84, Charing Cross Road est une jolie adaptation du roman éponyme de Helene Hanff paru en 1970. Il s'agit d'un recueil épistolaire regroupant la correspondance qu'entretint Helene Hanff avec le libraire londonien Franck Doel durant vingt ans. Féru de littérature et ne trouvant pas à New York les ouvrages recherché, Helene Hanff trouvera l'annonce d'une librairie anglaise se proposant de retrouver des livres anciens et épuisés. La complicité, l'amitié et l'amour des livres partagés au fil des lettres avec son interlocuteur privilégié Frank Doel constituera ainsi le cœur de l'ouvrage, la correspondance s'interrompant avec le décès de Doel et la fermeture de la librairie. Le roman rencontrera un grand succès à sa sortie, prolongé au théâtre avec l'adaptation scénique de James Roose-Evans. C'est de cette version que s'inspire le film de David Jones.
Le réalisateur va au plus simple dans sa mise en scène et narration pour exprimer par l'image cette amitié épistolaire, jouant de la voix-off, du montage alterné et du dialogue face caméra au fil de la complicité progressive des deux protagonistes. C'est dans la performance inspirée des acteurs et des nuances de leur caractérisation que naîtra l'intérêt. C'est tout d'abord le choc des caractères entre l'exubérance new yorkaise d’Helene (Anne Bancroft) et la réserve anglaise de Frank (Anthony Hopkins) qui amène l'énergie au récit. Le style vif d'Helene la voit houspiller et mettre au défi avec amusement Frank de retrouver les ouvrages, ce dernier s'en acquittant et lui répondant avec une déférence polie.
David Jones développe cette idée en rendant l'environnement de chacun plus consistant au fil des échanges, que ce soit les ruelles bondées de New York arpentées par Helene ou la librairie paisible ainsi que les manoirs poussiéreux où Frank part à la chasse aux livres anciens. Tout en ne perdant jamais de vue la littérature sources de moments drôles et virulent (Helen s'emportant sur l'aberration d'une bible anglicane retraduite en latin, d'une mauvaise édition d'un volume de Samuel Pepys ou tout simplement du retard à recevoir ses ouvrages dans une impatience toute américaine), l'histoire met finalement en parallèle leurs vies personnelle et l'apport mutuel de leur relation.
Cette relation amènera les discussions sur un terrain plus trivial toujours synonyme de choc des cultures (Helene vantant les mérites de l'équipe de base-ball des Dodgers auquel Frank répond par son amour du club de football de Tottenham) et des discussions plus personnelles sur leur famille. Anthony Hopkins incarne ici un versant positif de son rôle culte à venir des Vestiges du jour (1993) de James Ivory. Sa réserve et sa façon de toujours rester sur le terrain littéraire dans les discussions pourrait le rendre distant mais au contraire la sympathie, la dévotion et l'attachement à sa correspondante transparaissent constamment et le rendent très touchant. C'est à lui qu'on doit une des plus belles scènes du film, quand plein d'espoir il observe une cliente américaine de la libraire qu'il pense être Helen. Anne Bancroft est tout aussi épatante, la mélancolie se ressentant grandement sous l'allant du personnage et sa performance lui vaudra un BAFTA de la meilleure actrice. Encore plus qu'à sa sortie, le film ramène vraiment à l'aspect précieux et sincère que pouvait représenter ce type de lien, plus difficile à imaginer à notre ère de l'échange virtuel numérique démocratisé. Une œuvre très attachante en tout cas.
Sorti en dvd zone 2 français chez Sony
Anne Bancroft est une grande actrice, je l'aime beaucoup même si on voir peu de ses films
RépondreSupprimerj'aime votre blog
Amicalmeent