrigue potentiellement
intéressante, mais les habituels rôles occidentaux caricaturaux ainsi que des
enjeux sommaires plombent rapidement l’intérêt.
Les qualités à souligner sont donc avant tout formelles,
Sammo Hung entremêlant plutôt bien l’imagerie western avec le film martial. Le
film est l’héritier d’une longue série de films tentant cette fusion entre l’Orient
et l’Occident, autant produits en Asie qu’en Europe et aux Etats-Unis (Soleil
Rouge de Terence Young, la série tv Kung-fu avec David Carradine
entre autres) sans pouvoir en sortir une réussite majeure néanmoins. Hung installe
une brutalité qui lui est coutumière, notamment envers les femmes (Rosamund
Kwan malmenée par des yankees libidineux, et même par un Wong Fei-hung
amnésique), et le film est plus sanglant que ses prédécesseurs dont les écarts
étaient plus surprenants – le Wong Fei-hung de Chiu Man-cheuk usant d’une arme
à feu notamment.
Les chorégraphies sont inventives, les coups hargneux et les
situations régulièrement périlleuses, en particulier le climax. Le problème est
malheureusement le manque d’antagonistes crédibles, forçant à étirer des joutes
face à des adversaires ne faisant pas le poids. Le combat entre Wong Fei-hung
et le grotesque chef des hors-la-loi est ainsi gâché par le jeu absurde de l’acteur
et ses capacités limitées. Dr Wong en Amérique demeure un divertissement
relativement bien conçu, mais très éloigné des ambitions et de la qualité de
ses prédécesseurs. Il sera d’ailleurs la cause d’une querelle entre Sammo Hung
et Jackie Chan, estimant que son « frère » lui avait volé l’idée qu’il
exploitera néanmoins plus tard à Hollywood dans Shanghai Kid (2000)
paradoxalement plus réussi.
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