James Bond fait le
tour du monde pour retrouver Ernst Stavro Blofeld, responsable de la mort de sa
femme. Bond le retrouve et le jette dans une mare bouillante, croyant l'avoir
tué. Bond retourne en Angleterre et apprend que des diamants sud-africains
disparaissent. Il se rend aux Pays-Bas pour rencontrer une certaine Tiffany
Case, qui est censée le renseigner, et il part avec elle pour Las Vegas.
Au service secret de Sa Majesté (1969) s’avérera avec le temps le sommet artistique de la saga
mais rencontrera à sa sortie un succès bien plus mitigé que les épisodes de
Sean Connery. L’introduction d’un nouvel interprète et son incarnation d’un
Bond plus vulnérable ainsi que le final dramatique semble avoir dérouté le
public. George Lazenby mal conseillé avait jeté l’éponge avant même la sortie
du film et les producteurs doivent donc se mettre en quête d’un nouvel
interprète ainsi que d’une orientation neuve du personnage en ce début des
années 70. Les Etats-Unis étant la principale source de revenus de la saga, le
choix est fait de rendre Bond plus américain notamment en engageant l’acteur
John Gavin pour reprendre le rôle. La United Artist va mettre le holà à ces
choix car tout ce qu’elle souhaite est le retour du fils prodigue, Sean
Connery. Ce dernier ne pourra refuser le pont d’or inédit à l’époque de 1,25
million de dollars et la promesse de pouvoir se faire produire deux films de
son choix – un seul résultera finalement de cet accord mais un grand, The Offence (1972) de Sidney Lumet.
Dès lors tout le projet se déleste des velléités novatrices
du précédent pour retrouver le ton de la glorieuse époque Sean Connery et plus
particulièrement Goldfinger (1964)
qui lança définitivement le phénomène Bond. Son réalisateur Guy Hamilton
revient donc, le scénario en offre un décalque sur de nombreux points (les
diamants substitués à l'or, l’histoire se déroulant essentiellement aux
Etats-Unis) et bien évidemment on rappelle Shirley Bassey pour le générique.
Hamilton avait miraculeusement su mélanger nonchalante élégance, sursauts de
sadisme et excentricité de tous les instants (se souvenir de la grand-mère
adepte de la mitrailleuse, du Fort Knox
chromé or du final) dans Goldfinger et rejoue la même partition en moins
inspiré dans Diamonds are forever. Le
film alterne ainsi constamment les réussites et les déconvenues. Le duo de
tueurs gay Mr Wint (Bruce Glover) et Mr Kidd (Putter Smith) apporte un mélange
de menace et d’excentricité qui donne un ton glaçant et loufoque à chacune de
leurs sinistres exécutions. Le Blofeld incarné cette fois par Charles Gray
(pourtant capable de jouer des méchants terrifiants comme dans la production
Hammer Les Vierges de Satan 1968) est plus facétieux et bien loin de la menace
glaçante que représentaient Donald Pleasence et Telly Savalas précédemment dans
On ne vit que deux fois (1967) et Au service secret de Sa Majesté.
Le film se laisse néanmoins suivre, notamment grâce à un
scénario habile qui mêle habilement de l’actualité d’alors (un camouflage de
Blofeld reposant sur la nature reclus d’un simili Howard Hughes), la
contrebande de diamants et rejoue la carte futuriste (la menace venue de l’espace
d’On ne vit que deux, la poursuite en buggy lunaire) avec un relatif panache.
Même si l’on passe un bon moment, la nonchalance de Goldfinger se mue ici en mollesse que ne parviennent pas à rehausser
les moments de tensions trop bref et sans idées. Tout est constamment désamorcé
par une distance et un humour qui annonce le pire de la période Roger Moore. Le
suspense a beau être remarquablement amené par moments (la bagarre dans l’ascenseur,
Bond coincé dans un incinérateur moments qui doivent surtout à la musique de John Barry), un bon mot de trop, une attitude décalée,
dénue l’ensemble du souffle épique qui portait pourtant des épisodes bien plus
extravagants.
Loin de l’élégance de Lewis Gilbert sur On ne vit que de fois et du punch de Terence Young dans les
premiers volets et de l’inventivité de Peter Hunt dans Au service secret de Sa Majesté, Guy Hamilton amène à peine une
certaine luxuriance dans sa capture de Las Vegas et s’avère assez poussif pour
rendre l’ensemble réellement palpitant. Sean Connery, vieillissant, légèrement
empâté conserve néanmoins cette prestance et présence animale
mais clairement sans l’implication d’antan. Quelques jeux de mots prêteront à
sourire (la rencontre avec la gironde Plenty O’Toole qui prolonge la tradition
des personnages féminins de la saga nommés dans un double sens graveleux) et l’ensemble
n’est pas désagréable à suivre notamment grâce à l’équipe artistique toujours
aussi inventive - Ken Adam qui lâche un sacré décor avec l’ascenseur argenté de
Blofeld.
Le dilemme du film se situe autant dans son ouverture que sa
conclusion. Le pré générique hésite entre l’héritage d’Au service secret de Sa
Majesté et la première période. Bond y cherche activement Blofeld comme pour
une vengeance du meurtre de son épouse à la fin du précédent, le montage
percutant et la voix off assénant agressivement « Where is Blofed »
le laisse penser avant que l’allure goguenarde et assurée de Sean Connery - absolument
pas dans le ton donc, aurait-il su jouer la vulnérabilité voulue du précédent
même s’il avait conservé le rôle ? – ne vienne gâcher les attentes. La
destruction finale de la base de Blofeld et leur ultime face à face ridiculise
définitivement la Némésis bondienne et appuie ce ton désinvolte - sans oublier une des James Bond girls les plus nunuche de la saga jouée par Jill Saint-John. Alors si l’on
est loin de la pantalonnade des deux volets suivants, l’âge d’or bondien semble
pour un temps bien révolu d’autant que Sean Connery fait ses adieux définitifs
au rôle – malgré une ultime et lucrative rechute dans le poussif Jamais plus jamais (1983) hors saga.
Sorti en dvd zone 2 français et bluray chez Fox
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