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lundi 8 septembre 2025

Il était une fois en Chine 6 : Dr Wong en Amérique - Wong Fei Hung: Chi sai wik hung see, Sammo Hung (1997)

Accompagné de son disciple Pied-bot et de Tante Yee, le Dr. Wong Fei-Hung se rend en Amérique pour visiter une succursale de sa fameuse clinique. A la suite d’une attaque d’indiens, Wong est frappé d’amnésie. Il est recueilli par une tribu de peaux-rouges pacifistes. Mais alors que ses amis tentent de le retrouver, des bandits qui terrorisent la région cherchent à faire accuser la communauté chinoise...

Ce sixième et dernier volet de la saga Il était une fois en Chine s’avère être une conclusion mitigée et mal-aimée. Sur le papier, les promesses étaient grandes entre le retour de Jet Li dans son rôle fétiche, et la présence d’un réalisateur aussi chevronné que Sammo Hung. Tout cela va cependant grandement s’avérer être un mariage de raison. Jet Li avait quitté la saga après le troisième volet, et plus globalement le giron de Tsui Hark et de la Golden Harvest suite à des mésententes. Malgré quelques authentiques réussites comme Fist of Legend de Gordon Chan (1994), Jet Li n’a pas retrouvé ailleurs le lustre de son passage chez Tsui Hark qu’il singe d’ailleurs péniblement dans Claws of Steel de Wong Jin (1993) et un peu plus honorablement dans le diptyque La Légende de Fong Sai-yuk de Corey Yuen (1993). De son côté Tsui Hark a produit un Il était une fois en Chine 4 : La Danse du Dragon (1994) inégal mais audacieux, puis réalisé le bondissant Il était une fois en Chine 5 : Dr Wong et les pirates (1994) avec Chiu Man-cheuk en nouveau Wong Fei-hung. Le succès mitigé de ces deux opus fait basculer la production de la compagnie Golden Harvest à la Win’s, faisant de ce sixième film de la saga un mariage de raison entre Jet Li et Tsui Hark pour retrouver les faveurs du public.

Avec un Sammo Hung aux commandes, Dr Wong en Amérique s’avère très solide sur la forme à travers quelques joutes fort plaisantes, mais assez boiteux sur le fond. Une première sous-intrigue montrant un Wong Fei-hung amnésique et réfugié chez les Indiens offre un visage plus vulnérable, farfelu et imprévisible du personnage. Le côté incontrôlable et brutal que peuvent avoir ses aptitudes martiales dépourvues de son stoïcisme renforcent à rebours toute la noblesse dont il pu faire preuve dans ses précédentes aventures où il ne donnait sa pleine mesure que contraint et forcé. Malheureusement cette trame est assez vite expédiée, en plus d’introduire des Indiens d’Amérique de pacotille. La quête d’intégration et le racisme dont purent souffrir les migrants chinois aux Etats-Unis constitue l’autre intrigue potentiellement intéressante, mais les habituels rôles occidentaux caricaturaux ainsi que des enjeux sommaires plombent rapidement l’intérêt.

Les qualités à souligner sont donc avant tout formelles, Sammo Hung entremêlant plutôt bien l’imagerie western avec le film martial. Le film est l’héritier d’une longue série de films tentant cette fusion entre l’Orient et l’Occident, autant produits en Asie qu’en Europe et aux Etats-Unis (Soleil Rouge de Terence Young, la série tv Kung-fu avec David Carradine entre autres) sans pouvoir en sortir une réussite majeure néanmoins. Hung installe une brutalité qui lui est coutumière, notamment envers les femmes (Rosamund Kwan malmenée par des yankees libidineux, et même par un Wong Fei-hung amnésique), et le film est plus sanglant que ses prédécesseurs dont les écarts étaient plus surprenants – le Wong Fei-hung de Chiu Man-cheuk usant d’une arme à feu notamment. 

Les chorégraphies sont inventives, les coups hargneux et les situations régulièrement périlleuses, en particulier le climax. Le problème est malheureusement le manque d’antagonistes crédibles, forçant à étirer des joutes face à des adversaires ne faisant pas le poids. Le combat entre Wong Fei-hung et le grotesque chef des hors-la-loi est ainsi gâché par le jeu absurde de l’acteur et ses capacités limitées. Dr Wong en Amérique demeure un divertissement relativement bien conçu, mais très éloigné des ambitions et de la qualité de ses prédécesseurs. Il sera d’ailleurs la cause d’une querelle entre Sammo Hung et Jackie Chan, estimant que son « frère » lui avait volé l’idée qu’il exploitera néanmoins plus tard à Hollywood dans Shanghai Kid (2000) paradoxalement plus réussi. 

Disponible en bluray chez Metropolitan

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