Le colonel Stok, un agent des services soviétiques responsable de la sécurité du Mur de Berlin, semble vouloir passer à l'Ouest, mais les preuves sont contradictoires. Stok demande aux Britanniques de prendre en charge l'opération et demande à ce que l'un de leurs agents, Harry Palmer, le fasse sortir clandestinement de RDA.
Ce deuxième volet de la trilogie Harry Palmer, Mes Funérailles à Berlin constitue un parfait équilibre entre la paranoïa du premier Ipcress Danger immédiat et la folie furieuse du troisième, Un cerveau d'un milliard de dollars, orchestré par Ken Russell. C'est celui des trois qui donne le plus dans l'espionnage classique, à travers une intrigue sur fond de passage à l'Ouest, d'anciens nazis et de trésor de guerre. On pouvait craindre un épisode moyen avec la présence derrière la caméra de Guy Hamilton. Ce dernier fut responsable d'un bon James Bond par accident avec Goldfinger (Terence Young réalisateur des deux premiers épisodes Dr No et Bon baisers -et plus tard de Opération Tonnerre- de Russien avait assuré la pré-production et le découpage avant de se faire renvoyer par les Broccoli au moment de tourner), avant de se révéler dans toute sa médiocrité lors des trois autres épisodes qu'il fera, entre le mollasson Les Diamants sont éternels et les nullissimes Vivre et laisser mourir et L'Homme au pistolet d'or.
Ici, bien entouré par l'équipe technique du premier film (Ken Adam à nouveau aux décors, Otto Heller à la photo, ne manque que John Barry à la partition) et malgré une mise en scène assez classique et neutre (surtout en regard des expérimentations de Furie), Hamilton offre là son meilleur film. L'intrigue dépeint la mission de Palmer destinée à faire passer à l'Ouest un général russe (Oskar Homolka qui revient dans l'épisode suivant) menacé par les multiples évasions récentes de Berlin Est. Paradoxalement, l'atmosphère du film est très influencée par un des meilleur décalque d'Ipcress à savoir Le Secret du Rapport Quiller supérieur au film d'Hamilton et usant de manière encore plus oppressante de ce cadre de Berlin-Est.
Evidemment, ce point de départ nous emmène bien plus loin, à coups de rebondissements, pièges et chausse-trappes divers remarquablement orchestrés. Pourtant, tout cela nous est narré sur un tempo nonchalant, marqué par la personnalité de Michael Caine. Les aspect atypiques du premier film se retrouvent ici entre la description très terre à terre des services secrets (le service fausse identité quasi artisanal) ou un Harry Palmer toujours plus désabusé. Alors que sous la décontraction d'un Bond, un vrai patriote demeure toujours, Palmer lui, se révèle juste un professionnel qui effectue des missions en rechignant (la fin d'Ipcress l'a mis en position de faiblesse face au service et il récolte divers sales boulots) et sans passion. Son ingéniosité n'en est que mieux soulignée et il faut attendre les dix dernières minutes pour un semblant de scène d'action.
Sinon, tout le film est une immense partie stratégique entre les services soviétiques, anglais et israéliens dont les enjeux se dévoilent peu à peu. L'humour pince froid est omniprésent avec un Caine impérial, que ce soit face aux agents berlinois outrés de le voir recruter les plus grands escrocs de la ville pour ses tractations, ou ce savoureux moment où Palmer a cet échange fort spirituel avec une créature au décolleté à la profondeur abyssale.
- Elle : You’re from England ? I love England !
- Palmer (le regard concupiscent) : And England loves you !
Les acquis et innovations d'Ipcress se fondent donc dans un aspect plus conventionnel sans être désagréable, avant que Ken Russell ne fasse tout voler en éclats avec l’épisode suivant totalement azimuté.
Disponible en dvd zone 2 français chez Paramount
Bande annonce
Et petite curiosité un court making of promo d'époque sur le tournage du film
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