Sous l'allure bon enfant, Joan Littlewood retranscrit ses expérimentations scéniques tout en rendant ses audaces moins immédiatement marquées que les kitchen-sink drama de l'époque auxquels on serait tenté d'associer le film. L'histoire dépeint le retour dans son East End londonien natal de Charlie (James Booth) après deux ans de tour du monde en tant que marin. Il souhaite reconquérir sa jeune épouse Maggie (Barbara Windsor) qu'il a quittée aussitôt marié pour son périple. Le générique du début présente dans un montage éclair le joyeux drille irresponsable qu'il fut, coureur, buveur et fêtard ce qui ne l'empêcha pas de se marier. Malheureusement pour lui Maggie ne l'a pas attendu et vit désormais avec un chauffeur de bus (Roy Kinnear) et élève sa fille de deux ans dont la parenté prête à discussion. Toute la première partie du film dépeint la redécouverte de son quartier par Charlie et sa recherche infructueuse de Maggie.
Joan Littlewood nous donne à voir ce Londres changeant du début 60's, les anciennes maisons de brique détruite pour laisser place à d'imposante barre d'immeuble. Plutôt que de s'attarder sur la nostalgie ou une vision négative de cette modernité, la réalisatrice nous montre dans ce retour au pays une Angleterre cosmopolite comme on la rarement vue dans les productions anglaise de cette période. On a ainsi une scène culte lorsque Charlie arpente les appartements de ces fameux buildings et croise divers couche de la population avec lesquels il échangent joyeusement, notamment une famille africaine avec laquelle il improvise une danse endiablée. Par ses voyages notre héros représente le pont entre cette ouverture au monde et une certaine tradition anglaise lorsqu'il retrouvera d'anciens camarades, ce qui donnera à nouveau lieu à des rencontres pittoresques et d'épiques expéditions au pub local.
Charlie oscille également entre sa belle qu'il souhaite reconquérir, les responsabilités qu'il est prêt à assumer mais aussi son tempérament immature et imprévisible qui fait son charme et son principal défaut. Joan Littlewood mêle brillamment ce côté foutraque, improvisé et réaliste issu du théâtre et une vrai mise en scène de cinéma porté par des cadrages dynamique, des mouvements de caméra qui mettent en valeur le décor mais aussi la loufoquerie des protagonistes (l'expédition en marche militaire vers le pub). C'est une manière d'opposition avec le train de vie désormais plus plan plan de Maggie avec son époux, la réalisatrice se montrant subtil en en faisant à la fois un cadre d'ennui domestique mais aussi de respiration bienvenue face à la dinguerie de Charlie. Le ton sautillant de l'ensemble n'empêche pas une vraie profondeur mais évite complètement la sinistrose d'un kitchen sink drama, notamment le cafardeux Un amour pas comme les autres de John Schlesinger sorti l'année précédente.
L'alchimie fonctionne idéalement avec James Booth, tout en moments tendres maladroits et bons mots complice notamment la très belle scène des premières retrouvailles au pub. Très plaisant donc et si subtilement mené que l'issue reste incertaine jusque dans les derniers instants, sans qu'un choix constitue forcément un happy-end ou un drame d'ailleurs. Une tranche de vie cockney (dont le respect du slang en fera la première production anglaise sous-titrée lors de sa sortie au Etats-Unis) qui met de bonne humeur.
Sorti en dvd zone 2 anglais et bluray anglais, et doté de sous-titres anglais (indispensable pour cause de langage cockney ardu à saisir)
Pour les anglophones un entretien rétrospectif récent sur le film avec Barbara Windsor
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire