Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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samedi 30 août 2025

La Voie du serpent - Hebi no michi, Kiyoshi Kurosawa (2025)

 Albert Bacheret est un père dévasté par la disparition inexplicable de sa fille de huit ans. Alors que la police semble incapable de résoudre l'affaire, il décide de mener sa propre enquête et reçoit l'aide inattendue de Sayoko, une énigmatique psychiatre japonaise. Ensemble, ils kidnappent des responsables du "Cercle", une société secrète. Mais chaque nouvel indice mène à un nouveau suspect qui présente toujours une version différente des faits... Obsédé par la vérité, Albert va devoir naviguer entre sa soif aveugle de vengeance et une infinie spirale de mensonges.

La Voie du Serpent est la seconde réalisation de Kiyoshi Kurosawa en France après Le Secret de la chambre noire (2016). Ce dernier, envoûtant formellement lorsqu’il ne misait que sur les atmosphères inquiétantes chères au réalisateur, péchait grandement dés lors qu’il se reposait sur une intrigue laborieuse ne sachant s’approprier les particularismes français de son récit. La Voie du Serpent malgré cette nouvelle délocalisation se situe dans un habile entre-deux puisqu’il s’agit du remake de Le Chemin du serpent, réalisé par Kurosawa en 1998. Le réalisateur, bien que n’ayant pas signé le scénario de la première version (que l’on doit à Hiroshi Takahashi), se trouve davantage en terrain familier qu’avec Le Secret de la Chambre noire.

Sans vouloir jouer au jeu des sept erreurs, le principal atout de ce remake repose sur la nature incertaine de ses enjeux, personnages et intrigues. L’épure déjà existante dans le film original se trouve renforcée ici en éliminant les éléments typiquement japonais sans pour autant les remplacer par leur équivalent français. Les antagonistes yakuzas, menace identifiée et familière pour les nippons laissent ici place à une société secrète dont la réelle existence est questionnée pendant très longtemps durant la quête de vengeance d’Albert (Damien Bonnard). Alors que l’inquiétante étrangeté de Kurosawa investissait des environnements et problématiques typiquement français dans Le Secret de la chambre noire (avec cette vieille demeure familiale et ses problématiques administratives), le réalisateur vide au contraire ce cadre français de sa substance locale. Ruelles désertes, intérieurs intimes neutres, usines désaffectée et terrains vagues sinistres constituent l’essentiel des décors et participe, avec la menace nébuleuse, à faire du cadre du récit un véritable espace mental faisant office de béquille psychique et d’exutoire au héros. Le Memento de Christopher Nolan n’est pas loin, mais Kurosawa n’a pas besoin de l’artifice d’une narration inversée pour produire cette confusion.

L’ennemi invisible que poursuit Albert s’inscrit à la fois dans la vérité de faits divers récents, mais aussi une forme de fantasme complotiste qui ne peut s’incarner que dans la réalité alternative que semble proposer le film. Dès lors l’acolyte japonaise incarnée par Kō Shibasaki participe à cet entre-deux. On peut la voir comme un mauvais génie, participant à cette idée de béquille psychique contribuant à remobiliser Albert lorsque sa détermination vacille, quand ses certitudes sont ébranlées. Le jeu opaque de l’actrice et son français tout à fait compréhensible mais monolithique (et sans doute appris phonétiquement pour les besoins du rôle) sont des atouts majeurs pour appuyer cette idée. Parallèlement, la fébrilité dégagée subtilement par ses expressions et même la froideur de ses actions les plus radicales laissent supposer un personnage plus incarné, mais exprimant différemment ses fêlures qu’un Albert dont les troubles s’exposent à livre ouvert. Les révélations progressives la concernant renforceront ce sentiment. Kiyoshi Kurosawa livre donc là un thriller captivant, maîtrisé et ambigu dont il a le secret, rendant universelle l’angoisse latente de ses films japonais. 

En salle le 3 septembre 

mercredi 27 août 2025

Les Étrangleurs de Bombay - The Stranglers of Bombay, Terence Fisher (1959)

En Inde, à la fin du XIXe siècle, une secte d'étrangleurs appelée les Thugs est la source d'enlèvements, de meurtres et de mutilations de voyageurs qui traversent les régions du pays sous leur influence. Les actes violents perpétrés par les membres de la secte ont pour but d'offrir des sacrifices rituels à la déesse indienne Kali. Un régiment britannique se lance alors aux trousses des tueurs, afin de les mettre hors d'état de nuire.

Les Étrangleurs de Bombay est une production Hammer s’appuyant habilement sur une réalité historique pour installer son récit à suspense. En l’occurrence il s’agit ici de la lutte de l’Empire colonial britannique contre la secte des Thugs en Inde. Certains éléments, comme l’introduction didactique ou encore l’épilogue citant de véritables officiers britanniques ayant dirigé cette lutte, tendent à inscrire le film dans une certaine véracité. Il n’y a par exemple aucune dimension explicitement fantastique ou d’éléments pulps qui feront plus tard le sel du nettement plus extravagant Indiana Jones et le Temple Maudit de Steven Spielberg (1984) mettant aussi en scène les Thugs.

Sans forcément aller jusqu’à lui attribuer un réalisme documentaire, les rituels et exactions de la secte correspondent dans les grandes lignes à ce que l’on sait de leur culte vénérant la déesse Kali. Terence Fisher prend le même soin dans la description du quotidien colonial. Le Capitaine Harry Lewis (Guy Rolfe), lui-même déconsidéré et déclassé dans le corps de l’armée malgré ses aptitudes, est ainsi par ce biais le plus préoccupé et en empathie envers la population locale. C’est lui qui, dédaigné par sa hiérarchie, finit par comprendre l’influence des Thugs en étant le confident de ses amis autochtones lui rapportant les enlèvements et disparitions mystérieuses parmi leurs proches. 

Le clivage de classe typique de la société anglaise se prolonge dans ces contrées lointaines et en mettant au ban le seul protagoniste bienveillant et ancré localement, empêche un individu tout en plaçant une communauté sous la menace des Thugs. Le scénario exprime frontalement la seule raison d’être du colonialisme, celle d’exploiter les ressources et une population à des fins capitalistes, générer des profits East India Company. Ce n’est que quand le profit commencera à être menacé que les lignes bougeront quelque peu.

Fisher étend son étude au système de caste indienne, l’absence d’entraide des locaux face à la menace s’y heurtant. Les plus pauvres en subissent les conséquences, tandis que les Thugs infiltrés sont issus des hautes castes. Il y a une certaine ambiance paranoïaque qui en découle et fonctionne assez bien, évitant le racisme sous-jacent (même si jouant sur cette tonalité pulp) que l’on pouvait malgré tout ressentir devant Indiana Jones et le Temple maudit malgré ses évidentes vertus divertissantes. Cette rigueur historique rend le film prenant, mais en freine parfois les pures vertus de frayeur. Terence Fisher tire son épingle du jeu par une violence surprenante, toute en sadisme et imagerie macabre. Les tortures inhérentes au culte de Kali et leurs conséquences sont dépeintes avec une frontalité à peine atténuée par les ciseaux de la censure anglaise horrifiée par le premier montage. 

Yeux crevés au fer rouge, tranchage de membres, découvertes de cimetières clandestins, rien ne nous est épargné et Fisher lui-même se surprendra à constater qu’il a sans doute eu la main lourde. La photo d’Arthur Grant s’équilibre entre les clair/obscur stylisé des scènes nocturnes inquiétantes, et des séquences diurnes rendant la moiteur palpable – même si de toute évidence le film n’a pas été tourné en Inde et que les extérieurs sont parcimonieux. Malgré une conclusion un peu trop expéditive, c’est en tout cas ce qui fait le sel de cette production gardant juste ce qu’il faut du cinéma d’exploitation pour privilégier une authenticité louable.

Sorti en bluray anglais sous-tiré anglais chez Powerhouse 

lundi 25 août 2025

L'Attaque du fourgon blindé - Money Movers, Bruce Beresford (1978)

Réputé pour sa sécurité infaillible, la société de convoyeurs de fonds Darcy vient pourtant de subir un violent braquage. Une lettre anonyme annonçant un nouveau braquage sème le trouble au sein de la compagnie. D'où viennent ces menaces ? D'un salarié modèle, d'un nouvel employé trop propre sur lui ? D'un parrain local ou d'un flic corrompu…

Parmi les nombreux classiques et films cultes issus de la Nouvelle Vague australienne, le polar est un genre étonnamment sous représenté puisque L’Attaque des fourgons blindés fait figure d’exception dans ce beau corpus. C’est après la réalisation de The Getting of Wisdom, récit d’apprentissage féminin dans un pensionnat de jeunes filles, que naît chez Bruce Beresford l’envie d’alterner avec une œuvre plus nerveuse. Il va trouver matière avec le roman The Money Movers de Devon Minchin, publié en 1972. Baroudeur aux multiples expériences, pas toujours dans la légalité, Devon Minchin s’inspirait justement dans son roman de la période où il fut le patron d’une société de convoyeurs. L’aura trouble autour de l’auteur vient notamment du fait que quelques mois après avoir revendu sa compagnie, celle-ci fut victime d’un braquage et, bien qu’il ne fût jamais inquiété, les mauvaises langues attribuèrent l’écriture du roman à une volonté « d’alibi » explicitant son innocence.

Ce passif justifie en tout cas la rigueur documentaire, tant dans le fonctionnement que la caractérisation des personnages, avec laquelle Beresford nous immerge dans ce corps de métier. Le réalisateur s’attache là à dépeindre crûment certains pans de la société australienne. Le polar était certes absent des écrans de cinéma, mais s’inscrivait bel et bien via la télévision dans le quotidien des spectateurs locaux, notamment une série au long cours comme Homicide, diffusée entre 1964 et 1977. L’image proprette et vertueuse montrée de la police était cependant bien éloigné de la réalité du pays, rongée par la corruption et balayée de nombreux scandales. Le microcosme de la société de convoyeur reflète cela, en étant notamment composé de nombreux employés anciens fonctionnaires de police, et échoués là pour des raisons douteuses. Ce climat se ressent très vite à travers certains personnages authentiquement véreux le policier Sammy Rose (Alan Cassell) en charge de l’enquête sur les braquages, d’autres bannis et piégé au contraire pour leur probité tel Dick Martin (Ed Devereaux), et certains à cause de leurs mœurs comme Jack Henderson (Bud Tingwell), homosexuel.

Sur ce dernier point, le film allie parfaitement sa nature de polar hard-boiled à une certaine problématique masculiniste australienne. Plusieurs films de l’époque dépeignent le climat d’isolation et de solitude stimulant un climat de virilisme débouchant sur des excès de violence où le refoulé gay n’est jamais bien loin. Un film comme Réveil dans la terreur de Ted Kotcheff est emblématique de cela, tout comme les Mad Max de George Miller et Bruce Beresford abordera en partie le prisme historique dans Héros ou Salopards (1980). Ce surplus de testostérone mal dosée installe une atmosphère tendue, toute en intimidation physique, langage ordurier et machiste, via laquelle il est difficile de s’attacher à un personnage. La paranoïa ambiante tient à la menace d’un braquage du centre de dépôt, la possibilité d’un tel acte ne pouvant venir que d’un employé aux noirs desseins. Ce sera bien le cas mais la minutieuse et efficace étude de caractère de Beresford rend la question plus complexe.

L’empathie difficile vient de sa soumission de tous les protagonistes aux pans les plus abjects du système. Les braqueurs infiltrés expriment cette veine machiste évoquée plus haut (notamment lorsque le personnage de Brian Jackson (Bryan Brown) affirme n’avoir aucun scrupule à abandonner sa femme une fois le butin acquis), mais sont également acteurs et victimes d’un capitalisme carnassier. Démasqués dans leur plan, ils vont devoir en faire profiter un parrain local tout comme une petite entreprise subirait l’OPA hostile d’une grande corporation - le raffinement recherché par les mafieux les rapprochant d’ailleurs de magnats de la finance. Cette logique sans scrupules intervient à toutes les strates : le chef syndicaliste fait partie des braqueurs et usera de ses prérogatives lors du méfait, l’attachant et gauche convoyeur Leo Basset (Tony Bonner) s’avérera un espion mandaté par les assurances, et lui-même sera manipulé par une jeune femme n’hésitant pas à user de ses charmes.

L’écrasement de l’autre la masculinité et/ou le pouvoir de l’argent se caractérise dans le film par une violence sèche et décomplexée. Tout est bon pour impressionner et effrayer par l’intimidation physique (Brian Jackson jouant les cow-boys pour corriger des voleurs de voiture), soumettre l’autre par la torture – éprouvante scène de coupage d’orteils – et en définitive obtenir son dû par la gâchette facile. Bruce Beresford se montre particulièrement inspiré pour filmer les empoignades nerveuses dans des chorégraphies chaotiques. Les impacts sont brefs, sanglants et douloureux durant des gunfights cherchant l’urgence plutôt que l’emphase, notamment durant un climax explosif et étonnamment confiné. 

Avant l’explosion finale, le montage alterné accompagnant tous les protagonistes fait monter la tension avec brio. Le miroir sans doute trop crû tendu à la société australienne suscitera l’échec public et critique du film, prenant au pied de la lettre ses provocations. L’Attaque des fourgons blindés a heureusement depuis gagné ses galons cultes (on peut soupçonner un Nicolas Boukhrief de l’avoir vu pour son excellent Le Convoyeur (2003) d’autant que le Beresford est sorti en VHS dans les années 80 et aurait pu passer sous les yeux de l’ancien rédacteur de Starfix) et mérité la place qui lui est dû, celle d’un grand polar. La carrière australienne de Bruce Beresford, loin de sa période hollywoodienne plus convenue, regorge décidément de trésors.

Sorti en blura français chez Badlands

dimanche 24 août 2025

À toute épreuve - Lashou shentan, John Woo (1992)

 Un flic qui perd son coéquipier lors d’une fusillade avec des trafiquants d’armes part en mission pour les arrêter. Afin de se rapprocher des chefs du réseau, il s’associe à un policier sous couverture qui travaille comme tueur à gages.

Malgré un succès plus mitigé à Hong Kong, The Killer (1989) est véritablement le film qui établit la renommée internationale de John Woo. Les sirènes hollywoodiennes se font alors de plus en plus insistantes et après l’échec d’Une balle dans la tête (1990), une de ses œuvres les plus personnelles, puis la récréation de Les Associés (1991), John Woo envisage enfin l’exil. À toute épreuve est donc pensé comme un véritable feu d’artifice final, ainsi qu’une carte de visite démontrant son savoir-faire aux studios hollywoodiens.

Le projet apparaît donc comme moins cathartique et romanesque que Le Syndicat du crime (1987), The Killer et Une balle dans la tête. Le scénario reprend des archétypes de différents sous-genre du cinéma d’action hongkongais, sans pousser leur logique émotionnelle jusqu’au bout d’autres films emblématiques. Il y a des éléments d’heroic-bloodshed mais sans avoir installé une amitié aussi intense que celle des œuvres précédentes de John Woo. On trouve aussi des bribes de film de « flic infiltré » mais résultant d’une édulcoration du scénario (le personnage de Tony Leung Chiu-wai devant être bien plus sombre initialement) qui fait par intermittences vaciller la cohérence dramatique de l’ensemble. Les coutures certes grossières tiennent autour de la raison d’être de À toute épreuve, ses trois énormes morceaux de bravoures : la maison de thé en ouverture, la confrontation dans l’entrepôt et le monumental climax de l’hôpital.

Malgré ce scénario presque prétexte, on reste admiratif devant le talent de John Woo qui en misant sur le charisme de ses acteurs, et par une mise en scène sensitive parvient à nous impliquer dramatiquement. Les émotions contradictoires exprimées par le visage Tony Leung avant d’abattre son boss (et maintenir sa couverture) instaurent une intensité rare, plus tard le détail des roses blanches permet à Teresa (Teresa Mo) d’identifier son messager, l’impitoyable homme de main incarné par Philip Kwok est capturé dans toute sa férocité et humanité finale avec peu de mots de façon crédible. Chow Yun-fat transcende quant à lui le cliché du flic dur à cuire (souligné par le titre anglais Hard-Boiled) par un jeu plus nuancé qu’il n’y paraît, apportant une douceur inattendue au milieu du chaos (la berceuse chantée au bébé en plein gunfight). Même ceux caractérisé à plus gros traits comme le génial Anthony Wong en marchand d’armes sanguinaire sont tellement habités que tous les excès passent – même si Wong ne manquera pas de dire le plus grand mal de sa collaboration avec John Woo (plus préoccupé par l’action que la direction d’acteur) durant les années suivantes.

Néanmoins on retrouve thématiquement cette notion d’amitié, de culpabilité et de revers d’une même pièce à travers les personnages de Tequila (Chow Yun-fat) et Tony (Tony Leung Chiu-wai). Le jusqu’auboutisme de leur action les poussent à sacrifier malgré eux des collègues, ce qui provoque chez chacun une forme différente et complémentaire de culpabilité. Tony s’enferme dans une noirceur autodestructrice et sacrificielle en faisant un être réellement torturé, préparant le terrain au personnage plus complexe que Tony Leung Chiu-wai incarnera dans Infernal Affair (2002). A l’inverse, les émotions semblent plus contenues et ne se manifestent que dans l'action casse-cou pour Tequila extériorisant par le mouvement cette quête de rédemption. C'est certes pas aussi fouillé que dans d’autres John Woo, mais bel et bien présent, contribuant à faire de À toute épreuve un film incarné et dépassant le statut de démo technique.

Les scènes d’action sont parmi les plus virtuoses de la carrière de John Woo. Le gunfight dans la maison de thé est une extension et perfection de ceux en lieux clos ouvrant Le Syndicat du crime et The Killer, par sa lente montée de tension puis son explosion. Il y a d’ailleurs un crescendo en termes d’environnement, d’assaillants et d’enjeux entre les trois scènes. La pyrotechnie extraordinaire entre cascades véhiculées, coups de feu et explosions dans l’entrepôt est un véritable ballet de chaos ne perdant jamais de vue sa dimension émotionnelle. La longue scène de l’hôpital est le moment le plus marqué « carte de visite ».  La découverte du repère du méchant lorgne sur James Bond, la prise d’otage, les civils menacés et l’urgence du siège armé paie son tribu à Piège de Cristal (1988) tandis que la dextérité surhumaine des personnages avec un fusil à pompe et les dégâts infligés sont un clin d’œil à Terminator 2 (1991). 

John Woo est aussi à l’aise pour plonger caméra à l’épaule dans un déluge de verre brisé, que d’accompagner par des travellings véloces des duels armes au poing lorgnant plus que jamais vers le wu xia pian – le long mano à mano entre Tony Leung et Philip Kwok. Enfin, il pose les tables du jeu vidéo FPS (le premier opus de la saga Doom sort l’année suivante en 1993), le temps d’un sidérant plan-séquence accompagnant l’avancée déterminée de Tequila et Tony décimant à tour de bras la multitude d’adversaires surarmés.

En ces heures de pré-numérique, ce morceau de bravoure n’a rien perdu de sa puissance destructrice et emporte tout sur son passage. On préférera certes d’autres John Woo pour le supplément d’âme et d’émotion, mais difficile de bouder ce spectacle d’un maître en pleine possession de ses moyens. 

Ressortie en salle le 27 août